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1184.
Cela fait maintenant trois ans que la guerre dure, occasionnant ravages autant sur le plan humain qu’économique. A la tête de l’Empire d’Adrestia, Edelgard von Hresvelg a provoqué un bouleversement majeur en Fodlan.
Pourtant, à l’aube de la nouvelle année approchant, l’Impératrice elle-même a demandé un accord de pourparlers...

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[FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta

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Lewis von Hartverg
Lewis von Hartverg

Tea-master, en rose et or !
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Mercenaire
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  • Neutre
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Classique
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15
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MessageSujet: [FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta   [FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta EmptyMer 26 Mai - 15:13

Lune du Loup Rouge, Année 1184

Le soleil froid des dernières lunes de l'année toisait de son regard immaculé le campement impérial sur les terres de Gloucester, comme si l'astre s'était décidé à nous ôter tout espoir de retrouver un jour la chaleur, punition de quelques péchés dont nous nous serions rendus coupables.
Et devant la Très-Haute, que de péchés avions nous commis. Nous avions ôté, à d'innombrables frères et sœurs, les douces années qu'il leur restait à vivre au nom d'une réforme que nous parvenions difficilement à imposer.

Malgré les convictions qui m'animent, j'avais bien souvent l'impression que le poids de nos crimes naturels serait bien trop lourd à porter face au jugement de celle qui nous garde depuis les cieux.

La guerre. Dans les récits, elle est aussi cruelle que fédératrice, empreinte de noblesse lorsque les hommes meurent au nom de leurs idéaux. La guerre que je mène, pourtant, est destructrice. Il n’y a pas d’honneur à partir, fauché dans sa prime jeunesse par des ambitions qui nous dépassent. Elle perverti chaque élément qui tombe sous son emprise et le transforme en source d’angoisse, de souffrance et de regrets. Rien n’y échappe.

Si le fracas du champ de bataille me terrorisait, le silence qui régnait aujourd’hui sur notre camp n’en était pas moins une source d’inquiétude constante. L’absence de son émanait-elle du repos des braves, ou de la mort des blessés que l’on entendait encore hier hurler à pleins poumons quand les dents de quelque scie venait retirer une jambe déchiquetée par la calvacade folle d’un cheval ?
Comme de coutume, je tournais au milieu des tentes et des étals, la brume matinale pour seule compagne. Incapable de trouver le repos trop longtemps, les marches aux aurores étaient devenues un rituel quotidien. Je n’y trouvais aucune paix, mais au moins l’activité permettait-elle d’éviter à mon esprit de s’égarer trop loin, en des pensées glauques desquelles, j’en ai bien peur, il ne saurait revenir s’il s’y attardait un peu trop.

Le silence. Encore. Assourdissant dans ce qu’il impliquait.

Mes pas me conduisirent à l’écart de mes camarades endormis. Là où nous n’avions pas posé la moindre tente, quelques arbres se dessinaient, lugubre dans leur allure à l’approche de l’hiver et, paradoxalement, bien plus vivant que les lieux que je venais de quitter. Peu de pépiement d’oiseaux, on les trouvait souvent bien plus à l’écart, mais quelques corbeaux ornaient les branches, veilleurs sombres aux sens alertes.
Les soldats ne les aimaient pas, ne voyant en eux que des charognards prêts à se nourrir du moindre cadavre. Pourtant, j’éprouvais une certaine sympathie à leur égard : créatures sages qui savaient que la proximité des hommes pouvaient être une aubaine pour eux, à l’inverse de leurs cousins. Leur vol rapide m’avait tiré de maintes situations délicates, nous alertant de la présence de quelque soldat ennemi dans les parages.

Et je n’avais encore jamais vu l’un des leurs se faire croquer par l’une de nos wyvernes. Exploit admirable et signe d’une certaine intelligence quand on connaît l’appétit de nos montures à écailles.

Je passais sous eux, et ils ne s’envolèrent pas. Avec le temps, ils s’étaient habitués aux patrouilles humaines, et ne s’en inquiétaient que lorsqu’elles étaient trop nombreuses. Je continuais ainsi mon chemin, hors du camp mais à l’opposé des troupes ennemies, sous l'œil inquisiteur de ceux que mon imagination se plaisait à voir comme des gardiens silencieux.

Rompant avec l’atmosphère qui m’accompagnait depuis mon réveil, un son au loin attira mon attention. Difficile à distinguer d’abord, il m’apparut à mesure que je m’approchais comme une mélodie. Douce, fredonnée par une voix humaine. La végétation ici était un peu plus dense, l’odeur de terre mouillée plus forte, me rappelant le souvenir d’années douces mais aujourd’hui envolées.

Mon cœur manqua un battement.

Au pied d’un tronc mort, elle était agenouillée, chantonnant une chanson dont je ne savais distinguer les paroles. J’avais entendu des rumeurs à son sujet, son engagement à l’arrière de nos lignes, ses qualités nouvellement acquises…
Mais les dernières nouvelles la mentionnant lui donnaient une place sur le front faerghusien, ça ne se pouvait…
Et pourtant, occupée à déterrer un champignon, la tête dodelinant au rythme de son chant… Ses cheveux violets…

Abasourdi, je me raclai la gorge pour ne pas lui faire peur.

-Gomphide rutilant… Comestible, mais tout bonnement dégueulasse.

Ses mots réveillèrent en mois les images des forêts aux alentours de Garreg Mach et les souvenirs des corvées de cueillette, pour lesquelles nous nous portions souvent volontaires.
Incapable de cerner mes propres émotions, je restais planté là, les yeux rivés sur ce fantôme du passé.

-Enfin, j’imagine que vous connaissez mieux ce genre de choses que moi désormais… Bernadetta.

Le cours de la joie se tarit face à la source des regrets.


@Bernadetta von Varley
Bernadetta von Varley
Bernadetta von Varley

Empire d'Adrestia
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Lettre de Quête Secrète -
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12 de la Lune des Étoiles (1162)
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MessageSujet: Re: [FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta   [FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta EmptyMer 26 Mai - 21:15
[FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta Uvhd

Il y a un château dans les nuages
J'aime y aller dans mon sommeil
On y trouve une dame toute vêtue de blanc
Qui me tient dans ses bras, et me chante une berceuse
Elle est jolie à voir, douce au toucher
Elle dit « Nadette, je t'aime vraiment beaucoup »
"


À l’ombre des pins, fredonnait une voix fluette et douce. Il s’agissait d’un discret roucoulement à l’abri des regards, une chanson perdue entendue il y a longtemps, une rêverie d’une gamine à laquelle elle ne songeait plus depuis longtemps.

Ce jour-là, Bernie était gaie. Cœur léger et pas vif à travers cette forêt nouvelle à découvrir et parcourir dans ses moindres recoins, elle ne songeait plus une seconde aux flèches qui sifflent et aux épées qui tranchent. Elle marchait aux aguets, l'œil rompu se baladant de fourrés aux branches éparses jusqu’au pied des conifères, à la recherche de trésors que peu pouvaient voir. Elle trouvait plus qu’une occupation utile dans ces vagabondages intéressés, ces chapardages de la nature ; le bourdonnement de son cerveau inquiet semblait s’apaiser dans cet environnement épais où tout vous épie mais personne ne vous juge - un lieu plein de bestioles soit curieuses, soit aussi craintives qu’elle. Et il y avait les fleurs, si jolies, épanouies sous la rosée et les rayons du soleil, fragiles, dont les pétales écrasées pouvaient apaiser les maux les plus durs - qui l’eut cru ? Certainement pas elle quelques années auparavant, jeune fille des arts manuels, cloîtrée loin du grand dehors bruyant et effrayant. Elle ne s’intéressait alors à rien qui puisse l’extirper de son confort peureux, à quoi bon se risquer à apercevoir les beautés du monde si ce n’était pour jamais en profiter ? Il avait été quelques uns, à la tirer de son marasme ; peu nombreux, car peu ils étaient à approcher la Bernadetta d’alors, servile et terrorisée souris.

Il lui avait tendu la main, lui, malgré la pitié qu’elle lui inspirait, et le dégoût las qu’elle croyait lire dans ses yeux. Sans brutalité il l’avait contrainte à mettre un pied devant l’autre, à rencontrer des gens, des vrais gens qui ne voyaient pas en elle la rejetonne étrange d’un ministre, l’héritière mal fagotée et moquée, mais juste une étudiante, une étudiante un peu gauche et triste, pas méchante, dont le monde pourrait peut-être un jour avoir besoin. Il lui avait montré des plantes diverses et variées, joyaux sous ses pieds qu’elle n’avait jamais pris la peine d’observer. C’était sans doute grâce à lui, quand les flèches qui sifflent et les épées qui tranchent étaient devenues insupportables et menaçaient de la briser toute entière, qu’elle avait trouvé la force de faire autre chose. De ne pas fuir, et mettre au service de l’Empire ses maigres talents. Sa détermination, elle l’avait forgée progressivement sous le regard bienveillant de Lotho. Elle s’était acharnée comme rarement, faisant fi des œillades coulantes et des sourires narquois, étudiant inlassablement, s’écorchant les genoux à force de traîner à quatre pattes dans les bois, pleurant sur son sort mais sans abandonner, cette fois. On la reconnaissait, désormais. On lui confiait des missions. On l’appelait « biologiste » et on lui disait merci, quand elle ramenait un plein sac d’herbes médicinales ou qu’elle découvrait une nouvelle espèce de champignons rassasiante et comestible. Pour la première fois depuis des lunes, en fermant les yeux, elle n’entendait plus les flèches qui sifflent, les épées qui tranchent, et les gens qui crient.

Ses doigts agiles soutinrent le pied du champignon cuivré, comme il le lui avait appris, et son autre main abattit la serpe dorée pour le libérer de la terre. Il rejoignit ses compagnons dans la besace qui battait sa cuisse droite, alors que sa voix délicate entonnait à nouveau :

Je connais un endroit où personne n'est perdu
Je connais un endroit où personne ne pleure
Pleurer n'est pas du tout autorisé
Pas dans mon château dans les nuages


Un raclement de gorge interrompit son chant, et les joues de la jeune femme s’empourprèrent brusquement d’embarras. Si elle était moins timorée qu’auparavant, elle redoutait toujours d’être surprise et ridicule. Elle sauta sur ses jambes et, rabattant les pans de son manteau léger sur elle, elle gronda d’une voix maladroite : Ce..C’est faux ! La peau retirée, il a un peu le goût de noisette et il est bon pour les bout..WEAH ! Elle avait fait volte-face en cours de sermon, présentant toute sa fausse assurance bricolée de toutes pièces devant, croyait-elle, un curieux, un soldat aux goûts difficiles, un inconnu de plus dont elle tentait d’éviter la présence. Toutefois, devant ses grands yeux gris écarquillés et surpris, c’est la silhouette longiligne et auréolée de noir d’un homme bien connu qui se tenait devant elle. Lewis…!

L'Empereur des flammes découvert, la déléguée aiglonne n’avait plus caché ses intentions et bientôt, son avancée effrénée sur le monde avait tout emporté avec elle. Ne sachant où aller, se disant qu’il lui fallait bien suivre pour ne pas être piétinée, Bernadetta avait titubé derrière ses amis décidés. Lewis, plus intelligent et fort, était parti devant, le cœur gorgé d’un rêve que Bernie ne ressentait pas dans sa chair. Elle, qui voulait juste ne pas être seule, avait perdu de vue son ami et n’avait pas osé le réclamer de ses pleurs. Et puis, les flèches… les épées… Elles avaient fini par tout écraser, toute velléité de croire, d’espérer les revoir, elle avait fini par renoncer. S’arracher du front avait libéré ses pensées et ses souvenirs, mais à l’aube de 1184, il lui avait semblé qu’il était trop tard, bien trop tard, pour reprendre contact. Quelque chose au fond de son ventre craignait trop ce qu’elle pourrait découvrir - et le sang, et la main froide dans la sienne, et les yeux vides, si vides, lui revenaient en tête et assécher sa bouche, son ventre alourdi se tordait, et à nouveau elle renonçait.

Vous… Bientôt ses yeux disparurent derrière ses cils mouillés, et elle balbutia plusieurs pardons qui s’échappaient de ses lèvres tremblantes en flots continus. Pardon de ne pas avoir été là, de ne pas avoir pu suivre, d’être une bien mauvaise amie - d’avoir ce jour une chance insolente et de ne savoir qu’en faire. Le serrer dans ses bras ? Elle ne savait pas, pourtant ses petits doigts aux nombreuses coupures s’agrippèrent, vifs et désespérés, au pan de son manteau. Sans pouvoir s’en empêcher, elle se mit à le secouer, comme si cela pouvait l’aider à exprimer ce qu’elle ressentait - à défaut, cela arrachait l’ami perdu de sa position statique, et donnait une justification aux joues rouges d’une Nadette confuse. Vous… Vousmeditesça ! Après tout ce temps, et vous, vous, ici, je ne savais pas, j’aurais dû savoir non ? Que vous seriez avec son frère, mais je ne voulais pas, enfin, si, mais et si, et si vous… En combat… Qu’est-ce que je serais devenue, moi ? Et vous vous me parlez de champignon, vous mériteriez que je vous l’enfonce dans le nez, tiens, et puis, pourquoi… Je n’y croyais plus, vous revoir, et… Merci… Vous..vous êtes vivant… Si elle avait baissé la tête au fur et à mesure de son discours haché et nébuleux, c’est des yeux rougis qui accrochèrent timidement son visage quand elle murmura. J’ai eu si peur… Je ne voulais pas savoir… Je suis désolée… Je ne pleure pas, je suis contente, mh ? Elle tira un dernier coup sur son manteau. Merci.
Lewis von Hartverg
Lewis von Hartverg

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MessageSujet: Re: [FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta   [FB] Si Le Grain Ne Meurt | Bernadetta EmptyVen 11 Juin - 17:24

Les larmes de Bernadetta, ses doigts frêles qui s'agrippaient à moi comme pour vérifier que je n’étais pas un fantôme, et ses mots balbutiés qui arrivaient aussi bien à me réchauffer le coeur qu’à planter au fond de mon ventre une lame glacée… Tout cela me laissa interdit et terriblement confus.

Elle avait bien grandi, l’enfant des Varley… Si pendant nos années académiciennes, j’aurais pu me servir de sa tête comme d’un accoudoir, il m’aurait fallu hisser la main un peu plus haut pour caresser le haut de son crâne. Mes mains, perdues, étaient relevées à hauteur de mon torse, sans savoir où elle devait atterrir. Les épaules et le dos de la jeune femme me paraissaient hors de propos, quand bien même j’avais une pressante envie de la serrer contre moi, comme par une pulsion d’un geste que je m’étais inconsciemment interdit de faire quelques années auparavant.

Je secouai la tête, comme pour me tirer d’une rêverie malsaine. Rien ne sert de vivre dans les souvenirs.

Je poussai un soupir, dont l’amusement qu’il était censé retranscrire devait sonner terriblement faux.

-Bien sûr, vous ne pleurez pas, et votre champignon est un met des plus prisé de la cour d’Enbarr, évidemment.

Je me surpris à prononcer cette phrase taquine : voilà bien un type de discours que j’avais laissé tomber depuis des lunes. Une réminiscence de nos années académicienne me donna l’élan nécessaire à continuer sur ma lancée.

Et franchement, toute biologiste de sa Majestée que vous êtes, faites moi confiance sur ce coup : ce n’est pas parce que c’est comestible que c’est mangeable. Les soldats vous remercieront si vous leur épargnez ça dans leur assiette, croyez-moi.

Un discret sourire se dessina sur mes lèvres tandis que j’attrapais ses mains, afin de les retirer de mon manteau et de faire un pas en arrière, afin de la voir dans son ensemble.

-C’est bon de revoir, et encore plus quand vous ne mettez pas de traces de morve sur mes habits.

J’avais laissé derrière moi, emporté par la guerre et mes idéaux de réforme, une Bernadetta adolescente. Désormais, c’était une jeune femme, et si cette allure nouvelle réveillait en moi la satisfaction d’un professeur qui voit son disciple se déployer de ses propres ailes, elle déployait également en moi une nostalgie profonde que je ne savais m’expliquer.
C’est qu’elle était devenue jolie, Bernadetta.

Me rendant compte que les secondes filaient dans le silence tandis que je me perdais à l’observer, mes joues rosirent et mes yeux, dans un élan de panique, cherchèrent de quoi alimenter à nouveau la conversation, même de manière très artificielle.

Et heu… Comme ça, vous travaillez avec des outils en or ? On ne se refuse rien, dites-moi.

J’aurais voulu pouvoir m’enterrer six pieds sous terre en cet instant. J’avais rêvé ces retrouvailles, je m’étais préparé à lui faire face.

Et toutes les belles phrases travaillées.
Et tous ces gestes préparés.
Envolés.


@Bernadetta von Varley
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