-Un instinct de survie-

Tout porte à croire que chaque fin, annonce un nouvel horizon en perspective. L'hiver si génocidaire à la nature, laisse place à un renouveau certain qui délimite le commencement d'un nouveau cycle. Il est en est ainsi de l'ordre des choses, peut-être que pour les affaires humaines c'est réciproque, dans une moindre mesure bien sûr. Dans tous les cas, la vie est faite de changement, indubitablement, ce qui disparaît est remplacé, ce qui perdure est sans cesse fragilisé, ce qui n'est pas capable d'adaptation finit par devenir la proie. Dans les affaires humaines, ils se passent parfois des années avant qu'un évènement ne change radicalement la donne, on peut parfois vivre sans qu'aucun impact ne vienne bouleverser notre vie paisible, à l'instar d'un petit bateau de bois qu'on fait glisser sur le courant de la rivière, la vie suit son cours jusqu'à ce que notre notre bateau coule parce les années l'ont délabré.

Et parfois quelqu'un ou quelque chose provoque l'embrasement...

Pour comprendre ce point de vue et l'expliquer à de jeunes enfants, il existe un conte faerghusien, disons que pour le simplifier quelque peu, il y a plusieurs petits bateaux de bois qui naviguent, c'est peut-être là l'inconvénient des relations humaines, mais ironiquement, un seul bateau vint à succomber et à faire vite naufrage s'il n'a pas de partenaires qui voguent sur les flots avec lui. Le problème d'un embrasement, c'est quand un navire prend ainsi feu, il laisse dans son sillage des flammes vacillantes et dévorantes qui aiment alors se propager, et d'un coup d'un seul, chaque bateau qui naviguait alors paisiblement s'embrase, seulement ce n'est pas dans la nature de ces bateaux de périr ainsi, une sorte d'instinct les commande de se maintenir à flot, quoiqu'il en coûte. Alors les petits bateaux, pillent d'autres navires eux-mêmes en feu, dans l'espoir de sauver des flammes assez de matériaux pour réparer leur propre petit bateau. La morale de cette histoire "à la fin d'un embrasement, vous êtes peut-être encore en vie, mais vous vivez sur les ossements de ceux qui ont péri".

Seliph ferme son livre, non sans un soupir long et empli d'un sentiment d'amertume. Il grand temps pour lui de poursuivre sa route, il range son livre dans la sacoche accrochée au flanc d'un cheval, la pause est officiellement terminée décrète t-il, lui et sa troupe se remettent alors en marche et descendent progressivement, s'approchant de la frontière Sud du Royaume. Ce jeune noble, missionné par les autorités farghussienne entend bien mener sa tâche à bien, soutenu par une troupe aguerri et armé, l'étendard du Saint-Royaume flotte au dessus de leur tête, et pour un patriote comme Seliph c'est toujours une fierté de voir ce lion majestueux orné sa bannière.

Soudain, sortit des fourrés de la lisière de la forêt, un femme qui pourrait bien être un parfait assassin tant sa respiration est contrôlée et ses pas silencieux, elle pourrait être une sérieuse menace si cette dernière ne montra presque immédiatement un signe de non-hostilité à l'égard des faerghusiens, amenant les soldats sur le qui-vivent à être dans un premier temps perplexes, puis rassurés quand Seliph leurs signale de baiser les armes. En positon de tortue défensive autour de leur stratège, les soldats laissent alors passer Seliph pour qu'il puisse s'adresser à un professeur du temps de l'innocence...

-Professeur! ...(surpris) Vous êtes donc toujours en vie! Je vois que l'Eglise peut toujours compter vous. Je me disais qu'une dame de votre trempe ne pouvait avoir succomber à cette guerre.....oui pas mal de choses ont changé professeur, mais vous ...vous n'avez pas pris une ride. dit-il avec un petit sourire en coin.

Elle n'avait pas tord, Seliph avait pris quelques centimètres depuis 4 ans, mais à ses dépens il ne dépasse pas les 172 cm, ce qui le rend toujours aussi petit à côté des jeunes hommes de l'académie de son époque.

-Cependant je ne commande pas vraiment, disons que cette escouade m'est affilié par les autorités de mon royaume pour divers missions. Je n'outrepasse pas mes prérogatives, professeur.

Il ne pouvait pas le voir, mais son second émis un sourire de désapprobation avant de lever les yeux au ciel. Il salua de la tête, en signe de déférence Shamir, avant de retourner s'occuper de la garnison, laissant seul l'élève d'autrefois avec son ancien professeur.

La question qui suivit laissa un rire sourd se perdre dans une expiration un peu brutale, celle qui semblait être une amazone sortit de sa jungle,
préférait prévenir que guérir, Seliph comprenait cela, à près tout elle ne faisait que son devoir et avec les temps qui court on ne pouvait pas le lui reprocher.

-Je vous rassure nous venons en paix, j'ai une missive avec moi, c'est mon ordre de mission, voyez par vous-mêmes, j'ai été officiellement sollicité afin de garantir un passage sécurisé pour un événement que l'Eglise a mis en place en l'honneur de la Saint-Cichol. En tant que stratège de l'armée, on m'a demandé d'évaluer les risques. Je suppose que vous êtes au courant, que un évènement de cet ampleur, présente des risques et disons qu'il ne faudrait pas qu'un incident conduise à un passe d'armes.   prononça t-il en tendant la missive vers Shamir.

-Sans vouloir manquer de respect, je trouve cela insensé que l'Eglise rouvre ainsi le contact avec les trois nations, je n'ai pas eu confirmation que les armes étaient interdites ou encore si les Adrestiens seraient disons... à part. Avez-vous des informations à ce sujet?

On ne peut pas dire qu'il y aille pas quatre chemins, peut-être a t-il héritier du franc parlé de son professeur, quoiqu'il en soit il ne cache pas non plus l'hostilité envers l'Empire.

La fin de l'innocence
                     
De tous ses professeurs, Shamir était sans nulle doute la plus mystérieuse, peut-être plus dans sa façon d'être que sa personnalité, pour cela il y avait sans nulle doute le professeur Jeritza. Avec une respiration contrôlée et des pas silencieux, elle se déplace tel un félin chassant dans une étendue sauvage, est-ce par nécessité qu'elle a adopté une telle maîtrise ou est-ce un héritage de son terre natale? Seliph ne prétendait pas connaitre les épreuves qu'elle a enduré par le passé, sûrement plus dures qu'il ne pourrait l'imaginer, mais il a toujours apprécié le savoir-faire de cette ancienne mercenaire qui ne s'est pas laissée déstabiliser par les événements, et qui dit haut ce qu'elle pense.

-Argh ...

Sur le coup, il n'avait rien trouvé à dire, alors il se contenta de laisser passer cette remarque disons pédagogique  de son point de vue , elle aimait sûrement jouer encore les professeurs pensa t-il nostalgiquement, et il accepta non sans grimacé, ce qui était sûrement un consensus général. Seliph se savait parfois un peu trop informel dans la hiérarchie, son attachement à sa patrie le rendait certainement trop dévoué aux yeux des autres. Outre cela, il exposait souvent son point de vue en tant que stratège, toutes les variables en fait, de là son principal défaut revenait à prendre une décision, c'est cette spontanéité de donner un ordre qu'il visait lorsqu'il pensait à cette prérogative. Un défaut, qu'il ne l'a pas empêché d'exercer ses qualités de conseillers tactiques, tout au long de cette guerre, mais qui a transformé un jeune homme plein de doutes en quelqu'un de pragmatique et méfiant à certains égards. Pouvons t-on le lui reprocher? Qui sait?

-Ne vous méprenez pas, la tragédie de Duscur à l'époque m'avait déjà donné une vision moins étriquée du monde, je n'est cure que certains n'ont pas notre croyance, en revanche ... je ne saurais me montrer hypocrite et tolérant en mangeant à la même table que ceux qui ont tué les miens, qu'ils soient Adrestiens, Dagdiens ou d'ailleurs.

Seliph se gardait bien de réagir autrement que par la force des ses convictions, en se montrant presque intraitable sur ce sujet, qu'espérait l'Eglise? Qu'Edelgard avait abandonné soudainement ses ambitions? Qu'il fallait faire table rase du passé? Rien que cette idée, faisait bouillir de rage le jeune stratège, et il n'aimerait pas joué les faux semblant avec les ennemis d'hier, qui seront amenés à être des ennemis de demain. Voilà bien ce qui rend cette "fête" bien étrange aux yeux de Seliph, s'il y avait un espoir de reconstruction, de paix ou de pardon, peut-être effectivement qu'il se montrait plus clément, plus disposé en tout cas. Mais il ne faut pas se voiler la face, l'Empire d'Adrestia a déjà démontré sa témérité en comptant parmi ses rangs d'étranges créatures, et cette paix relative ne semble être dû qu'à un mystérieux ennemi dont on sait pas grand chose à l'heure actuelle et qui pourtant maintient et justifie le traité de paix.

-Je vois, malheureusement je ne pourrais me contenter de votre certitude, je vais devoir m'assurer de cela avant de rendre mon rapport préliminaire, ne m'en voulez pas, ce n'est pas en l'Eglise que je n'ai pas confiance... (non évidemment)...disons que  les tensions sont encore bien présentes, et même les mots sont des armes, je préfère donc que ces "individus" comme vous dites, ne soient pas disposés à répandre leurs venins.

A cet instant, Seliph se souvenait qu'à l'époque, il y avait plus de "peut-être" , de "je ne sais pas", ou de "j'ai tant encore à apprendre" dans ses propos. Mais il n'allait pas s'excuser de ce qu'il est devenu, à l'image de son prince, il s'était obscurci quelque peu, fâcheuse conséquence de la guerre.

-"Vous devez me trouver impertinent, et sans doute le pire pour envisager un jour la paix, navré professeur, je ne suis pas devenu quelqu'un de bien, et je n'accorde pas de seconde chance. J'espère sincèrement que ce conflit trouvera un dénouement qui propagera la paix en Fodlàn et pourquoi pas à ses alentours. Mais j'en doute..."

Fatalité

Seliph ne put s'empêcher de remarquer les longs soupirs de son ancien mentor, la situation semble difficile pour tout le monde, le fait de ne pas savoir de quoi demain sera fait pèse sûrement sur le moral, certes le traité signé était un accord de paix mais... n'y avait-il pas à présent cette épée de Damoclès au-dessus de chacun qui tombera dieu sait quand!? Finalement, le continent entier vit en sursis, et le jeune stratège fargussien n'a pas autant de volonté d'accorder du crédit aux Adrestiens comme semble le suggérer Shamir :

-Un rapprochement? Le fait ne pas avoir agit est déjà un parti pris en soit, ... Outre cela, l'Impératrice a déjà connu les contre-coups d'une alliance précaire, voilà ce qui se passe quand la confiance ne règne pas entre des soi-disant alliés, je ne tiens pas personnellement à démêler le faux du vrai dans les agissements des Adrestiens... Montrez-moi au moins un ancien Aigle de notre année qui se soit révolté...(*soupir) même si l'Impératrice ne fait pas l'unanimité, son charisme reste prenant apparemment... bref, ce n'est pas les vieux débris élitistes qui restent dans leurs domaines à faire de la politique qui représente le plus le changement à mes yeux...

Seliph exprima son point de vue, même si au final ce n'est pas lui qui déciderait des évènements à venir, si l'Eglise veut tenter sa chance après tout, peut-être est-ce là l'espoir de renverser la situation?
En tout cas, chat échaudé craint l'eau froide, Seliph ne pourra que conseiller à ses dirigeants d'être méfiant et prudent dans ses relations avec l'Empire. Il aimerait croire et c'est sûrement le cas, que tout les Adrestiens ne partagent pas la folie d'Edelgard et son amour de la guerre, mais pour Seliph on est toujours rattaché à sa patrie quoi qu'il advienne, et tant qu'il n'y aura pas un groupe uni se disant détaché de l'Impératrice, il considère à juste titre que le bloc est uni.

-La paix semble encore si loin, qu'en parler ne servirait à rien...J'ai perdu espoir depuis la mort du prince Dimitri et de Rhéa, même notre professeur Byleth est présumée morte,  je me raccroche aux branches et aux rumeurs pour me lever le matin, la vengeance ... (il regarde un instant ailleurs et répond après un silence lourd de sens) ... sera peut-être mon seul salut.

Il se ressaisit presque étonné d'avoir ainsi plongé dans une sorte de transe, et regarde à nouveau le Chevalier de Seiros ; il esquisse une sorte de sourire brouillon, qui semble vouloir dire qu'il est désolé,
le jeune stratège se laisse à confier une sorte de rêve.

-Nous sommes sûrement à un croisement des chemins, le sort de beaucoup comme du mien dépendra de quel route le destin prendra... Oh, professeur, je ne vous ai jamais vraiment remercié pour vos cours, alors je me permets de le faire maintenant, j'ai surement survécu grâce à quelques uns de vos conseils avisés, je suis content d'avoir eu l'opportunité de vous revoir. Avant qu'on se quitte, j'aurais aimé avoir votre point de vue également sur cette paix, je vous sais moins catégorique que moi