Histoire
Kayenne ne se souvenait pas de sa terre natale. Seulement de quelques vagues images : Des laguz comme elle, l'entourant, lui souriant. Les vallées infinies d'un vert tendre, l'air aux gouts de fleurs , la couche qu'elle partagée avec ces parents , leurs chaleurs qui l'entouraient ...
Les prunelles d'or de son père. Le pelage blanc de sa mère.
Mais aucun nom... aucun son ne lui revenait...
Puis, il y eu le départ. La traversée de cette grande étendue bleue au goût salé alors qu'elle devait être âgée de 5 ou ... 6 ans.
La peur constante de tomber dans ces eaux glacées. Ses parents qui tentaient de la rassurer. Leur excitation quant à cette nouvelle vie qu'ils espéraient sur ce continent inconnu. L'impatience d’arriver, les projets d'avenir qui se paraient de merveilleux dans la bouche de son père. Les autres compagnons de voyages qui racontaient des histoires sous la lumière de la Lune blanche.
Le voyage long ... si long...
Puis la nuit ou le vent hurlait sa rage. Les vagues qui prenaient des envergures de monstres.
Le froid et le sel qui piquaient son pelage.
La peur, l'angoisse, les cris.
Puis ... le choc brutal de l'eau glacée qui s'infiltre partout en elle, remplissant ces poumons, flouant sa vue alors qu'elle griffait ces vagues qui emportaient tout sur leurs passages. Ses miaulements effrayés, ces appels qui restaient sans réponse alors que l'embarcation disparaissait sous ses pieds.
Ses forces qui se perdent jusqu'à ce qu'elle finisse par se laisser couler, épuisée et paniquée.
Dans cet univers aqueux et sombre, la féline essaye de retrouver la surface mais son corps est tétanisé. Elle ne sait pas où sont ces parents ...
Elle s’enfonce dans cet océan , fermant les yeux pour ne pas voir la mort arriver ...
Alors que la vie la quitte, la petite laguz sent quelque chose de chaud lui attraper la main et la tirer.
Le silence disparait quand elle se retrouve hors de l'eau, sur une surface dure et froide. Le fracas des vagues, le grondement sourd de l'orage et les cris de sa mère l'appelant par son prénom morphissien ... écho incompréhensible que Kayenne ne retrouvera jamais.
Elle ne se rappelle rien de plus de ce naufrage.
Au petit matin, quand le soleil éclaire l’horizon, la mer est calme. Le continent tant espéré n'est plus très loin. L'enfant laguz se redresse, toujours effrayée d’être sur l'eau mais rassurée de voir que les vagues se sont apaisées. Sa maman est calme aussi. Son corps est froid, ces yeux clos , ses lèvres bleues et ... elle ne bouge pas.
Kayenne essaye de la réveiller, cri, appelle, fait tanguer la planche de bois à force de secouer le corps inerte de sa mère jusqu'à ce que le radeau de fortune ne chavire, projetant les deux corps dans l'eau.
Kayenne ressort à la surface, s'accrochant à la planche, cherchant du regard sa mère qu'elle ne voit pas.
En baissant les yeux, elle voit le corps blanc s'enfoncer dans les profondeurs, coulant inexorablement.
La petite laguz tente de rattraper sa mère, elle n'y arrive pas, elle l’appelle, sa bouche se remplit d'eau de mer, elle tousse, s’étouffe, le monde redevient flou, sa mère s'éloigne et disparait ...
Le cœur bien trop lourd, la féline se débat pour retourner vers la surface, crevant la surface dans un sanglot douloureux.
Un pêcheur avait dû la repêcher ce matin-là. A son réveil, elle était allongée sur de la paille. Seule.
Il n'y avait eu aucun survivant cette nuit.
Les années passèrent. Incapable de retourner sur l'eau, phobique désormais de cet élément, la laguz ne put rester chez le pêcheur qui l'avait sauvé. Inutile et étrange avec son physique mi-enfant, mi-chat, le pêcheur, craignant cette chose étrange, la vendit à un couple de fermiers qui cherchait de la main d’œuvre. La petite laguz redevenait de plus en plus sauvage faute d'éducation.
Le fermier l'utilisa comme chasseuse de souris et de nuisibles pour protéger ses récoltes. Il ne voyait en elle qu'une sorte d'animal ... D’hybride effrayant. Elle devait rester dans la grange, ne souhaitant la voir approcher de sa femme enceinte et de son garçon alors âgé de 7 ans.
Mais de dures années arrivèrent pour le fermier. Sa femme accoucha d'un robuste petit garçon mais mourra peu de temps après.
Les récoltes se retrouvèrent amoindris par une météo changeante ne lui assurait plus une vie paisible. La perte de sa femme fit tomber l'homme dans l'alcool et la violence.
Il lui fallait trouver de quoi subvenir à ces besoins et Kayenne (il l'avait nommé ainsi par défaut, las de l'appeler "chose" ) devait servir d'avantage.
La petite âgée approximativement de 14 ans se retrouva donc dans des combats d'animaux ... rien d'officiel bien évidement. Ce genre de chose ne se faisait qu'en petit comité et dans le plus grand des secrets. Le fermier croyait obtenir une arme certaine avec la laguz qui, vive et agile, tuait tous les adversaires qui grondaient vers elle, bien obligée de lutter pour sa survie. Et si le spectacle n'était pas à la hauteur des écus récoltaient, le fermier devenait violent avec la féline.
Kayenne ne connaissait à présent que les coups de fouet, la douleur, les cris, les ordres et la séquestration. Le garçon du fermier venait avec ses amis la narguer, la traitant de monstre, lui jetant des pierres jusqu'à ce que la féline gronde et force la porte de la grange pour courir après les enfants terrorisés.
Le fermier sachant cela, attacha la créature dans la grange, l'empêchant de bouger en dehors des combats.
La féline ne supportait plus cette vie, cette prison. Elle devait s'enfuir.
Ces quelques tentatives se soldèrent par un échec cuisant et douloureux. Après une énième correction, le fermier, ivre , la laissa pour morte sur la paille couverte d'écarlate. La féline, dans un flou douloureux, vit que l'homme avait oublié de refermer la lourde porte de bois. Elle devait trouver un moyen de se défaire de ces liens et profiter de cette ultime opportunité pour fuir.
Se redressant tant bien que mal, la féline parvint à faire tomber une torche restée allumée sur le sol. Tendant ces poignets au-dessus de la flamme, la féline retint ces gémissements de douleur, le feu léchant le cordage et commençant à bruler sa peau. Mais elle tint bon jusqu'à ce que le feu finisse par bruler ces cordes et lui offrir la liberté tant espérée.
Rampant sur le sol, essayant de se faire discrète, la féline parvint à s'enfuir alors que la grange prenait feu, réveillant le fermier et son enfant qui tentèrent d’étouffer l'incendie en vain.
La féline se cacha dans une forêt proche. Nul ne sait comment elle survécu. Le fermier ne retrouva pas le corps de Kayenne et malgré plusieurs battues, ne sut jamais si elle avait péri ou non.
La laguz, perdue et affaiblie, partit aussi loin qu'elle put pour réchapper à ces humains.
Vivant recluse des hommes, la féline redevint sauvage, n'approchant des villes et des hommes que lorsqu'elle avait besoin d'affaires que la nature ne pouvait fournir, volant pour survivre, agressant les quelques rares téméraires qui tentaient de la chasser. A l'inverse, ces talents de prédatrice lui permettait d'obtenir de certains taverniers ou bouchers un peu d'affaire en échange, voir un repas chaud quand la féline ne se montrait pas trop agressive pour accepter.
Avec l'âge, la laguz gagnait en curiosité. Malgré l'horreur de son enfance, la féline s'osait à approcher d'avantage des humains. Pas au point de tisser un quelconque lien mais pour commencer à apprendre un peu plus de cette espèce et de sa culture.
Peut-être même un jour saura-t-elle laisser sa crainte derrière elle et oser tendre la main vers un autre humain ... peut-être.
Caractère
Petite féline effrayée, tombée dans ce monde d'humains, de guerre et de lois, a gardé toute sa sauvagerie, craignant ces bipèdes couverts de métal, vils et manipulateurs, cherchant toujours à s'accaparer les richesses de la terre et la soumettre à leurs démesures ou à soumettre les créatures qu'ils jugeaient "plus faibles".
Illettrée et sans manière ni politesse, Kayenne est tout de même une laguz maligne et débrouillarde sachant user de son agilité et de sa vivacité pour se sortir de situations compliquées.
Très curieuse, la jeune féline reste aux abords des lieux peuplés d'humains pour pouvoir voler de quoi survivre et pour apprendre des bribes de mots, d'expressions, de cultures sans pour autant se mélanger avec les hommes, fuyant ces "créatures" si elles s'osaient à trop l'approcher.
Par sa vie en pleine nature, la laguz est étrangère à la vie en société et à bien des sentiments "humains".
Téméraire, craintive, imprudente, solitaire, prompte à mordre ou griffer, Kayenne peut sembler effrayante aux premiers coups d'œil.
Pourtant derrière ce caractère de chat, la jeune laguz peut faire preuve d'une grande loyauté et de reconnaissance.
Son cœur est bien plus doux que ces griffes, bien plus tendre que ces crocs mais pour y parvenir, il faudra franchir ces barrières défensives plus hautes que les montagnes d'Oghma.