HISTOIRE
La jeune Cornélia Arnim apparaît pour la première fois dans l’histoire en l’an 1165 dans l’ombre d’un autre grand personnage dont le présent ouvrage a déjà fait le récit de vie, Hanneman von Essar. Alors chercheuse au sein des institutions impériales, elle marquait déjà par un esprit vif et subtil, apte à la compréhension de cet art qu’est la magie, mais également par son charme ravageur. Véritablement bénie par la déesse, ses cheveux de feu et sa silhouette sculpturale l’ont visiblement aidé à développer très tôt un réseau d’amis et d’admirateurs.
Cependant, Adrestia ne semblait pas pouvoir répondre à tous les besoins de la jeune dame Arnim. Issue d’une famille noble sans importance de l’est de l’Empire, elle quitta ses fonctions en l’an 1165 pour se diriger vers le pays rival du Saint-Royaume de Faerghus. Nous ignorons encore à l’heure actuelle les raisons de ce départ, s’il devait être motivé par l’ambition et la recherche d’autres objectifs. Ce que l’histoire ignore moins en revanche, c’est l’impact considérable qu’a eu alors la jeune mage sur le Saint-Royaume.
Alors ravagé par une peste à la portée sans précédent, le Royaume craignait un déclin causé par les pertes parmi sa population. En plein chaos, une étoile rousse s’est dressée. Se présentant à la cour sous les traits d’une chercheuse, dame Cornélia se proposa de répondre à l’épidémie sous un angle nouveau, celui de l’étude magique. Un comportement qui ne la plaça pas dans les bonnes grâces de l’église occidentale, prompt à voir en cela une intrusion sur son propre domaine, mais que le roi Lambert dans son grand pragmatisme décida néanmoins d’accepter.
Pendant trois mois, dame Arnim s’attela aux recherches nécessaires à l’élaboration d’un remède tout en esquivant habilement les tentatives de sabotage de l’église. Déjà à cette période, les observateurs les plus intéressés auront pu se rendre compte des talents politiques qui permirent à la mage non seulement de se faire connaître, mais également d’orchestrer sa lutte contre le conservatisme religieux afin de s’attirer sympathie aussi bien au cœur du Saint-Royaume qu’au sein de l’Empire où la lutte d’une jeune chercheuse armée seulement de sa logique et de son talent apparaissait comme le symbole de la lutte de l’esprit pragmatique impérial face à l’obscurantisme de l’église.
Partisans comme détracteurs durent cependant se rendre à l’évidence, dame Arnim était bien plus qu’un joli minois. Après seulement trois mois de recherches, celle-ci put en présenter le fruit à la cour, un moyen de soigner combattre l’épidémie et de soigner la maladie.
Remercier par le jeune roi pour avoir mis un terme au fléau qui lui avait fait perdre sa reine, elle s’installa définitivement à la cour sur sa demande et accepta la position de mage royal, une position dont elle ne manqua pas de profiter pour étendre son réseau d’influence.
Souvent courtisée en raison de son charme et de son talent, l’histoire ne lui connaît néanmoins pas d’autres amours que celui de sa fille adoptive, une jeune femme élevée par la poigne ferme d’une mère attendant beaucoup de celle qui serait un jour amenée à lui succéder.
Par la suite, dame Arnim se révéla un soutien efficace et loyal au régime du roi Lambert, chargée de profiter de son expérience impériale pour rénover l’infrastructure du royaume, elle lança avec son soutien de nombreuses réformes qui permirent au pays de se développer et de rattraper ses voisins pour se présenter en véritable pays moderne digne du XIIe siècle.
En 1168, elle fut chargée de la logistique du royaume pendant que son suzerain tentait d’étendre l’influence de Faerghus vers le pays voisin de Sreng et participa à l’accueil de la nouvelle. Avec le temps, les témoignages racontent que la mage royale et la nouvelle reine tissèrent des liens étroits, certainement aidés par leur origine impériale commune.
Des liens qui ne manquèrent pas d’affecter terriblement dame Arnim lorsque 8 ans plus tard, la tragédie de Duscur devait survenir. Le royaume venait de perdre tout à la fois son roi, sa reine et une bonne partie de l’élite de ses chevaliers dans une embuscade menée de main de maître par les traîtres de Duscur.
Malgré la perte de son protecteur, dame Arnim alors âgée de 31 ans refusa encore une fois de sécuriser sa place par le mariage. Au contraire, elle préféra dévouer l’ensemble de ses forces au soutien du jeune prince et de son oncle régent. Sur les ordres de ce dernier, elle démarra de nouvelles recherches sur l’exploitation de moyens magiques pour la défense du royaume, conscient que la tragédie venait de faire de Faerghus une proie des plus appétissantes pour les prédateurs étrangers.
Pour cela, Cornélia fut envoyée à Arianrhod une forteresse située dans le comté de Rowe à la frontière avec l’empire afin d’en moderniser les défenses et de rendre la « Vierge d’argent » d’autant plus inviolable.
Cinq ans durant, la mage conserva sa fidélité à la couronne, travaillant d’après les observateurs de l’époque avec « zèle et subtilité » aux missions que lui confiait un régent toujours plus proche d’elle. A la cour, certaines langues commencèrent alors à conjecturer une possible liaison entre la désirable mage de la cour et le régent, cherchant à expliquer le refus de dame Arnim au mariage par le fait qu’une union matrimoniale avec la couronne serait vue comme une mésalliance pour cette dernière, obligeant les deux à se voir en secret.
Hélas, que les rumeurs se soient révélées vraies ou pas, elles n’empêchèrent pas le meurtre de Rufus Blaiddyd par son neveu. Les témoignages sur le retour de ce dernier à la cour après la tragédie de Garreg Mach le décrivaient comme « hanté » et beaucoup craignirent alors, à raison, que ce nouvel évènement sordide dans la vie du jeune homme n’ait eu raison de sa santé mentale.
Cependant, à la surprise du plus grand nombre, dame Arnim ne conserva pas cette fois sa fidélité à la couronne du saint royaume. Certains pensent que tout autant que le jeune homme, les tragédies successives auront étouffer le sentiment de loyauté que pouvait éprouver la mage alors, âgée de 36 ans, à la lignée Blaiddyd et au Saint-Royaume. Mais qu’elle qu’en ait été la raison, les faits parlent d’eux-mêmes. Après l’assassinat du régent et l’exécution de son royal neveu, dame Arnim, avec le soutien d’une grande partie des seigneurs de l’ouest du royaume, se souleva contre la couronne et fit acte d’allégeance envers l’empire. Les plus mauvaises langues y verront l’objectif final d’un plan murement réfléchis par la couronne impériale, d’autres plus empathique, la preuve que même la loyauté peut avoir ses limites face à l’adversité.
Afin d’honorer son geste, la toute nouvelle impératrice et son administration nommèrent dame Arnim à la tête du territoire occupé, la chargeant d’achever la conquête des terres encore occupées par les loyalistes menés par Rodrigue Fraldarius. Une tâche qui hélas se révéla trop ardue pour elle. Plus mage que général et malgré son talent de logisticienne, elle ne parvint à contrebalancer l’expérience militaire et le talent stratégique du seigneur Fraldarius. Perdant lentement, mais sûrement, du terrain face aux loyalistes, elle préféra abandonner la capitale avant de s’y retrouver piégé.
Dans une manœuvre qui reste encore aujourd’hui très discutée, dame Arnim divisa son armée en deux, ordonnant à l’infanterie lourde de son armée, commandée par les officiers du comte Rowe, de rester en arrière pour retarder l’armée loyaliste le plus longtemps possible elle fit avancer le reste de ses troupes à marche forcées vers le sud pour les stationner à Arianrhod, une forteresse qu’elle avait aidée à fortifier. Obligeant le seigneur Fraldarius à choisir entre la reconquête de la capitale et la poursuite de son armée, elle put échapper aux forces du chef de guerre et trouver refuge au sein de la vierge d’Argent.
Elle y stationna avec ses troupes jusqu’à la signature de l’armistice entre les trois grandes puissances. Aussitôt relevée de ses fonctions, on la « convia » à la capitale où elle se trouve encore à ce jour, en l’attente d’une rencontre avec son impériale majesté.
- De charme et de sortilège, extrait de l’ouvrage «
Les grands mages du XIIe siècle » par maître Alian Heisenberg
CARACTERE
Il y a la femme retenue par l’histoire,
et celle qui se cache derrière le miroir…
Derrière ses airs de femme fatale au charme ensorcelant, dame Arnim se révèle un esprit scientifique curieux et cultivé. Cornélia se caractérise par son appétit de connaissance, un trait de caractère qu’elle a manifesté très jeune et qui la rapidement guidé sur le chemin de la magie. Souhaitant découvrir les secrets du monde, ce fut sa porte d’entrée pour le domaine des arts ésotériques. Préférant l’aspect scientifique au pouvoir conféré par la foi en la déesse, elle s’orienta rapidement vers la magie ésotérique et le contrôle qu’il lui offrait sur son environnement.
Expérimentatrice, sa soif de connaissance et sa curiosité ne semblaient jamais être assouvie, après la connaissance de la magie, c’est vers la politique qu’elle s’est tournée, un art qu’elle exerça durant près de deux décennies à la cour de Faerghus et où elle comprit l’importance de son physique.
Scientifique dans l’âme, elle en étouffa sa moral et sa dignité pour apprendre à jouer des armes que la déesse lui avait offert pour infléchir l’avis d’autrui. Elle étudia son apparence et la mit en valeurs par le choix d’une garde-robe osée capable de déstabiliser ses interlocuteurs et d’obliger les plus volontaires à détourner les yeux pour bander leur volonté, une énergie qu’ils n’auraient dès lors plus pour écouter attentivement les pièges dissimulés dans le miel de ses mots.
Cependant, chaque pièce à son revers. Sa beauté et son esprit lui apprirent à obtenir ce qu’elle souhaitait d’autrui, par la ruse, le charme ou la logique, flattant son ego par ses nombreux succès et nourrissant en elle le sentiment d’être toujours dans son droit. Obstinée au point d’en être têtue, elle peut laisser passer des occasions par manque de remise en question, un défaut qui se sera souvent montré déterminant dans sa relation avec sa fille, seul être qu’elle juge véritablement digne de son intérêt.