Sujet: Fantôme du passé ☼ Rheddyn   Sam 24 Avr - 16:48

Armistice aux allures de farce. Contrat rendu caduc par l'arrêt brutal des combats. Ce que le Paon avait pu briller, toutes ces années, sur le champ de bataille. Ennemis écrasés, un par un, sans jamais sourciller. Kessara vivait de la guerre. De la mort de ces gens qui se mettaient en travers de sa route. Ou de celle de ses employeurs, plutôt. Conflit au comté de Charon mis sur pause, la forçant à fuir. Si la demoiselle ne manquait de rien, pour le moment, ses quelques économies finiraient nécessairement par s'envoler. Toujours travailler, quand bien même le confort lui était acquis. Amis... Adversaires et amant (au singulier, probablement) laissés seuls, dans le désarroi. Tout proche de la frontière avec l'Alliance, elle s'était décidée à traverser les montagnes d'Oghma pour rejoindre lentement mais sûrement l'Empire. Destination Enbarr, mais avec de nombreux arrêts. Si contrat il y avait, là où elle passait, elle n'avait d'autre choix que d'accepter. Au-delà de l'aspect financier, son propre esprit lui interdisait l'oisiveté. Après cette intermède glaciale, au travers des monts et vallées encerclant les terres saintes de Garreg Mach, la magicienne s'était finalement échouée dans une petite ville du Leicester. En quête d'aventure, de travail mais... Certainement pas de retrouvailles. La Très Haute se montrait bien pernicieuse, en ces temps de « paix ».

Bariolée, comme à son habitude, la mercenaire s'était faite remarquer dès son arrivée. Demoiselle aux traits mutins, vêtues de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Apparence trompeuse, mais qui attirait automatiquement tous les regards. Tous savaient qui elle était. Le paon. Sans même s'affairer à trouver un nouveau contrat, un vieux marchand était venu la trouver jusque dans ces appartements. Piètre chambre dans une auberge bien en deçà de sa situation. Mais Kessara s'en fichait. Ne s'était jamais arrêtée sur des considérations aussi triviales. Elle ne se pensait meilleure que personne. Et lorsqu'il était question de dormir, tant qu'on lui offrait une paillasse, elle était la plus heureuse des femmes. La mission était simple. Trop simple, même. Accompagner la caravane de cet étranger au travers des terres de l'Alliance. S'assurer qu'il en sortirait indemne. Rétribution suffisante, et conditions arrangeantes. Si le chemin emprunté la détournerait très légèrement de sa destination, c'était toujours mieux que de rester en place, sans le sou. Ou repartir vers le Royaume. Kessara n'était pas pressée. S'il lui fallait toute une lune, pour rejoindre Enbarr, soit. Personne ne l'y attendait. Peut-être quelques âmes esseulées, réclamant de nouvelles caresses. Mais ils ne comptaient pas. N'avaient jamais compté. Alors personne, oui. Elle s'empressa d'accepter le contrat qu'on lui proposait, tout sourire. Lui arrivait-il de ne pas sourire, de toute façon ? Si charmante... Si dangereuse.

Le jour tant attendu (pas vraiment) était enfin arrivé. Prête dès le petit matin, Kessara s'était présentée au point de rendez-vous. Apprêtée, comme à son habitude. Longues boucles nouées en une queue de cheval. Serre-tête rappelant les plumes d'un paon, l'approchant un peu plus des cieux. Maquillage discret, mais rehaussant adéquatement ses traits. Elle ne savait pas d'où venait ce besoin impérieux d'être toujours présentable. Être le centre de l'attention ? Non. Le seul cœur qu'elle souhaitait ravir, c'était le sien. Égocentrisme, en ce cas ? Peut-être bien. Rituel presque rassurant, signe que la journée ne pouvait qu'être belle. Ne souhaitant pas perdre de temps, la demoiselle se lança à la recherche de son employeur. Serait-elle seule, à ainsi protéger le convoi ? Elle espérait que non. Si elle avait pleine confiance en ses compétences, elle ne pouvait défaire une horde d'ennemis à elle seule. Magie dévastatrice... Sanguine. Mais faillible, comme toute chose en ce monde. Cible repérée, enfin. Qu'elle comptait bien assommée de questions. - Ah... Vous êtes là. Quel plaisir de vous revoir. Mots prononcés comme un murmure appelant à la débauche. Pas dans les mots qu'elle employait. Mais dans son ton, sa gestuelle. Tout ce qu'elle était, montrait. - Devons nous attendre quelqu'un d'autre ?

Sujet: Re: Fantôme du passé ☼ Rheddyn   Dim 25 Avr - 17:36

Question sans réponse. Pas immédiate, tout du moins. Regard obnubilé par le creux de ses reins, ses fossettes se laissant dessiner alors qu'elle souriait. Kessara était habituée. Habituée à voir ces gens redevenir des créatures de la nature. Des animaux. Aucune raison de s'en offusquer. N'était-ce pas la raison même de son comportement, de son accoutrement ? Rendre ses interlocuteurs si bêtes qu'un simple battement de cil aurait pu les coucher au sol. Prosterner devant elle, à ses pieds. Si elle n'était en aucun cas surprise, aucune autre émotion que le dégoût ne pouvait l'envahir face à un tel spectacle. Pourtant son masque, ô si finement ouvragé, ne se craquelait pas. Elle savait dissimuler ses émotions mieux que personne. Le moindre signe de sa part aurait été interprété, déformé, utilisé. Être maître de soi, c'est être maître des autres. La mercenaire vivait pour cet adage. Difficile d'influencer, manipuler, qui que ce soit si on ne savait pas se contenir, jouer, tromper. Ce long silence fût enfin comblé par une réponse. Celle qu'elle s'était imaginée, aussitôt le convoi atteint. Un autre mercenaire serait de la partie. Amusant. L'une de ses connaissances ? Un ancien amant devenu fou de jalousie ? Tant de possibilités.

Une crinière blonde, au loin, attira inévitablement son attention. Homme imposant, grand. Apprêté comme un homme d'armes. Ce fameux inconnu. L'autre mercenaire. Kessara ne le connaissait pas. Après quelques jours ensembles, cette erreur serait bien vite corrigée. Il n'eut même pas le temps de les approcher, que déjà la demoiselle l'étudiait. Regard s'attardant sur le moindre détail. Le blond de ses boucles. La douceur de son visage. Sa prestance. Tout ce qu'il était possible d'en tirer. Patiente, elle attendit qu'enfin ce dernier se décide à parler. Visage toujours figé en cette moue tout à la fois mutine et agréable. - Vous imaginez bien. Si seulement mon imagination pouvait être aussi juste, et fiable, que la votre. Lèvres s'étirant un peu plus, suffisamment pour que ses dents se révèlent au reste du monde. Quenottes de porcelaines, droites et immaculées. - Vous êtes rassuré de me voir ? Alors vous savez qui je suis ? Vil flatteur. Au mieux, il la savait compétente. Au pire, il la pensait facile. Dans tous les cas, son opinion n'intéressait pas Kessara. Elle espérait simplement qu'il serait à la hauteur, s'ils rencontraient par mégarde des ennemis. - Le faucon ? Vous ne m'êtes pas inconnu, en effet. Enchantée. Nom qui se murmurait, un peu partout sur le continent.

Ennui mortel se saisissant de la demoiselle alors qu'aucun problème ne se profilait à l'horizon. Que les jours étaient longs, lorsqu'on était là pour tuer, mais que rien à tuer ne se présentait. Hissée sur sa monture, Kessara se contentait d'observer les alentours, silencieuse. Professionnelle. Pas un seul instant son regard ne se déporta vers la cargaison. Ou quoi que ce soit d'autre. Elle n'en avait rien à faire. Ce n'était pas dans ses pratiques. Aucune curiosité. Aucune envie de ne pas décocher sa prime, en fin de contrat. Discussions anodines, ci et là, avec les autres membres de la caravane. Rien d'intéressant. Ils pouvaient, de toute façon, difficilement concurrencer la folie des massacres, les caresses de l'amant, les rires des amis. Pas une seule fois la mercenaire ne laissa transparaître son ennui. Fidèle à elle-même, radieuse. Et puis quand la journée se faisait vraiment insupportable, elle observait les frasques de son collègue. Faucon féroce, au regard inquisiteur. Si les marchands ne le remarquaient pas, Kessara si. Il semblait comme... intrigué. En quête d'aventure. De surprise. Fouine plutôt que Faucon, à fureter de tous les côtés. Que cherchait-il, précisément ? La demoiselle ne doutait aucunement qu'elle finirait par la savoir. D'une manière ou d'une autre.

Pause entachée par la méfiance du Faucon. Lorsqu'il s’essaya à ses côtés, prêt à dégainer, elle sut immédiatement ce qui était sur le point de se produire. Et elle n'essaya, en aucun cas, de l'arrêter. - Vous ne me dérangez pas. Prenez place, Faucon. C'est votre prénom, Faucon ? Je présume que non. Mettant de côté ce qu'elle était en train de faire (grignoter un biscuit rassis, quel plaisir), la demoiselle planta sans gêne son regard dans les iris de son interlocuteur, feignant un certain intérêt. Palabres qui venaient confirmer ce que Kessara redoutait. Ou... Pensait, tout du moins. Car elle ne redoutait rien. - Êtes vous sûr, de vouloir savoir ce qu'il se trame ici ? Vous pourriez être déçu... ou exécuté. Allez savoir. Instant de silence. Suffisamment longtemps pour que le doute inonde l'esprit du Faucon. - Je n'en sais rien. Il est évident qu'on ne nous dit pas tout mais... Quel intérêt de savoir ? Vous craignez que la cargaison soit... illégale ? Partagez donc avec moi le fond de votre pensée. Elle n'aimait pas, se mêler de ce qui ne la regardait pas. Mais si son interlocuteur se montrait suffisamment éloquent, peut-être lui viendrait-elle en aide.

@Rheddyn Orlaïs

Sujet: Re: Fantôme du passé ☼ Rheddyn   Dim 25 Avr - 21:57

Pas un soupçon de gêne ne se lisait dans le regard de son interlocuteur, alors qu'elle le dévorait des yeux. Amusant. Surprenant ? Un tantinet. Les hommes étaient des créatures vaines, avides de chair. Tout juste les lèvres se mouvaient que le rouge envahissait leurs visages. Pas lui. Pas si évidemment que tous les autres. Difficile de conclure quoi que ce soit. La demoiselle ne le connaissait pas suffisamment. Peut-être que lui aussi revêtait un masque, en cet instant. D'une comédienne à un comédien. Prêts à se produire. Tragédie ou Comédie ? Choix qui se ferait évident au gré des mots échangés. Nul besoin de s'attarder là dessus, de toute façon. Le faucon avait une proposition à lui faire, et si elle n'était pas nécessairement disposée à lui venir en aide, elle pouvait au moins l'écouter. Palabres futiles pour dissimuler sa véritable identité. Le sourire sur les lèvres de la jeune femme n'en fût que plus sincère. Commissure des lèvres s'arquant sous le coup de l'intérêt. A quoi bon se garder aussi ardemment, dans un monde où tout finissait par se savoir ? - Bien présomptueux de votre part que d'imaginer ce qui me sert. Votre imagination a donc bien des limites. Soit. Monsieur Faucon.

Un rire sonore s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'elle refermait ce premier chapitre. Pas la peine d'insister. Si l'envie lui prenait de découvrir ce passé mis sous scellés, elle était presque sûre d'y arriver. Une affaire pour un autre jour. Ou une toute autre vie. Lui offrant toute son attention, Kessara écouta patiemment sa proposition. Quelle audace. Bêtise, même. Ses sourcils se froncèrent doucement, tirant ses traits vers le haut. Lui donnant, soudainement, un air bien plus austère. - Je n'en vois pas l'intérêt. Nous nous trouvons peut-être dans l’œil d'un cyclone. Je ne vais pas vous contredire là dessus. Et alors ? N'êtes vous pas assuré de votre talent ? De votre capacité à triompher, quoi qu'il en soit ? L'information est un pouvoir. Mais aussi un cercueil. La mercenaire se montrait dure, dans les mots qu'elle employait. Elle n'était pas nécessairement hostile aux idées de son interlocuteur mais... Trop s'inquiéter, trop se préparer, étaient des attitudes tout aussi dommageables que de ne rien faire. Les doigts de la demoiselle vinrent se glisser un instant contre les lèvres du mercenaire, effaçant son sourire forcé. - Appliquez vous un peu plus. Si je ne vous crois pas, ainsi jouer ne fait que vous desservir.

S'écartant de nouveau de son interlocuteur, elle le laissa continuer. Les idées semblaient fuser à toute allure, en dessous de ses jolies boucles blondes. Que de méfiance. Venait-elle de trouver son égal ? Cette simple pensée la fit ricaner. En décalage complet avec ce que son camarade lui disait. - Je n'ai qu'un seul niveau de concentration. Maximum. Je suis alerte, ou je ne suis pas. Qu'importe ce qu'il se trame. Soyez assuré que je suis aux aguets. Et prête à toute éventualité. La vraie raison de sa venue fit enfin sa grande entrée. Il voulait son aide, oui, mais pas de n'importe quelle manière. Il voulait ce pourquoi on l'appelait le Paon. C'était tout à la fois offensant et flatteur. - Cela ne me coûte rien d'appâter l'un de ces deux gardes. Enfin... Si, du temps. Mais l'ennui me taraude si violemment que ce serait un changement apprécié. Mmh... Un instant d'hésitation feint. Comme tout le reste. Rien, ou presque, n'était naturel. Pas dans une telle situation. Kessara l'avait déjà, sa réponse. Mais s'il souhaitait attendre jusqu'au petit matin... Soit. - Vous aurez votre réponse demain matin, Faucon. Je vous souhaite une excellente nuit. Salut offert de la plus incongrue des manières. S'il voulait un spectacle, il en aurait un.

La nuit fût tranquille, tout relativement perdu au milieu de nulle part avec le strict minimum. Cela n'avait jamais dérangé la demoiselle. Prête à dormir n'importe où. Même sur le pavé d'une rue bondée. Aussitôt apprêtée, elle s'empressa de rejoindre son allié de fortune. Qu'il soit du matin ou non lui importait peu. S'il voulait travailler avec elle, il devait être opérationnel quand elle l'entendait. Aucun signe avant coureur, juste une furie déboulant à ses côtés. - J'espère que je ne vous réveille pas. C'est d'accord. Je n'ai rien de mieux à faire. Si vous rencontrez le moindre problème, ne vous étonnez pas si je n'interviens pas. Enfin... Tout dépend du dit problème. Ne découvrez pas des enfants enchaînés, par pitié. Car moi aussi, en ce cas, serait forcée de participer à votre... numéro. Avant de le quitter, de commencer sa journée, Kessara déposa son regard sur la silhouette de son interlocuteur pour la énième fois. Allure conventionnelle, habituelle, mais qui pourtant éveillait chez elle comme un sentiment de... familiarité. Impossible. Elle ne connaissait aucun Faucon. Des hommes, elle en avait rencontré des milliers. Plus que ça, même. Il n'était rien d'autre qu'une pierre sur son long chemin. Une pierre aux couleurs du passé. Passé oublié, qui finirait, inévitablement, par remonter.

Sujet: Re: Fantôme du passé ☼ Rheddyn   Mar 27 Avr - 18:46

Braies comme seul rempart face à l'indécence. Regard baladeur, sans gêne, s'attardant sur la silhouette du mercenaire. Musculature héritière des combats de toute une vie. Cicatrices, ci et là, venant confirmer ce à quoi il s'adonnait. L'art de donner la mort. Un bel homme, solaire, attirant. Un homme dont elle ne voulait pas. Pensées ancrées dans le passé, sur cette autre figure masculine qu'elle ne parvenait pas à oublier. Parasite terrassé aussitôt annoncé dans le creux de sa tête. Ce n'était pas le moment de réfléchir à quelque chose d'aussi douloureux. Compliqué. D'autres chats à fouetter. Un Faucon à fouetter, le cas échéant. Pour la première fois depuis leur rencontre, Kessara devinait un soupçon de sincérité sur le joli minois de son interlocuteur. Il était heureux, sincèrement qu'elle lui vienne ainsi en aide. Seule réaction acceptable. La demoiselle lui faisait une fleur, et la piétiner n'aurait fait que susciter son ire. Promesse dans le vent, scellant cette alliance de fortune. Elle ne s'attendait à rien. Rien de sa part. Les gens étaient lâches, faibles, traîtres. Une promesse n'avait aucune valeur. Réchauffait le cœur un instant, tout au plus. Surtout lorsqu'elle était récitée par un parfait inconnu. S'il osait se jouer d'elle, il trépasserait. De ses ongles finement limés. Et de sa magie vengeresse.

Manigance mis sous silence pour le reste de la journée. Rien n'était plus important que les apparences. Mine de tous les jours, sourire mutin, putain que tous aimaient détester. Les mots fusaient, à son passage. Les marchands. Ces deux abrutis. Indifférence. Indifférence arrogante, même, maintenant plus que tout. L'idée de les voir se déconfire, pris sur le fait, l'emplissait de joie. La proposition de son collègue lui plaisait plus qu'escompter, pour finir. Elle qui s'ennuyait si mortellement, sur cette pittoresque route de campagne, reviendrait peut-être enfin à la vie. Lors d'un des rares arrêts de la caravane, son partenaire de crime vint de nouveau la trouver. Juste le temps de tisser plus précisément leur toile. Le Faucon n'était pas idiot. Fin observateur. Stratège également. Kessara n'eut rien à redire, quant à son plan. - Entendu. Nul besoin de tergiverser plus longuement. Votre homme étouffera de plaisir, à m'entendre roucouler contre son oreille. En espérant que cela soit suffisant pour vous permettre... de conclure votre petite affaire. Oh... Et si vous avez pour projet de voler le contenu du convoi, ou me doubler, je vous tuerai. A plus tard. Horreurs susurrées comme une simple banalité. La demoiselle ne lui faisait pas parfaitement confiance. Tout était possible. Et il devait être prêt. S'il fautait, elle l'écraserait.

Moment tant attendu. Celui de prouver au monde entier à quel point elle était irrésistible. S'ils n'en étaient pas déjà persuadés, de toute façon. Au signal du Faucon, elle se dirigea lentement mais sûrement vers sa cible. Déhanché parfaitement calculé, la mettant plus en valeur que jamais. Tout était pensé pour faire soupirer sa victime le plus rapidement possible. Contrôle parfait de son être tout entier. Si ses sourcils mouvaient ne seraient-ce que d'un centimètre, c'est qu'elle le voulait. S'approchant près, beaucoup trop près du garde, Kessara commença enfin sa parade nuptiale. Lèvres humectées d'un coup de langue taquin, comme si elle cherchait à sustenter une faim vorace. - J'espérais vous trouver seul. La Très-Haute est bien miséricordieuse, en ce jour. Je dois vous avouer que... Je ne peux m'empêcher de penser à vous. Depuis l'instant même où j'ai posé pour la première fois mon regard sur vous. Je... Est-ce que l'on peut s'écarter ? Je me sens timide et j'ai tant de choses à vous dire... A l'abri des regards indiscrets. Numéro aussi vieux que le monde. L'amoureuse transie, intimidée par l'amour, et le jugement de ses pairs. Sombre crétin n'offrant aucune résistance, la suivant sans réfléchir vers la pénombre. Mystère, sur ce qu'il se passa pendant ses... petites minutes. Beaucoup de désespoir, pour l'un. Prétendument.

Toute juste ébouriffée, Kessara retourna dans sa tente, attendant patiemment le retour de son allié. Parole tenue, lui qui revenait tout content, prêt à raconter la plus incroyable des histoires. Le masque tombé, car devenu désuet, la jeune femme semblait plus humaine que jamais. Surprise et intérêt se lisant aisément sur ses traits délicats. - Oh par tous les Saints, ne reparlons jamais de ça. De lui. Regard entendu, pour appuyer le fait qu'elle avait tenu parole. Quand elle promettait, elle faisait. En général. Moins pernicieuse que tous les autres. Toujours en général. La découverte que son interlocuteur lui conta enfin ne lui inspira rien. Rien du tout. - Une théorie ? Non. Pas vraiment. Silence bien vite écourté par son cerveau qui se mettait en route. Démarrage lent, mais promesse d'une efficacité prochaine. - Tant de possibilités. L'Église Orientale en asphyxie, réclamant l'aide de malotrus ? De simple pots de vin n’incluraient pas des ouvrages religieux. Pas selon moi. Peu d'intérêt, sauf pour quelques ecclésiastiques. L'Empire est hors de cause, aussi. Vu le cheminement de la caravane, cela serait tiré par les cheveux. Je pourrais continuer toute la nuit, mais puisque vous y étiez vous-même... Qu'en pensez vous, vous ?