HISTOIRE
Le crépitement enchanteur d'un feu dévorant du jeune bois, l'odeur d'un porc enivrant les papilles des convives, le bruit de mastication énervant mais pourtant courant dans ce genre de fête ; tout semblait parfaitement normal alors que les yeux vagabonds d'un jeune curieux se glissaient un peu partout dans la pièce de cette grande maison. C'était la sienne – ou plutôt celle de sa famille, cette immense bâtisse dont il hériterait un jour avec le fameux titre de Premier ministre de ce bel Empire. Fils aîné, ou seul fils du duché Aegir. Un beau titre, une belle maison, un bel avenir...
Pourtant, à cet instant, il regrettait presque ce genre de futur alors que ses oreilles semblaient absorbées par cette fastidieuse histoire de mariage arrangé.
De ses petites mains, le jeune noble venait attraper sa fourchette, l'air encore songeur, occupé avec ses pensées qui n'avaient de cesse de prendre d'assaut son esprit. Il était simple pour un enfant de se poser de nombreuses questions sur le monde, espérant qu'un adulte lui donnerait chaque réponse qui assouvirait son désir de savoir. Cependant, le monde n'était pas fait de choses aussi simples que de répondre à des questions.
L'une d'elles était centrée sur ce mariage avec cette soi-disant Bernadetta. Ce n'était qu'un enfant, incapable de voir ce que cette alliance donnerait. On lui avait répété ces mots, mais lui se demandait encore si l'amour n'était pas plutôt le plus important dans un mariage. Et on riait de lui, lorsqu'il parlait tel un grand romantique – ou un gamin ignare. Mais il avait l'espoir que ce ne soit qu'une lubie passagère et que jamais il ne devrait se plier aux idées saugrenues de son père.
Une moue perplexe s'affichait alors sur son visage tandis qu’il fixait son assiette finement décorée de différentes viandes et légumes de saison. Non, cette moue n'était pas due à cette assiette, mais plutôt à ces questions se faufilant toujours dans sa petite tête.
D'une voix encore indécise, le jeune Ferdinand osa quémander l'attention de son père qui de son côté semblait trop occupé à dévorer son repas encore bien chaud.
« Père, qu'est ce que c'est réellement la noblesse ? »
C'était une question pure, celle d'un enfant qui apprenait en regardant, en lisant et en découvrant le monde. Pourtant, cette fois-là, sa question semblait sans réponse, puisque son père avait simplement ri aux éclats, oubliant de cacher sa bouche à l'aide de sa main, montrant alors à chaque invité ce qu'il possédait entre ses dents. C’était répugnant.
Des années s'étaient écoulées et un nouveau repas avait eu lieu. Ferdinand était encore assis à la même place, vêtu de rouge, un regard moins enfantin mais toujours des questions plein la tête. Ses yeux ne semblaient pas vouloir se poser sur son père. Depuis peu, il semblait en guérilla avec ce dernier, désapprouvant les idéaux de son géniteur, préférant se battre pour ce qui lui semblait noble et juste ; autrement dit les êtres de ce royaume, qu'importe leur titre ou leur richesse. Il voulait un monde juste et démontrer qu'un noble défendait également les roturiers.
Il n'était toujours pas très grand, ni très mature, commençant à peine ce qu'on appelait communément “l'adolescence”. Pourtant ses idées devenaient de plus en plus concrètes, au point de reconnaître que son père était en tort et qu'il avait presque honte d'être à ses côtés en cette froide soirée d'hiver. Si on lui avait demandé où est-ce qu'il aurait voulu passer la soirée, sans hésiter, le jeune noble aurait répondu au théâtre, afin d'écouter la voix enivrante de cette chanteuse d'opéra. La voix angélique de cette artiste avait su faire rêver Ferdinand et même faire vibrer le monde. La déesse elle-même serait jalouse de cette voix enchanteresse.
Une musique, une chanson, une voix ou une présence : c'était ce qu'il manquait à cette soirée. L’espoir d’avoir la grande Manuela à cette table ne serait que rêverie illusoire, cependant, il pouvait au moins espérer un jour trouver la force d’inviter quelqu’un avec la perspective d’illuminer cette pièce si terne. Dorothéa. C'était ça, la présence qui manquait affreusement à cette soirée, celle de cette jeune fille qu'il avait rencontrée dans les rues il y a peu. Comme il avait été captivé par cette dernière...
« L'empereur ? C'est un impuissant, et pas que politiquement parlant ! »
Puis son regard fut malheureusement happé par son père. Un père avide et arrogant qu'il souhaitait voir mort. Des mots durs, qu'il ne pensait pas réellement. Pourquoi diable ses yeux avaient voyagé jusqu'à cet homme, alors que ses pensées étaient occupées par autre chose de plus agréable ?
Le rire gras de ce dernier le fit soupirer alors que ses pensées agréables s'évaporaient aussi vite que les plats sur cette vaste table.
Un regard sur son père et le voilà sans appétit. Encore un repas gâché par un homme se disant noble mais ne l'étant que par son titre et en rien à ses manières.
Les années avaient encore filé et cette fois, c'était un repas bien moins coûteux où quelques invités seulement étaient présents, des proches selon son père. Ferdinand se taisait durant le repas alors qu'une étrange sensation d'impatience le prenait, car il savait qu'aujourd'hui serait son dernier souper ici avant bien longtemps. Il quitterait ensuite les terres de son père de manière à devenir quelqu'un de bien différent, grâce à l'Académie des officiers du monastère Garreg Mach.
Un étudiant, un combattant ayant rejoint les aigles de jais pour sa 17ème année. Il y allait confiant, l'espoir se lisant dans ses yeux naïfs de jeune noble, bien qu'il savait que son côté compétitif prendrait parfois le dessus, étant incapable de se laisser abattre face à la force de ses camarades.
Triturant nerveusement son assiette, ses pensées du soir venaient doucement à changer, lui rappelant des moments spécifiques de sa vie, dans ce royaume qu’il quitterait. Que ce soit les moments agréables, comme ses allées et venues à l’opéra pour entendre cette chanteuse qui apprivoisait les âmes des spectateurs, ou de sa rencontre avec cette roturière qu’il qualifiait positivement. De l’inquiétude durant son premier jour d'entraînement, comparé au dernier qu’il avait su gagner avec facilité. Sa vie serait bien différente loin d’ici, et avec de l’espoir il en apprendrait davantage sur le monde mais également sur lui, dans l'intention de devenir un duc respectable, capable d’aider chaque personne en ce monde.
Il voulait être parfait, mais pourquoi diable ? Lui-même semblait ne pas le savoir, c'était encore une question sans réponse qui avait envahi sa pauvre tête après le banquet. S'installant confortablement dans son lit, cette étrange pensée était encore présente en lui.
Un air songeur se dessinait sur son visage alors que distraitement, le jeune homme malmenait sa nourriture dans son assiette. Son regard s’attardait un poil trop longtemps sur le réfectoire, ou plus exactement sur la table où se tenait Edelgard. Quelques mois s’étaient écoulés depuis le dernier repas au côté de son père et son épanouissement au sein du monastère était bienfaisant pour lui. Cependant, il n’avait de cesse de vouloir surpasser ce que les autres appelaient l’insurmontable. Pourquoi diable voulait-il à tout prix être meilleur qu’elle ? C’était une question pour ses camarades à laquelle il ne donnerait pas réponse. Il n’avait pas juste l’irrésistible envie d’être le meilleur au sein des aigles : le jeune duc avait une idée en tête, mais Edelgard tenait fermement le titre de meilleur élève à la perfection et le temps ferait d’elle une femme d’exception. Il le savait, et lui aussi voulait devenir quelqu’un d’incroyable pour ce monde.
Bientôt son regard venait à se glisser sur la silhouette de ce nouveau professeur, lui rappelant alors qu’ici présent, il était là pour apprendre de ses erreurs et devenir plus grand. Un regard admiratif, devenant doux, car cette femme avait su tirer le meilleur de lui-même.
À la fin de ses études, l’ironie l’emporta car Ferdinand venait à rejoindre les idéaux d’Edelgard, préférant se battre à ses côtés et acceptant de devenir le général de l'armée impérial pendant que son père perdait son titre.
Sans envie, ou peut-être par peur, Ferdinand n’avait hélas pas revu son père qui était en résidence surveillée. Il lui avait succédé, gagnant en plus l’inquiétude qu’offrait ce poste, désormais ancrée en lui. Sa relation avec son père resta détériorée. Cependant, le jeune noble savait que son géniteur avait tout de même rendu un service considérable à l’Empire.
CARACTERE
Il est malheureusement assez simple de connaître le caractère du jeune noble. Pas besoin de forcer pour apprendre ses sombres pensées. Ferdinand est un jeune homme avec de l'assurance. Confiant, l'intrépide rouquin est sans cesse animé d'un esprit de compétition. Et comme bien souvent, les personnes enflammées de cet esprit semblent tout bonnement haïr le fait de perdre. Ce n'est un secret pour personne ; Ferdinand déteste la défaite. Et Edelgard semble d'ailleurs être la malheureuse qu'il souhaite sans cesse vouloir dépasser. D'après lui, il possède des capacités au-dessus d'elle, mais être trop confiant n'est peut-être pas une bonne chose.
Cependant, certaines caractéristiques sont inconnues du grand public, comme par exemple sa relation houleuse avec son père. Qu'a-t-elle à faire ici me diriez-vous ? Eh bien, cela a permis au jeune homme vaniteux de se forger un caractère bien différent de son paternel, refusant de faire les mêmes erreurs. Optimiste, parfois naïf, Ferdinand souhaite établir un monde idéal, songe idyllique d'un inconscient...
D'une nature franche, le jeune noble préfère dire ce qu'il pense plutôt que de taire ses pensées, chose qu'il fait même à Edelgard s'il estime qu'elle est en tort.
Ferdinand est un personnage aux différentes nuances. L'un des points négatifs à retenir en tant que proche de ce dernier reste son incapacité de comprendre réellement les gens autour de lui, ou plus exactement les sentiments de ces derniers. Cependant il n'a aucune mauvaise intention et semble même encore apprendre des gens l'entourant, qu'importe leur statut social. Il ne souhaite qu'apprendre pour devenir meilleur, que ce soit avec une arme entre les mains, ou le cœur sur la main.
Comme tout à chacun, le noble possède une passion : celle de l'équitation. En dehors de cette passion l'aidant grandement pour ses prochaines aventures de combattant, Ferdinand est un grand amateur de thé. Il semble également adorer les hauteurs, est-ce un point important ? Cela peut sûrement aider à bien cerner le jeune Aegir.
La noblesse, c'est assez dur à concevoir, mais Ferdinand semble réellement éprouver de l'attachement pour ce genre de chose. Tout ce qui touche à la noblesse, aussi poétique soit-elle, a l’air de lui plaire. Est-ce un romantique caché ? Mais en contrepartie, la grossièreté chez les nobles s’avère être sa bête noire et en rien il n'apprécierait un acte ou des paroles déplacés chez un noble.
Parmi les 7 péchés capitaux, le rouquin apprécie le moins la paresse, ce qui ne semble guère étonner les gens l'entourant. Étant un jeune homme dynamique, toujours avec un objectif en tête, il est simple de concevoir qu'il n'apprécie pas cette caractéristique.