Si Balthus est aujourd'hui devenu un coureur de jupon innommable n'ayant jamais connu de réelle stabilité sentimentale, ce n'est certainement pas en raison d'un quelconque exemple d'union maritale délétère perçu à travers ses parents biologiques.

Ceux-ci vécurent une idylle au sens propre du terme, tombant follement amoureux l'un de l'autre au détour d'une mésaventure fortuite, hélas éphémèrement ; sa mère n'était qu'une simple roturière d'un village égaré dans les montagnes de Leicester, tandis que son père descendait d'une lignée noble, quoique mineure. Si les deux n'avaient que faire de ce détail pourtant singulier aux yeux du reste du monde, le destin s'immisça dans leur vie et se mit à consumer leur affection alors si sincère, tant et si bien qu'ils durent se rendre à l'évidence : le désir de destruction d'hommes aux idées arriérées ne se tarirait jamais, tant la conception d'un mariage entre ces deux pans de la société les répugnait. Le couple se sépara dans les mêmes conditions desquelles il était né : la tendresse et la chaleur. À l'exception près qu'un petit homme avait pointé le bout de son nez.

Balthus n'eut d'autre choix que de poursuivre son père, s'installant en ville, sacrifiant sa campagne maternelle au profit d'une éducation plus poussée, typique des enfants de famille aisée. Peu après, davantage par obligation évidente, son géniteur se lia de nouveau à une femme ; approuvée, cette fois-ci, par les ignorants, ceux-là même ayant jugé indécent un amour pur, dignifiée par son sang. Elle lui délivra un second fils, à travers duquel elle vit un parfait héritier à la maison Albrecht, bien que dépourvu d'emblème ; aussitôt, sa malignité prit en ampleur. Si auparavant elle ne témoignait qu'un intérêt superficiel envers l'enfant de son époux, ce dernier évolua en un absurde dédain. Sali, aux yeux de cette femme guidée par un égoïsme et un désir de prestige intense, de par les origines de sa génitrice, Balthus ne saurait faire briller ce nom à la manière de celui qu'elle avait enfanté. Malgré son attitude exécrable, le garçon n'en tint jamais rigueur à son beau-frère, se noua bien vite d'amitié avec lui et ils n'entretinrent plus jamais qu'un lien fraternel solide.

Les années passèrent, et Balthus témoigna d'excellentes capacités, au plus grand plaisir de son père, en dépit d'un tempérament turbulent, si bien qu'il lui fut permis d'intégrer la prestigieuse académie de Garreg Mach, couvrant la maison Albrecht d'honneur, et parallèlement attisant toujours plus l'aigreur de sa crapuleuse belle-mère. Seulement, une fascinante découverte se joignit à cet événement, dont personne ne soupçonnait la capacité à surprendre davantage : le jeune homme était en réalité porteur d'un emblème. Mais pas celui de l'un des Dix Élites, ni des Quatre Saints ; l'un des Quatre Apôtres, Chevalier. Majeur, de surcroît. Une énième menace aux yeux de certaines, mais surtout une nouvelle à étouffer impérativement, compte tenu de sa nature insolite : cet emblème n'aurait jamais dû se retrouver dans la nature.

Cette entrée effervescente à l'académie ne priva toutefois pas Balthus d'une intégration en bonne et due forme. Il trouva rapidement sa place au sein des Cerfs d'Or, voire même plus : il y forgea de précieuses amitiés vouées à perdurer à travers les âges. Si l'individu qu'il était à l'époque n'était pas véritablement qu'aux prémices de l'homme qu'il est aujourd'hui, il serait néanmoins juste d'attribuer leur mérite à certaines influences qui lui permirent de s'épanouir et de sculpter sa personne : Holst et Balder, bien que concrètement cela n'implique en grande partie que des éléments peu glorieux, tels que des soirées exagérément arrosées, des blagues puériles, des traquenards bas de plafond à l'encontre des élèves des autres classes, voire même Seteth, selon certaines rumeur. Peut-être même eurent-ils été à l'origine d'une sale histoire de vol de steaks à la cafétéria, de vitrail fissuré, ou encore de mystérieux sous-vêtements retrouvés sur les toits des dortoirs…  Quoiqu'il en soit, les trois fanfarons vécurent de nombreuses aventures aux conclusions diverses et variées, tantôt dangereuses, tantôt hilarantes. Bon gré mal gré, Balthus s'investit cependant suffisamment afin de décrocher son diplôme ; simultanément, sa mythique dette vit le jour et commença son ascension fulgurante. Il se prit également d'attachement pour la petite sœur de son ami, Hilda, déjà forte de caractère bien que sacrement capricieuse ; il se jura de la protéger à la sueur de son front.

De retour chez son père, il n'eut pas l'opportunité de se reposer sur ses beaux lauriers : Balthus reprit rapidement la tête de la maison Albercht. Ne s'étant toutefois jamais considéré comme un héritier idéal, il ne perçut pas l'avenir radieux que l'on lui promettait en embrassant ces responsabilités. À cette heure, nul ne fut en mesure de déterminer s'il s'agissait de la véritable raison de son départ, ou si celle-ci reposait en une problématique naissante d'ordre financier Il renonça à son titre et le transmit à son frère ; peut-être fût-ce là l'unique date à laquelle sa mauvaise belle-mère ressentit un semblant de sentiment positif à son égard.

Derrière son sourire taquin, la situation était malgré tout bien plus préoccupante. Balthus se perdait en paris hasardeux et consommations excessives d'alcool. Il découvrit les plaisirs charnels, la satisfaction d'observer une molaire prendre son envol sous un uppercut bien placé. Dettes, emprunts, promesses enivrées d'houblon… Si aucune conséquence sur sa santé ne fut à déplorer, son nom se mit progressivement à apparaître au sein de tavernes, auberges, marchés ; des chasseurs de primes se lancèrent à sa recherche, impliquant que de plus grosses richesses se jetaient désormais à ses trousses.

La fierté fut bien le dernier des facteurs animant l'inquiétude de Balthus. Il avait réalisé, par le biais d’agréables ultimatums proférés très agressivement, que ses actions pouvaient avoir de graves répercussions sur ceux chers à son cœur, notamment sa mère biologique. D’une part, car elle semblait représenter une menace, un point de pression, d’après l’odieuse épouse de son père, prête à tout pour lui nuire, mais aussi car les victimes de la fourberie de Balthus remuaient ciel et terre afin de mettre la main sur lui ; il fallait à tout prix, et prestement, trouver une solution à cette situation indélicate.

Son errance le guida de nouveau à Garreg Mach. Simplement, cette fois-ci il ne fréquenta pas l’établissement à proprement parler. Il trouva refuge dans un endroit saugrenu, sobrement intitulé les Abysses. Il s’agissait d’un complexe souterrain, accueillant les âmes indésirées de la société, où il décida de s’isoler, plus ou moins pour son propre bien, dans l’attente que son nom sombre dans l’oubli. Là, il y rencontra plusieurs figures marquantes, avec lesquelles il forma un lien particulier : chacune d’entre elles possédait également un emblème rarissime réapparu sous d’inexplicables circonstances. Yuri, Hapi et Constance devinrent ses partenaires au sein d’un groupuscule qu’ils prénommèrent les Loups de Cendre, sous la supervision d’Aelfric, un cardinal de l’Église de Seiros. Il adopta un mode de vie spécial qui sut répondre à ses besoins peu communs.

La sérénité n’étant clairement pas réservée à Big B, du jour au lendemain, il fut subitement mêlé à une sombre histoire de calice, de transfusion sanguine, de transformation terrifiante en bête veineuse et sanguinolente, d’amour perdu et de jalousie. Plus extraordinaire encore : une ribambelle d’élèves de Garreg Mach s’était introduite dans leur repère. Ceux-ci auraient pu n’être que de simples académiciens sans histoire particulièrement familière, mais face à lui se tenaient non seulement l’héritier Riegan, que le perspicace B reconnut comme le fils de la ravissante Tiana, mais Hilda Goneril de même ! Deux autres jeunes femmes dirigeaient le groupe avec fermeté ; deux femmes qu’il apprit à connaître vaguement, respectivement connues sous les noms de Byleth et Edelgard. Leurs parcours semblaient vouer à s’intriquer, mais celle à la chevelure dépourvu de pigment possédait un regard déterminé avide de justice. Payant le prix des desseins manqués de leurs ancêtres, les Loups de Cendre, épaulés par les courageux étudiants, échappèrent à un sort lugubre, et l’Église estima qu’il était temps de tolérer la présence de ces héros reclus en dehors des Abysses. Naturellement, Balthus se rapprocha de la promotion actuelle des Cerfs d’Or, mais les réjouissances furent de courte durée ; après tout, s’il avait décidé de fuir les projecteurs, ces raisons subsistaient. Le grand gaillard leur promit de refaire surface un jour ou l’autre, reconnaissant qu’ils aient porté secours à ses camarades des Loups de Cendre ainsi que lui-même.

Il entama un long périple jusqu’à son village natal de Kupala, où il n’avait pas remis les pieds depuis sa plus tendre enfance. Il y retrouva sa mère, et couplé à son titre de roi de la baston, il s’improvisa protecteur de son peuple, et s’attela à rattraper une partie de ce temps perdu. Tristement, peu après son retrait dans les montagnes, un climat de guerre s’empara de Fòdlan et des affrontements perlèrent de part et d’autre du pays. On l'informa de la destruction de Garreg Mach. Soucieux du sort des siens s’il venait à disparaître afin d’apporter son soutien aux maisons lui ayant tendu la main auparavant, il se saisit de la période de paix nouvellement instaurée par l’Impératrice afin d’entreprendre un énième voyage dans le but de gagner Derdriu, affirmer son allégeance à l’Alliance et proposer ses services. Dès lors, il se tint près en cas de retour militaire de l’Empire, n'excluant aucune alternative.

B(abillard) A(guicheur) L(oyal) T(éméraire) H(ardi) U(criblé de dettes) S(agace)

Derrière son air de brute épaisse écervelée, malgré les médisances des plus ignorants et les rumeurs du lobby créancier, Balthus est un garçon perspicace au sens de l’honneur absolu ; il tient systématiquement ses paroles, bien qu’il soit tout à fait impossible d’estimer à quel moment précis le musculeux mercenaire mettra ses dires à exécution. Il n’oubliera jamais une main tendue, et se rendra invariablement disponible pour venir en aide à n’importe quel individu avec qui il entretient un lien amical, familial ou qui lui aurait sauvé la mise par le passé. Autant dire que l’honnêteté est primordiale chez ce monsieur, quoique forcée par manque évident de tact ; en revanche, lorsqu’il s’agit de combler le gouffre de dettes sensationnel ayant gagné en envergure au fil du temps, telle une boule de neige lâchée de la plus haute montagne de Faerghus, n’y allons pas par quatre chemins : vous pouvez toujours courir. Il s’efforcera sans doute de rembourser un ami plus vite qu’il ne le ferait pour un tavernier illettré perdu au fin fond des montagnes de l’Alliance cependant, car la malice anime son regard, et que la fin justifie les moyens. Toutefois, s’il apprécie que l’odeur de l’or lui chatouille les cavités nasales, bien que sa bourse ne demeure jamais stablement dodue, il viendrait sans l’ombre d’une hésitation à la rescousse des plus faibles en situation désespérée s’il en est témoin, quand bien même serait-il question dudit tavernier illettré qui lui réclamera possiblement son dû une fois la tempête apaisée.

Hélas, si ce portrait fort classieux n’est pas suffisant pour vanter les qualités de Big B, il est impératif de relever un humour douteux et une incapacité flagrante à tenir sa langue lorsqu’il est en possession d’informations embarrassantes au sujet d’autrui, ou encore une fâcheuse tendance à complimenter excessivement les femmes à son goût — et sous-entendre des obscénités, surtout lorsqu’il s’agit de la génitrice d’un camarade. Un léger narcissisme habille ses lèvres de temps à autre ; mais en toute objectivité, qui se priverait de la moindre occasion de se vanter d'une anatomie pareille ? Que celui qui n’a jamais dévêtu ses biceps après quelques pintes afin de mettre en avant leur circonférence époustouflante obtenue à la sueur de son front lui jette la première pierre ! Certains appelleront ça un excès de zèle, une confiance en soi exacerbée, exagérée ; Balthus n’y voit là que des jaloux maigrichons.

Fortement attaché à ses racines, plus particulièrement à sa mère, native de Kupala, victime indirecte de l’injuste idéologie de Fòdlan, il remuerait ciel et terre afin de s’assurer de son bien-être. Si ses liens familiaux du côté paternel se sont érodés avec le temps, il s’agit des conséquences directes de l’influence de sa gredine de belle-mère. Balthus, lui, tient encore aujourd’hui hautement en estime son père ainsi que son beau-frère, et n’éprouve aucune animosité envers eux, bien conscient qu’ils subissent tout autant que lui les délires d’une femme vénale assoiffée de reconnaissance et de pouvoir.

Doué d’une impatience avérée, cela se révèle étonnamment fortement avantageux lorsqu’une rixe impromptue se présage ; si t’es le premier qui en a ras la casquette, t’es le premier qui fracasse. Que cela soit par fierté, par principe, par provocation, Balthus ne se privera pas de délivrer une bonne déculottée à qui le mérite. Après tout, on ne croise pas le monarque de la castagne à chaque coin de rue, et les prestations gratuites font partie du métier. Autant ne pas jouer sur ses nerfs, car lil Balthie n’a pas froid aux yeux, et peut partir au quart de tour dépendamment de son taux d’alcoolémie. Sauf si son adversaire est une femme. Ou d'autant plus si elle lui promet des sensations fortes ou évoque une supposée petitesse.

Faire la fête, c’est sympathique ! Mais avec des amis, c’est encore mieux ! Si Balthus valorise beaucoup les liens du sang, il demeure pour autant très attaché aux personnes qui l’ont accompagné, soit-il toujours en contact avec celles-ci ou non, qu’il s’agisse de ses compères des Loups de Cendre ou d’anciens camarades auprès desquels il a étudié durant ses années à l’académie. Il faut croire qu’un petit cœur doté de sentiments se terre quelque part, capable même d’agir sans être motivé par le gain. S'il venait à devoir affronter l'un d'eux sur le champ de bataille, nul doute que ses coups ne seraient animés que par une morosité accablante.