La guerre faisait rage. Les batailles s’enchaînaient sans cesse, à tel point que le quotidien n’avait jamais présenté d’augures si sombres auparavant. Même lorsqu’il n’était encore qu’un vagabond errant dans les bas fonds, Thaumiel ne s’était pas confronté à tant de violence que sur le front. A la différence qu’il lui était désormais possible de défendre ses intérêts avec la force servant ses idéaux.

Récemment nommé capitaine de la garde au vu de ses tours de force incessants, le stoïque s’était vu jouir d’une réputation grandissante. S’il n’était point du genre à s'enorgueillir des éloges faites à son sujet et encore moins à apprécier que l’attention soit portée vers lui, force était de reconnaître que sa position lui avait facilité la vie… au moins autant qu’elle lui alourdissait les épaules, menaçant de rompre sous le poids de ses responsabilités.

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Sur le champ de bataille se tenait en revanche une toute autre affaire. Implacable et terriblement efficace au combat, le capitaine tranchait l’ennemi à mesure qu’il revenait en surnombre, comme si une force inarrêtable se heurtait à un objet inamovible. Les combats, le sang, les corps vautrés dans la fange… que d’éléments à charge contre sa ténacité, laquelle menaçait de ployer à tout moment. Thaumiel n’était pas invincible.

Bientôt encerclé, ses hommes étant contraits de se défendre face à leurs propres adversaires, l’ennemi eut bien compris l’ampleur de la menace représentée par le capitaine, faisant de lui une cible prioritaire. S’ils parvenaient seulement à le capturer, un coup fatal serait alors porté aux forces de l’alliance.

Mais encore faudrait-il parvenir à lui faire ployer le genou.

Méthodique et impitoyable, l’homme à la placidité n’égalant que son talent à l’épée semblait tout voir venir. Pour cause, ce don inné dont il ne connaissait pas la provenance lui permettant de prévoir les coups, comme s’il voyait directement dans l’avenir. Ainsi, difficile de le toucher et encore plus de résister au courroux de sa lame.

Mais bientôt, et ce malgré le sol jonché de corps, le bretteur se vit forcé d’arriver à ses limites. Foudroyé dans un angle mort par un mage ayant jugé bon de le contourner, ce fut un puissant éclair qui vint percuter le dos du capitaine, projetant ce dernier au sol sous la violence du choc. Et s’il tenta de se redresser rapidement, la paralysie occasionnée par la foudre permit à ses adversaires de le maîtriser.

Thaumiel était vaincu.

S’il n’essuyait pas la sa première défaite, il s’agissait sans nul doute de la plus retentissante, la seule qu’il jugeait vital d’éviter. La danse sanglante désormais achevée, ce fut bâillonné et menotté que le corps du bretteur fut mené dans le camp adverse, porté comme un trophée que l’on ramènerait d’une partie de chasse. Jeté aux cachots dans l’incertitude de ce qui allait lui arriver, Thaumiel fut contraint d’attendre. Attendre de voir ce que l’on aurait bien pu lui réserver, tout en se préparant à exploiter n’importe quelle faille pouvant lui permettre de s’évader.