Ses parents ont une grande boutique réputée à Derdriu, capitale de l’Alliance, et les affaires fleurissent à merveille. L’entreprise familiale marche si bien que Tristan, y travaillant avec ses parents, se fait une clientèle spéciale. Il sert alors de passeur de marchandises contre rémunérations (pécuniaires ou objets). Ceux qui veulent exfiltrer ou importer des marchandises sans pouvoir le faire eux-mêmes recourent aux services de « Tobias », son petit nom pour les clients, alors qu’il use subtilement des transports de l’entreprise familiale.

Malheureusement, ô malheureusement, un jour, les autorités de la ville contrôlent les marchandises d’un bateau s’apprêtant à quitter la ville. Les marchandises illégales sont découvertes, et Tristan aussi. L’opprobre tombe sur la famille, qui perd sa renommée et sa clientèle du jour au lendemain. Le fautif est excommunié par sa famille, et l'état d'esprit dans lequel Tristan a obtempéré n'est pas publiquement connu. Un jour peut-être quelqu'un lui arrachera ses véritables sentiments.

Tristan se retrouve alors sans maison, mais en possession d’une belle somme gagnée par ses activités de contrebande. En apprenant ce qui était arrivée à l'adolescent, un client de Tristan décide de le prendre sous son aile. La garçon devient le protégé d'un noble de petite envergure dans la seigneurie de Myrddin, au sein de l'Alliance. Cet homme âgé répond au nom de Bemus Myrddin. Il pousse Tristan à voir le monde parce que "les voyages forgent la jeunesse, mon garçon!". Cependant, quand Bemus lui propose de l'envoyer à Garreg Mach, Tristan accepte et débute sa scolarité au monastère à 17 ans. Le jeune homme considère alors Garreg Mach comme sa deuxième maison. Il passe de temps en temps voir Bemus, une sorte de grand-père adoptif souriant et participant au trafic d'armes via la contrebande.

Il a actuellement 22 ans et met son arc au service de l’armée de l’Eglise -il faut juste l’appeler, il est souvent en déplacement. Il soutient d'autant plus l'Eglise que l'avancée de l'Empire met Bemus en danger, étant en première ligne à la frontière de l'Empire.

Il travaille et vit en solitaire, mais ça ne l’empêche pas d’être sociable ! Il s’entend facilement avec l’autre et son détachement vis-à-vis des affaires de guerre lui confère une neutralité lui permettant de fréquenter à peu près n’importe qui. Toutefois, il devient rarement assez proche de quelqu’un pour lui faire part de son passé et ses affaires. Il est bienveillant, mais il se mêle de ses oignons et attend des autres qu’ils fassent la même chose. De plus, son travail visant à tromper les autorités, il n’en reste pas moins un marchand dans l’âme et ne s’aviserait jamais de voler quoi que ce soit. Son principal défaut restera néanmoins de ne jamais se remettre en question...


Tristan a tendance à aller là où le chaos prospère: ses affaires marchent mieux dans un contexte de désordre. Il aime sa liberté de déplacement.


Il se fiche de ce que les clients veulent faire transporter, tant que ce ne sont pas des gens. Cela peut être de la contrebande malveillante voire mafieuse (comme du transport d’armes), ou de la contrebande pour aider les bonnes gens (transport de médicaments dans des désert médicaux, par exemple).



Enfin, une petite scène d'introduction de "Tobias"...



Un bon réseau était la base du commerce. Tristan avait parcouru quelques rues, s’était trompé et avait trouvé, puis s’était assis à une table en coin de pièce dans une taverne perdue dans les petites rues en plein milieu d’après-midi. Bientôt, une cliente allait le rejoindre, envoyé par un “collègue” qui a récemment vu son activité couler alors qu’une mauvaise langue l’avait dénoncée aux autorités. Dans l’ambiance lugubre de cette taverne sans convivialité, la lumière provenait miraculeusement de fenêtres qu’il qualifierait plus spontanément de meurtrières. Il alluma le bougeoire posé là.
Le son croissant de bottes éveilla son attention. Il ne bougea pas, patientant que la cliente prenne place en face de lui.

"Tristan?"

Et merde. Il la reconnaissait aussi. C’était une marchande du marché du centre-ville, qui avait toujours les bras chargés des fruits. Voilà des semaines que Tristan venait lui acheter une pomme ou deux le matin. Pour connaître son sourire innocent -très réussi!- il ne pensait pas la voir tremper dans l’illégalité. La femme s’assit directement en face de lui. C’était vraiment elle, enfonça-t-il le couteau dans sa propre plaie en la dévisageant. L’agacement lui monta au nez.

"C’est “Tobias”, ici. Le contrat était donc: un colis de petite taille, à envoyer vers Enbarr? C’est la capitale, ma bonne dame. 5000 pié-pièces."

Croiser les mêmes personnes au travail et à l’extérieur du travail n’était pas, pas du tout, une bonne idée. Cela lui passa l’envie de faire des efforts, et la mauvaise volonté le prit au cou. Se fermant comme la meilleure des huîtres, il s’écarta un peu sur le côté et commanda quelque-chose à boire.

"Tobias?" fit-elle semblant de ne pas comprendre.

Sa boisson arriva et il la but à grandes gorgées. Cela ne découragea visiblement pas la primeur. Il bascula ensuite en arrière sur sa chaise, la tête qui tournait, croisant les mains derrière son crâne. Son père pleurerait toutes les larmes de son corps de ses manières de commerçant.

"C’est… un vieil ami", articula-t-il en fermant les yeux pour passer les vertiges.
"Parle-moi de ce vieil ami."

Le jeune homme contempla le plafond, le regard pensif. Qui était Tobias? Un contrebandier. Bien. Ensuite? Pourquoi avais-tu choisi cette voie, Tobias? L’appât du gain et la facilité étaient les premiers fautifs. Mais il avait continué.

"Il aime le risque."

Peut-être que, dans la suprématie toute fallacieuse de l’adolescence, il s’était senti plus fort que son voisin, à tourner et retourner les règles et leurs failles pour en faire ce qu’il voulait. Si Tristan était moins fier d’abuser de la confiance de ses parents, Tobias n’avait d’yeux que pour l’argent qu’on lui fourrait dans les mains. Pas de soucis, il y a bien encore une petite place sur le prochain cargo. Suivant?

"Tristan?"
"Oh, pardon. Ahem… Je dirais qu’il est efficace dans son travail. Il n’y porte pas trop d’affect. Il fait très bien la part des choses entre le travail et le reste."
"Oh, du style collègue inatteignable? J’aime bien. Il ressemble à quoi?"

Le plafond passionnait Tristan toujours plus. Qu’il était beau, blanc, avec des craquelures, parfaitement ordinaire finalement.

"Blond comme les blés. Yeux verts. Baraqué. Pas du tout comme moi!"
"Oh", fit-elle avec déception.

Tristan plissa les yeux et ignora ce qu’il entendait. Une mouche passa, égayant sa vision du plafond. La femme s’approcha plus près, et le jeune homme éprouva le besoin urgent de cesser ce manège. Cette cliente n’aura pas de réduction tarifaire à la séduction.

"Bref", se racla-t-il la gorge. "Je peux venir prendre la marchandise demain. Le prix sera exactement celui donné avant que je boive cette pisse de chat. Marché conclu?"

La femme balaya l’air du revers de la main, les rides autour de son nez s’accentuant.

"Vraiment?" cingla-t-elle.
"Que vous sachiez qui est Tristan et qui est Tobias ne change rien. Pas de dénonciation, pas de chantage, ou c’est moi qui vous en fait."
"Insaisissable…"
"Ouais, ouais", maugréa-t-il. "Deal?"

La primeur claqua l’argent bruyamment sur la table. Les affaires sont les affaires! Ce n’est pas comme si les clients avaient beaucoup de choix pour faire acheminer leur marchandise, et il le savait. Tristan remercia tout de même la Déesse que cette taverne soit relativement vide, vu l’ardeur avec laquelle la cliente avait donné ses pièces. Tristan se redressa sur son siège et compta la somme des yeux.

"Le compte y est! A demain, 8h au même endroit madame!"

Il la laissa derrière lui les poches lourdes, à l’intérieur de ce coupe-gorge sinistre. Guilleret, il regagna les rues animées de la ville sous le soleil plein de l’après-midi. Il acheta une pomme à un marchand qu’il élu instantanément comme son nouveau fournisseur.

"Insaisissable? Non, non, madame. Commerçant."

C’est avec allégresse qu’il reprit le surlendemain son vagabondage vers une autre seigneurie, arc dans le dos. Peut-être qu’il croiserait quelque vieille connaissance? Le monde avait tant d’argent à lui offrir, Tristan embrassa le voyage et sa liberté, tout en veillant à ne jamais être trop loin de Garreg Mach: on pourrait faire appel à lui aussitôt le pacte de non-agression révolu.