La rumeur avait commencé à chatouiller les oreilles de Rheddyn il y a quelques semaines maintenant près de Riegan. Alors qu'il se dirigeait vers Gloucester, il fit halte dans une auberge abordable au sein d'une bourgade où la méfiance était de mise. Les habitants n'étaient pas particulièrement les plus accueillants mais le jeune homme conclut que la présence de l'empire en était certainement la cause. Ainsi, lorsqu'il s'installa à table le soir de son arrivée il ne trouva pas de camarade pour échanger quelques péripéties qui rythmeraient la nuit. Plongé dans la solitude maussade du mercenaire de passage, il dégusta une part du gibier chassé plus tôt dans la journée et s'abreuva d'une boisson que même les locaux ne devaient pas consommer. Il songea à son futur retour au sein d'Adrestia avec une amertume qu'il aurait souhaité partager avec le premier curieux de passage. Au cours de ses pérégrinations il avait eu tout le loisir d'apprendre que les discussions de comptoir arrosées étaient certainement celles qui fournissaient le plus d'informations. Écouter était devenu un art qu'il avait façonné jusqu'à en devenir un fin manieur ; tendre l'oreille et relancer les sujets à creuser étaient autant de pratiques qui avaient rythmé son quotidien.

C'est ainsi que lorsque qu'il s'enquit des lieux chaleureux du village auprès du tavernier, bien aidé par un supplément d'écus, Rheddyn apprit qu'une fois par semaine le doyen des lieux rassemblait quelques fidèles pour conter des histoires toutes plus extraordinaires les unes que les autres. N'ayant rien de mieux à faire et de nature curieuse, il se dirigea lentement vers les lieux et arriva un peu en avance. Un vieil homme munit d'une capuche et d'une canne qui semblait porter tout son poids l'accueillit avec une voix caverneuse. « Un étranger, voilà qui change le programme de ce soir. Assieds toi jeune homme. J'ai pour habitude de conter ce que mon imagination me souffle à l'oreille, mais ce soir je te ferai une fleur. Viens tu en paix ? » Piqué à vif par l'aplomb de l'hôte à l'étrange réflexion, il prit place avant de répondre calmement. « Je te promets que c'est ma passion pour les mots bien dits qui m'a mené à toi. » Sans même voir son visage, Rheddyn devina un sourire silencieux derrière le tissu mystérieux. « Tu me flattes. Et je vais donc bien te faire un cadeau. Écoute mes mots avec attention, car ils te mèneront vers une récompense inespérée. »

C'est ainsi que le blondinet apprit la possible existence d'un trésor merveilleux au sein d'une caverne située dans les gorges de Fodlan. Il dut admettre que ce ne fut pas l’appât du gain qui le motiva de prime abord mais bien l'envie de donner vie à cette légende si incroyablement contée par le vieillard. Le trésor... Si vraiment il existait, serait un bonus considérable. Il fit donc une halte par Gloucester où il eut l'occasion de croiser quelques visages du passé avant de faire route vers le lieu en question. Le temps fut clément et la progression assez facile. Le conteur lui avait indiqué l'endroit de manière précise et avait tenté de dessiner une carte qui s'avéra étonnamment utile.

Il se trouva donc rapidement face à la caverne en question qui semblait incroyablement sombre. Il lui était impossible de discerner quoique ce soit de l'extérieur et seule une exploration minutieuse permettrait de conclure si le destin avait été farceur ou profitable. Il s'apprêta donc à pénétrer à l'intérieur lorsqu'un bruit de pas se fit entendre dans son dos. La main sur sa hache il se retourna dans un réflexe presque félin prêt à bondir sur l'intrus. Avait-il été piégé par le village entier dans le but d'être facilement détroussé ? Non... Ils auraient eu tout le loisir de le faire sur place. Rheddyn se détendit quelque peu avec une méfiance toute relative. Une jeune femme lui faisait face mais quelque chose de menaçant se dégageait d'elle. Alliée ou ennemie, il ne faisait aucun doute qu'elle n'était pas à prendre à la légère. « Pardonnez ma réaction, j'avoue être surpris de croiser quelqu'un ici. » Sa main restait prête à sortir son arme et ses sens étaient aux aguets. « Puis-je connaître votre identité ? »

Après son court passage à Enbarr, les pas de Maât l’ont ramené vers le territoire de l’Alliance. Sa recherche à la capitale Adestrienne n’avait pas abouti à grand-chose, à part peut être une discussion à avoir avec un homme ivre et une dette à rembourser au plus vite. Elle avait donc décidé que  son périple la mènerait vers une auberge, se situant entre le Comté de Daphnel et le Comté de Charon.

Maât avait décidé d’emprunter la route du Fort de Merceus, puis de passer par le Comté de Bergliez. Maât ne voulait pas prendre le chemin de Garregh Mach, les lieux étaient infestés de malfrats et une ancienne promesse l’empêcher, pour l’instant, de s’y rendre.  Elle emprunta le chemin vers la  plaine de Gronder pour arriver au Grand Pont de Myrddin. Elle ignorait si elle pouvait le traverser, vu qu’il était toujours sous la tutelle de l’Empire, et malgré le pacte de non-agression, le passage par ce lieu était toujours contrôlé,  malheureusement cela restait sa seule route.

Elle continua sa route vers le Comté de Gloucester, arrivée sur ces terres, un vent de rumeurs parvint aux oreilles de notre chère voyageuse.
Les Gorges de Fodlan. Une histoire ancestrale. Une caverne. Un trésor caché. Un conteur d’histoire, capuchonné et boitant, relayant cette légende. Un jeune homme parti à la recherche du dît trésor.
Maât ouvrit son sac pour voir si son contenu lui permettrait de faire un petit détour. Même si elle était occupée, les mystères non résolus avaient toujours été une grande passion. Quand son esprit n’était pas happé par des livres tactiques, il n’était pas rare de voir Maât explorer le continent.

Une potion, une rose et 400 petits écus. Voici le contenu de son sac. Elle portait dans son dos un arc et un carquois de flèches, ainsi qu’une rapière ornant  sa taille, un récent achat qui l’avait laissée sans un rond pour se ravitailler. « Si je recroise cette arnaqueuse, j’y réfléchirais à deux fois avant de lui passer commande. »

« Si ce trésor existe réellement, j’espère qu’il sera assez conséquent pour refaire le plein. Je reprendrais la route après, je vous le promets. Que Sothis soit témoin de cette promesse. »

Maât pris donc le chemin de cet endroit connu pour être dangereux. Le seul rempart empêchant l’invasion Almyrienne. Lors de son trajet elle aperçut au loin, un jeune homme blond, marchant d’un pas décidé et confiant. L’instinct quasi animal de Maât se réveilla, elle devait suivre ce jeune homme. Il avait l’air de tenir une carte entre ses mains. ‘Serait-ce une carte menant jusqu’à l’emplacement de la caverne ?’
Elle décida de le suivre discrètement. Ils marchèrent un long moment jusqu’à ce que le jeune homme s’arrête. La caverne se tenait sous leurs yeux, et dans son excitation Maât oublia de contrôler ses bruits de pas et vit l’inconnu se braquer avant de descendre sa main vers sa hache accroché à sa ceinture et de se retourner. Il se détendit un peu mais son regard était rempli de méfiance.

« Pardonnez ma réaction, j'avoue être surpris de croiser quelqu'un ici. »

Sa main, toujours au niveau de son arme, prêt à dégainer au moindre geste.

« Puis-je connaître votre identité ? »

« Je suis Maât, une voyageuse. »

La réponse ne semblait pas convenir au blondinet.

« J’ai eu vent de la rumeur sur un trésor caché dans les gorges, et ma curiosité a pris le dessus. Je vous ai suivi à cause de mon instinct, et nous voici tout les deux devant cette caverne. Je me permets de vous accompagner, cet endroit me semble dangereux et une paire de mains ne sera pas de trop. Par rapport au trésor, réglons cela à la fin de notre exploration. »

Sur ces mots, Maât pénétra la caverne et fut entouré par un brouillard intense. L’atmosphère était angoissante mais des bruits de pas s’arrêtant à sa gauche la rassurèrent. Le jeune homme avait décidé de rester.

« Quel est votre nom ? »