De nouveau, c’était la période de l’année où la chaleur envahissait les cours du monastère au point que même ses plus épais murs ne sauraient correctement protéger ses résidents. Les élèves originaires de Faerghus perdaient pour certains en endurance, surpris parfois par ce changement soudain qu’ils ne connaissent pas dans leur nation natale alors qu’au contraire, les plus fiers originaires du riche empire d’Adrestia s’épanouissaient sous ce ciel bleu. S’il n’avait jamais réellement mis le pied dans aucune de ces deux nations, Elio était bien au courant des différences en termes de météo entre ces deux nations aujourd’hui réunies par cette période de paix dans laquelle ils vivaient.

Après tout, si un jour, il souhaitait devenir marchant, ce genre d’information pourrait devenir bien vite un facteur décisionnel important lorsqu’il était question de décider du temps ainsi que des planifications exactes des routes à prendre lors de livraisons de biens. Ou du moins, c’était ce qui était tombé dans la petite oreille curieuse du jeune homme au regard brillant d’ambition plus ou moins mal placée.

Actuellement affalé contre le mur de pierre devant l’une des entrées secondaires du réfectoire du monastère - côté académie, le petit blond regardait le ciel d’un bleu presque pur se dessiner devant lui. Un ou deux nuages se battaient en duel dans le coin de sa vision, attendant de pouvoir être portés un peu plus loin par le vent. Il venait d’aider à transporter des caisses pour les cuisiniers, maintenant qu’il s’était rendu un peu utile, peut-être devrait-il profiter du fait que les élèves étaient actuellement en cours pour pêcher… Avec un beau temps pareil, voir les eaux brillantes de la zone de pêche si calme était une réelle chance à côté de laquelle il ne devrait pas passer. Pouvoir potentiellement se vanter d’un nouveau record de taille de poisson auprès de sa famille adoptive et des plus âgés ne sonnait pas comme une si mauvaise idée que ça en fin d’après-midi… Ah, il était trop jeune pour déjà se prendre la tête au sujet de ce qu’il ferait de son temps libre… Il aurait le temps d’aller se poser à la bibliothèque plus tard si jamais...

Soudainement, il se redressa… Mais pas parce qu’il avait réussi à prendre une décision sur sa prochaine action. Non, des miaulements soudains venaient d’attirer l’attention de sa curiosité enfantine. Des chats, il y en avait partout dans l’enceinte du monastère. Sans doute même y en avait-il plus à l’année que d’élèves… Des habitants quotidiens de la vieille bâtisse au même titre que les orphelins comme lui. Sauf que pour le coup, ce qui éveilla certainement sa curiosité fut ce concert soudain de miaulement qui lui signalait que c’était sans doute plus que la simple plainte d’un estomac un peu trop vide.

Et pour le coup, ce n’était pas le plus plaisant des sons. Si plus tard dans sa vie Elio du haut de ses 18 ans n’était pas connu pour regarder souvent les autres de haut, ce n’était pas sa taille encore plus petite de l’époque qui l’empêcha de se planter devant le groupe de chat visiblement en pleine discussion les poings bien calés sur les hanches.



Comme si des chats allaient le comprendre et l’écouter.
Enfin, si seulement c’était ça qui l’avait poussé à se stopper. Sa moue d’enfant ennuyé se transforma vite en surprise puis en choc quand il comprit la raison de ce petit attroupement.
Entre eux se tenait gisant contre le sol, rouge flaque de sang contre la blanche pierre comme preuve que cette aile pliée en un sens trop rude pour être naturel, un pauvre oiseau blessé.



C’était la loi de la nature très certainement. Peut-être un chat l’avait-il de lui-même attrapé et c’était la source du conflit. Premier arrivé premier servit. Ou alors l’oiseau avait malencontreusement terminé un vol trop maladroit contre une fenêtre de l’étage, un grand mur leur faisait face non loin. Mais il y avait une chose qui ne changeait pas : Elio avait toujours eu une affection toute particulière pour les oiseaux.



Avec un ton de voix loin de pouvoir être considéré comme viril, Elio se jeta presque littéralement en direction du groupe, la pauvre petite bête trouvant vite une place dans ses paumes de mains ouvertes. Oh non mais qu’est-ce qu’il pouvait bien faire maintenant. Qui aurait le temps de l’écouter, les gens étaient justement bien occupé à cette heure-là, exactement l’observation qu’il avait faites un peu plus tôt. Les yeux peut-être un peu trop humide pour le visage qu’il aimerait montrer, instinctivement il se traîna en directement de la première personne qui lui passa à l’esprit sur le moment. Celle qui représentait le plus la définition d’aide dans son cœur.



Quelqu'un avait tourné sa voix vers lui peut-être, mais il n'avait pas fait attention. Sa vision était tel un tunnel, égoïstement pointé uniquement en direction du visage certainement surpris de son aînée, qu’il venait très certainement d’interrompre… Quand il s’en rendrait compte, il ne perdrait pas plus de temps pour s’excuser immédiatement. Mais pour le moment, il ne pensait à rien d'autre qu'à tendre ses paumes de main dans sa direction pour lui montrer le problème plutôt que de chercher à plus l'expliquer.