Et les yeux clos, tu attendais. Tu entendais chaque pas, tu entendais chaque parole. Tu ne voulais pas ouvrir les yeux. C'était dur, bien trop. Et les salutations se succédèrent, et toi ? Tu ne dirais rien, tu bougeais seulement un peu la tête quand il le fallait. Tous enchaînèrent avec leurs condoléances. Et toi, tu n'étais pas présente, tu semblais si loin, douce enfant. Et tu te sentais vide, tu te sentais plonger dans l'obscurité (et une fois que tu avais sombré (tu pensais qu'il était impossible (impossible de revoir la lumière))). Tant de mystères, et tu ne saurais jamais. Tes parents n'étaient plus. Et tu étais seule. Personne ne savait pourquoi. Et les langues ne se déliaient pas. Que des rumeurs (que tu n'écoutes jamais). Et tu étais toute jeune, douce enfant ; jeune et seule. Mais dans ton profond désespoir, une lueur d'espoir apparut. Un homme, un de tes proches lointains, s'approcha. Et tu n'en savais encore rien, mais c'était lui qui prendrait soin de toi, qui t'accueillerait dans sa maison, qui t'offrirait un avenir (mais lequel ?). Et tu attrapas cette main qu'il te tendait (et ce fut le seul (celui qui avait proposé (celui qui te traiterait comme sa propre fille))).

Et tu n'étais pas à plaindre (loin de là (mais ton coeur ? (il semble (non, rien)))). Tu étais nourrie, tu étais logée (et encore aujourd'hui). La peine ne partirait (non, elle ne partira) jamais mais tu allais prier (pour eux (pour toi (pour être libérée (ô déesse, m'entends-tu ?)))). Il fallait (et il faut encore) avancer, toujours plus et tu n'étais pas seule (tu ne l'as jamais été) ; mais il fallait repousser, il fallait protéger (ils ne devaient pas t'approcher (mais aujourd'hui ? (ton coeur est-il apaisé ? (tu n'es pas seule)))). Tu devais rester seule, Marianne, pour les protéger de toi (parce que tu n'avais pas pu protéger tes parents n'est-ce-pas ? (ô douce enfant, pourquoi ? (c'était de la faute de mon - (l'emblème ?)))). Comme un monstre, tu considérais (non, tu savais (il fallait)) te cacher, fuir, rester dans l'ombre. Et tes bras, autour de toi (rien ne devait sortir (ni le monstre (ni les sentiments (rien (il fallait se taire))))). Alors, tu t'étais rapprochée des animaux, tu prenais soin d'eux (à défaut de ne pas t'approcher des humains (de tes camarades (malgré tout ce qu'ils te disaient (tu faisais la sourde oreille)))). Et la Déesse savait. Et la Déesse voyait. Tes pas avaient été guidés vers l'Académie des Officiers. Et tu savais, et tu voyais ; le début d'une nouvelle vie s'offrait à toi (mais tu n'en fis rien (au début (tu ne devais (tu ne pouvais (les tenir éloignés, il le fallait (ô déesse, aidez moi))))).

Et c'était ainsi que tu commenças ta scolarité à Garreg Mach. Et les secrets, et le silence, et la solitude (toujours (encore (à jamais ?))). Mais, les aventures, les amitiés, leurs conseils (fais entendre ta voix, Marianne (plus fort (tu devrais (ne reste pas seule)))). Et les mains tendues, et les sourires (les leurs étaient magnifiques (mais toi ? (tu ne peux pas (il ne faut pas)))). Mais, tu ne pouvais pas, ô douce enfant (tu en étais incapable). Le spectre du monstre n'était jamais bien loin (proche de toi (il s'agit de ton ombre (constamment avec toi))). Et tu savais ce que ton père adoptif avait fait (l'argent (ne pas chercher à savoir (qu'ils n'essaient pas (ton secret doit le rester (l'emblème, ils ne doivent pas le découvrir (le monstre doit rester dans l'ombre)))))). Et tu priais, fort, si fort (ô déesse, pardonne moi (ô déesse, ne le laisse pas sortir (ô déesse, protèges-les (ô déesse, réponds à mes prières)))). Et les jours passèrent si vite (mais aucun ne fut sans aventure (sans un ami (sans un sourire))).

Et le glas sonna, la paix n'était plus (et il ne restait que la guerre (plus de sourires (plus de joie (plus de paix (il n'y avait que le sang (et les larmes)))))). Et la peur qui serrait ton coeur (si fort (ô déesse, pourquoi ?)). Et la peur qui t'empêchait de respirer (et les ordres qui tombaient (les voix des chevaliers (la voix de Claude (il fallait bouger)))). Et tes pieds bougeaient enfin (et les mains (et les sorts, jetés (il fallait survivre ce jour (pour de meilleurs lendemains ? (ô déesse, je prie pour des lendemains beaux et heureux (pour eux)))))). Et il fallait prendre ton courage à deux mains, Marianne (il fallait se battre). Mais ce qui devait être un cauchemar ne durant qu'un jour dura des mois (des années (le cauchemar était sans fin (le cauchemar semblait sans fin))). Et des vies furent perdues (et toi, tu étais sauve (pour l'instant)). Et tu avais convaincu ton père de t'apprendre (tout ce qu'il fallait savoir (sur vos terres (tu étais son héritière (et si ? (il fallait y penser (et si tu survivais ? (et pas lui ?))))))). Douce enfant, il fallait que tu pries (et si l'objet de tes prières avait changé ?).

Et une trêve, signée (pour combien de temps ?). Il fallait en profiter, Marianne (il fallait respirer (il fallait souffler (pourquoi combien de temps ?))). Mais tu avais changé (la déesse voit tout (elle sait (elle te voit, douce enfant))). Et la déesse t'avait entendue (ta promesse (sourit-elle ? (es-tu heureuse, déesse ?))). Tu avais promis (et aux côtés de tes camarades, tu resteras (et aux côtés de ton père adoptif, tu resteras (et tu les soutiendras (et tu les aideras)))). Tu avais promis (de ne plus t'enfuir (d'affronter les problèmes (ceux qui se mettront en travers de ton chemin (de t'accepter (d'accepter cet emblème (qui n'était pas responsable de la disparition de tes parents)))))). Et la déesse t'avait entendue. Il fallait respecter ta promesse à présent, douce enfant.

Douce enfant, si réservée. Tu aimerais tellement de mêler un peu plus à tes camarades. Mais un pas de travers pouvait (peut) si vite arriver. Tu te plaisais (te plais-tu encore?) dans le silence, dans la solitude. Tout était (vraiment ?) plus facile, si facile. Si tu ne parlais pas, personne (vraiment ?) ne poserait de questions, personne ne chercherait (mais ils ont cherché) à savoir. Tu te disais (mais cela-a-t-il marché ?) qu'il était plus facile de garder le secret, si tu étais seule, si tu tenais tout le monde à distance. Il fallait garder le secret (faut-il encore ?). Mais tu n'étais pas si seule (es-tu seule à présent ?), il y avait les animaux à tes côtés. Tu aimais (et tu aimes) tant prendre soin d'eux. Il n'était pas rare de te voir aux écuries, par exemple, ou assise dans l'herbe, un oiseau sur ta main. Ton coeur pouvait être (et il l'est encore) bien lourd, à certains moments, mais si tu ne te confiais pas à tes camarades, tu parlais (et tu parles) aux animaux. Et ma douce enfant, lorsque tu n'étais pas en train d'aider les animaux, on pouvait te trouver dans la grande cathédrale, en train de prier. Tes prières restaient (et sont restées) sans réponse, mais tu priais (et tu pries encore), car au fond de ton coeur, tu es pleine d'espoir (mais tu as bien trop peur que cet espoir soit réduit à néant).

Douce enfant, si pessimiste. Et pourtant ? Et pourtant, l'espoir t'habitait (il faut le garder précieusement (au fond de ton coeur (il ne faut pas (il ne faut pas céder au désespoir)))). Il fut un temps (encore si proche) où le peu de mots qui sortaient (est-ce toujours le cas ?) de ta bouche n'étaient que des excuses et des paroles (malheureuses (pourquoi te fais-tu tant de mal, douce enfant ?) envers toi-même. Si tu espérais que la Déesse te pardonne, tu savais (ô douce enfant (tant de mal)) que tu ne te pardonnerais peut-être jamais. Et pourtant, tu n'avais (et tu n'as) rien fait de mal. Tu semblais (et tu sembles encore) si complexe aux yeux de tous, mais tu ne te donneras jamais autant de crédit (car tu étais loin de l'être (tu étais si simple (vraiment ?))). Tu ne supportais pas le moindre compliment, tu ne les méritais pas, tu t'esquivais ; mais à quoi bon, douce enfant ? Cela ne rendait pas les choses plus faciles.


Douce enfant, n'est-ce-pas de l'espoir que je vois dans tes yeux ? Montrerais-tu (enfin ?) ce qu'il se cache au fond de ton coeur ? Et n'est-ce-pas l'ombre d'un sourire sur ton visage ? Et il s'éclaire. Et tu sembles si ? Regardes-toi, douce enfant ; tu sembles en meilleure santé (et tu rayonnes (un peu plus qu'avant (peut-être pas assez (mais ça viendra)))), tu sembles tellement plus confiante (tu parles plus (tu parles avec douceur (et le monde va connaître ta voix))). Le secret doit toujours être gardé, mais, regardes-toi ; tu sembles en paix (est-ce une illusion ? (es-tu en paix, Marianne ? (non, pas encore (mais ça viendra (le secret peut ne plus en être un))))). Les rumeurs vont et viennent (et tu ne les écoutes plus (tu te concentres sur le plus important (ton père (tes camarades (il faut survivre))))), et il est temps d'avancer. Tu restes toi (tes insécurités sont là (toujours aussi présentes (mais tu vis avec (et tu grandis)))). Et il est temps (enfin) de te montrer au monde (et tu feras de grandes choses, douce enfant).