HISTOIRE
Vivre ou mourir? Pourquoi choisir lorsque l’on peut simplement courir.
Quelle mentalité de perdant.Difficile d’être une personne terriblement réaliste dans un monde aussi cruel dans lequel il se considérait vivre. Est-ce considéré hypocrite de se penser réaliste lorsque l’on croit dur comme fer en l’existence d’une déesse veillant sur nous depuis son palais là-haut dans le ciel ? Palais… Peut-être était-ce un terme mal choisi. La déesse de ce monde n’avait jamais réellement été décrite comme telle. Après tout, si c’était le cas… Gentille comme elle était censée l’être, cela ferait longtemps qu’elle aurait sans doute partagé ses richesses avec ses enfants sur terre…
Un emblème ? Tu parles d’un cadeau suffisant.
Ça ne pouvait même pas se vendre.
Sauf peut-être en l’échange d’un mariage… Mais qui voudrait de lui-même devenir une marchandise ? Finalement, lorsque ce n’est pas un choix, quelqu’un finit toujours par en payer le prix fort.
Une branche craque au loin. Avec le temps, il avait appris à développer une ouïe plutôt fine. Une compétence de plus à mettre sur le dos de sa paranoïa grandissante, peut-être. Une ombre passe sur son visage pour disparaître haut dans le ciel, venant perturber sa rêvasserie l’espace d’un instant, le ramenant pied sur terre malgré le fait qu’il faisait lui-même l’inverse.
Voilà que son ventre se remettait à gronder.
Qu’est-ce que le temps pouvait passer vite lorsque l’on s’amusait.
La plus grande partie de sa vie, il l’a passé seul.
Son père ? Il ne l’a jamais connu, et c’était sans doute pour le mieux.
Sa mère était une femme simple sans aucune origine remarquable travaillant dans une taverne dans un village au pied des montagnes d’Ohma. Un lieu de passage courant pour les mercenaires les longeant sans jamais chercher à les escalader. S’il y avait bien un village là-haut, actif à l’année grâce à la présence de la plus réputée académie du continent, ce semblant de noblesse apporté par la présence de ces élèves de tout horizon ne faisait pas gagner sac d’argent à leur corps de métier.
Son père faisait sans doute partie d’un de ces groupes de mercenaires.
Faire les yeux doux aux hommes ça par contre, cela faisait bien partie du corps de métier de sa mère… Ou du moins, c’était ce qu’il supposait, lorsqu’il avait rarement l’occasion de l’observer travailler (un enfant comme lui n’avait pas sa place dans une taverne.)
Mais malgré la grossesse de sa mère, malgré cet amour se révélant alors trop éphémère ou simplement faible ou faux, cet homme la laissa.
À part sa beauté, ses longs cheveux blonds et ses yeux couleur miel dont il hérita, sa mère n’avait rien. Rien sauf le rêve qu’un jour, quelqu’un la sauverait à cette vie simple.
Apparemment, elle avait toujours rêvé de voir le monde. C’était ce qu’il avait retenu d’elle. Ce n’était pas souvent qu’il pouvait voir ainsi ses yeux briller.
"Ne te laisse pas balader par la condition de ta naissance, Elio. Ne sois pas comme moi, un jour, fais quelque chose de ta vie."
Si tu as une opportunité, ne réfléchis pas, saute dessus. Ce n’était pas en hésitant que nous avançons dans la vie. Une leçon qu’elle lui fit comprendre à la dure, le jour où elle rejoint ce père qu’il n’avait jamais connu dans le rang des absents.
Après sa naissance, le village de Garreg Mach était devenu leur lieu de vie, l’ancienne taverne dans laquelle sa mère travaillait jusqu’alors ne pouvant pas héberger une tête blonde de plus. Cela n’aidait pas qu’il était apparemment un petit bébé des plus bavards. Une ronce alors bien enfoncée dans le pied de la nouvelle mère. Mais jamais elle ne chercha à l’abandonner.
Donc si elle était partie maintenant, c’était qu’elle avait enfin trouvé quelqu’un acceptant de l’enlever.
Ou qu’en redescendant au pied de la montagne comme il lui arrivait de partir plusieurs jours en compagnie d’autres marchands, il lui était arrivé malheur.
L’un ou l’autre, cela ne changeait plus rien pour lui.
Un orphelin de plus ou de moins aux alentours du monastère, cela ne faisait pas une grande différence.
La vie au monastère était confortable. On ne pouvait que difficilement s’y ennuyer.
Même quand on avait rien à faire, les gentilles dames d’églises trouvaient toujours quelque chose à leur faire faire.
Il y apprit à pêcher et pour la première fois de sa vie, il serra une arme en bois dans sa main.
Le fait que certaines personnes bien plus illustre qu’eux prenaient réellement de leur temps pour passer ainsi un moment avec eux histoire de les divertir un instant, de leur faire oublier leur condition d’orphelin… Ce n’était pas une chance à gâcher. Et si Elio n’avait jamais réellement envisagé un futur impliquant de se retrouver avec une épée attachée à la ceinture, cela ne l’empêcherait pas de rester et d’écouter attentivement.
Plus souvent que d’autres, ses fesses rencontraient le sol, ses cheveux blonds peut-être un peu trop long lui servant à cacher ses yeux humidifiés par la douleur de l'atterrissage. S’il n’était pas très fort, il restait rapide et attentif, des talents lui venant plus de sa manie à courir après les chats lui volant ses prises de pêche et ses réflexes issus de cette même activité.
... Mais ce qui le passionnait le plus, c’était quand les week-ends il avait l’opportunité de voir s’animer la place du marché. Venus spécialement pour offrir leurs biens et servir aux jeunes élèves issus de la noblesse et dont l’argent dépassait littéralement de leurs poches beaucoup trop remplies, la manière dont ces hommes et femmes vendaient leur bien le fascinait. Bavard comme il pouvait se montrer, il se lia plutôt vite d’amitié avec le vendeur de thé.
Elio n’avait jamais réellement bu de thé avant. Il avait toujours vu cette pratique de servir et consommer cette boisson chaude comme une chose de nobles.
De part la bouche de ce marchand, il apprit comment servir le thé, comment distinguer les différents types de thé et il l’observa même travailler plus d’un week-end, un sourire aux lèvres alors qu’il l’observait avec discrétion depuis sa caisse solitaire sur laquelle il s’amusait à se percher.
Un jour, pensa-t-il alors, son sourire innocent s’agrandissant sur son visage encore bien rond, il aimerait à son tour devenir comme lui. Non, lui ce qu’il préférerait, ce serait ouvrir sa propre boutique dans une grande ville. Une vie simple mais bien remplie… C’était le genre de futur qu’il pourrait s’imaginer.
L’année de ses quinze ans, le prologue de la guerre qui déchirera plus tard le continent embrasa le monastère.
C’est avec les marchands qu’il fuit, les priant de le prendre avec lui sur leur grande caravane. Il était petit, il ne prendrait pas de place. Malgré sa petite taille, il pourrait toujours aider. C’était soit ça, soit il évacuait avec les autres orphelins vers une autre zone sous la protection de l’église. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Son cœur tout entier lui criait que s’il voulait voir un peu plus du monde et marcher dans les pas de ces personnes qu’il admire, alors c’était cette chance qu’il devait prendre.
Finalement, sa route ne partagea pas bien longtemps celles de ces hommes.
Ces marchands étaient visiblement originaires de la nation responsable de l’invasion et c’est à la capitale qu’ils firent arrêt définitivement.
Le quotidien n’avait rien à voir avec celui du monastère.
L’endroit était constamment animé, les gens parlaient fort, de temps en temps des bruits bien familiers d’armures s’entrechoquant marquaient le passage de soldat dans la grand-rue.
Il lui fallait un petit moment pour s’habituer à la vie ici.
Regarder derrière ne lui servait plus à rien.
Les saisons se succédèrent, les uns après les autres et la guerre continuait de secouer le pays. De son côté, Elio aidait comme il pouvait… Mais cette vie n’avait rien de celle qu’il s’était imaginé, alors bien installé sur sa caisse de bois.
Peut-être était-ce l’insécurité du petit peuple entraîné par la période de guerre qui faisait un tel effet… C’était ce qu’il s’efforçait de croire.
Un matin, alors qu’il portait quelques caisses, une affiche attira son attention.
Sur papier, c’était un rôle simple.
Être discret, avoir l’air inoffensif, savoir monter à cheval ou mieux à Pégase.
Mais surtout, faire preuve d’une loyauté certaine.
Il ne perdait rien à tenter sa chance… Car encore une fois, son instinct, cette petite voix dans sa tête qu’il ne pouvait s’empêcher de connecter à sa mère lui soufflait d’avancer.
En cette période, l’armée recrutait sans cesse. Les individus occupant ce poste étaient multiples et remplaçables. Il n’était pas aussi indispensable qu’un lieutenant. Ces papiers qu’il transporterait derrière ces vêtements de voyage valaient beaucoup plus que sa pauvre vie.
Mais la paye était bonne, bien mieux que ce qu’il pouvait gagner auprès des marchands qui ne devaient que le voir comme une petite sangsue à la tête dorée depuis cette dernière année à leurs côtés.
On ne peut peut-être pas acheter avec le bonheur, mais on peut toujours acheter plein de trucs avec. Et ça, c’était suffisant pour motiver un minimum Elio. Au final, il aimait bien ce travail. Il était au front sans y être. Son épée qu'il portait était cachée sous ses vêtements, et il s'en servait plus souvent à l'entrainement qu'autre chose.
Travaillant désormais au service de l’armée d’Adrestia, transmettant avec discrétion et vaillamment les messages au front comme en-dehors de ce dernier, il se demande combien de temps cette situation va-t-elle durer. Il n’a pas oublié son rêve d’une vie confortable, une boutique flambant neuve à son nom dont il pourrait être fier… Mais désormais, le futur était bien incertain, et lui-même pourrait tout aussi bien changer avec.
Serrant doucement d’une main le manche de cette épée de fer qui pendait à sa ceinture alors que de l’autre, il tient un nouveau message à transmettre, c’est vers ce soleil baignant une nouvelle fois Fodlan de sa douce lumière qu’il lève les yeux.
S’il survit à toute cette guerre, peut-être brillera-t-il ainsi dans la vie de quelqu’un, quelle que soit la direction que décidera de prendre ses pas.
Après tout, vivre au jour le jour, c’était peut-être la meilleure des mentalités à avoir pour ne pas finir déçu ou triste dans un monde aussi instable que celui-ci.
Il pouvait sourire tant que chaque jour, le soleil se levait encore.
- Recap:
- Fils d’un mercenaire et d’une femme travaillant dans une taverne au pied des montagnes d’ohma
- Sa mère l’a élevé seule au village de Garreg Mach sans jamais qu’il connaisse son père, ce dernier ayant préféré continuer sa vie sur la route plutôt que de rester pour une femme et un enfant alors non né
- Vivant sur le moment et ne laissant jamais passer une opportunité lorsqu’elle se présentait devant elle si gentiment, la seule famille qu’il n’ait jamais connu s’envola loin de lui
- Il passa le reste de sa vie seul dans réellement l’être, entouré des autres orphelins hébergés au monastère de garreg mach
- lorsque la guerre éclata, il quitta le monastère en accompagnant un groupe de marchant
- s'enrôle au sein de l’armée d’adrestia pour faire quelque chose de sa vie, malgré le fait que c’est l’attaque du monastère de la part de ces derniers qui a originellement détruit le confort de sa vie, suivant ainsi le conseil que lui avait soufflé des années plus tôt sa mère désormais bien loin: ne jamais laissé passer une bonne opportunité
- en faisant quelque chose de sa vie en s’engageant ainsi activement au service d’un pays, il espère se rapprocher un petit pas après l’autre de son rêve de vie: s’en mettre plein les poches et un jour ouvrir sa petite boutique de ses rêves dans la capitale