Voilà que l’hiver vous caresse avec ivresse. C’est un vent mélancolique. Un vent austère. Malgré le soleil. Il vous berce et pour les frileux, il sera douloureux. Mais pour ceux qui ont l’habitude, il ne sera que plus banal. C’est ainsi en Faerghus, et pour le jeune homme qui aura tant connu le froid. Le sol glacial. Les tourments qui l’accompagnent. Ce n’était pas très grave. Ce n’était qu’une brise. Comme dans tes souvenirs. Alors peu importait le temps, tu te laissais simplement vivre. Aux côtés de cette jeune fille. Cette demoiselle que tu avais recueillie. Il est vrai, sans Aristide, ta vie serait bien plus triste. Tu ne serais pas capable de sourire. Ou bien d’affronter ce froid. Peut-être qu’en réalité, tu ne serais plus là. Tu te serais sans doute laissé dépérir. Le chemin que tu suis aujourd’hui, aurait été bien différent. Plus sombre. Et peut-être vivrais-tu encore une vie de manant ? Si ces questions se soulevaient parfois… Tu avais tendance à vouloir les ignorer. Lorsque les réponses sont impossibles à trouver, cela ne sert à rien de tergiverser. Tu préférais t’en détacher. Comme à chaque fois.

Étais-tu en train de fuir ?

Vos pas se trouvent non loin des frontières. Entre le Royaume et l’Alliance. La journée s’annonçait tranquille. Pour le moment, il n’y avait pas grand-chose que vous pouviez faire. L’argent semblait bien loin. Personne à l’horizon. Juste ces étendues. Ces plaines vastes et enneigées. Ces couleurs froides qui te rappelaient ta sœur bien-aimée. C’est vrai qu’elle pouvait parfaitement se fondre dans le décor. Cette pensée t’amusait. Tandis que toi, tu contrastais. Il y a le blanc immaculé et le noir de jais. Un petit duo qui savait se faire remarquer. Si cela pouvait vous faire gagner du boulot. Quelle importance. Bien que, de ton côté, tu éviteras de trop te laisser aller. Cacher un emblème, c’était plutôt compliqué. Bien plus que certains ne pouvaient le soupçonner. Et à la fois, il fallait vivre. Survivre. Le mercenariat avait ses risques. Tout autant que ce métier était plaisant. Tant que cela rapportait de l’argent… Sans avoir à voler. À se disputer et regretté.

Sans avoir à perdre une partie de son humanité.

Tu regardes les alentours. Ne serait-ce point le moment pour un petit moment détente ? Le temps le permettait après tout. Si l’hiver était austère. Il ne te posait pas de problèmes. Et sans doute, cela était de même pour la demoiselle. Enfin, dans tous les cas, juste marcher sans fin, cela ne t’allait pas :

« Bon et si on faisait une petite pause ! »

Tu t’étires et après un long soupir, tu te saisis de ta lance, sourire au coin des lèvres. Tu sors une pierre à aiguiser pour prendre soin de cette arme que tu aimes tant ! Quelques coups et hop ! Il était peut-être temps de se réchauffer un peu. Ton regard se pose sur ta sœur. C’est avec enthousiasme que tu l’abordes :

« Aris ! Ça te dit un petit entraînement ? C’est important de se dégourdir ! »

Cette demande n’était qu’une routine. La jeune fille aurait dû se douter que tu finirais par lui demander. Tu apprécies pouvoir te battre un peu contre elle. Même si ce ne serait jamais aussi sérieux et acharné, que les combats que vous avez l’habitude de mener. Aristide est débrouillarde. Ce n’est pas une femme faible. Tu le sais. Malgré votre différence de taille. Votre corpulence qui diffère tant. Tu la savais largement capable de se défendre. Alors, quitte à t’entraîner, autant aussi, profiter d’un moment familial. De se créer un nouveau souvenir. Tout aussi précieux les uns que les autres. C’est un quotidien que tu apprécies. Un quotidien que tu chéris :

« J’espère que tu es prête à en découdre sœurette ! »