L'Odeur du Charbon

J'ouvris les yeux.
Partout autour de moi, les mêmes ténèbres flous et oppressants que chaque jour.
Je soupirai.
À demi-absente de moi-même, le vague à l'âme et l'esprit embrumée, je me relevai dans ce décor sombre. Pourtant, les délicats gazouillis de quelques intrépides oiseaux, bravant le froid glaçant de l'hiver en cette nouvelle Lune Des Etoiles, semblaient s'être élevés. En quelques notes d'allégresse éparses, ils venaient de m'annoncer que l'aurore avait du poindre sa couleur dorée dans le ciel depuis bien longtemps maintenant. Impression qui fut confirmée lorsqu'à ces petits chants matinaux s'ajouta le cri discordant de la cloche du centre ville d'Enbarr, prouvant dans une étrange symphonie routinière que j'avais encore tardé à me lever. Dix coups : il était dix heure. J'étais en retard, encore.
Dans un râle, je plongeai un pied dans le néant obscur qui me faisait face ; et lorsqu'il trouva enfin contact avec le sol, j'y ajoutai le second. Ma main droite trouva quant à elle le mur de ma chambre, qui fit un excellent et fidèle appui. J'avançai alors, laissant la surface sous ma paume défiler en me caressant. Le bois usé laissa place à de la pierre froide, révélant toutes les irrégularités que l'on ne voyait certainement pas avec des yeux ; et bientôt, je rencontrai l'encolure de la porte menant à la salle de bain. La fraicheur du carrelage sous mes oreilles encore somnolant de leur nuit trop courte à leur goût m'indiqua que j'étais bien arrivée à destination. Après avoir tâtonné pour trouver le lavabo, j'ouvris le robinet, libérant un torrent d'eau glacée qui filait entre mes doigts dans un claquement presque assourdissant. Je resserrais mes main et portai l'eau à mon visage : rien de tel pour se réveiller.
Je pris encore un bon quart d'heure pour me préparer, avant de finalement rejoindre l'entrée dans un nouveau voyage prudent en longeant le mur du bout des doigts.

Je m'emparai de mon bâton de fer, en plus d'être pratique, cette sorte de canne dont la surface lisse et froide et son odeur âcre et métallique me rassurait. C'était un des premiers essais à la forge de mon fils, il avait tenu à me faire un appui qui puisse m'aider à marcher droit quand il ne serait pas là. Et aujourd'hui encore, elle me sert quotidiennement... Au souvenir de la naissance de cet outil, je réprimai l'esquisse d'un sourire fugace, avant de finalement me lancer à l'assaut de la capitale Adrestienne en heure de pointe. Je claquai la porte de mon foyer derrière moi, et m'efforçai à avancer. Aro devait être parti pour la forge bien quelques heures avant moi ; et je n'avais qu'une hâte c'était de l'y retrouver. Mais avant cela, un peu de marche m'attendait, et intérieurement, je me maudissais. Car à cette heure ci, il y a beaucoup de gens errant dans les rues et y circuler librement en était naturellement plus difficile. Je détestais ça. Avec leur brouhaha et leurs pas nonchalants, leur omniprésence et leurs effluves d'humains il était plus difficile de se repérer aux sons et aux odeurs pour savoir où j'étais.

J'eus un moment d'hésitation, et m'arrêtai alors dans mon parcours. Normalement, j'aurais dû sentir l'odeur de pain chaud et des viennoiseries de la boulangerie L'Enbarrois depuis quelques minutes déjà. Avais-je tourné au mauvais endroit à cause du monde présent? Pas impossible...
J'humais alors mon environnement, avant de finalement trouver la fringance que je cherchais tantôt ; je ne m'étais  pas complètement perdue, mais au vu de son peu d'intensité j'avais dû m'éloigner un peu de la route. Soulagée, je soupirai, et repartis de plus belle sans faire plus attention à mon environnement.

J'heurtai quelqu'un.

Maudite journée. L'odeur du charbon de ma forge et la voix énergique de mon fils me manquaient, et moi, j'arrivais à m'empêtrer dans des problèmes du quotidien avec un passant. À croire que je n'avais que ça à faire.

L'Odeur du Charbon

« -Je m’en vais…
-Je vois…Tu seras la bienvenue, tu sais ? Penses à leur dire au revoir avant de partir.
-Je sais, c’est déjà fait, je leur ai écrit un mot.
Une jeune femme, aux cheveux verts, commença à partir, mais s’arrêta au bout de quelques pas avant de se retourner.
-Prenez soin de vous !
-Merci, que la Déesse veille sur toi ! »

-Madame ! Madame ! Je suis navré de vous réveiller, mais nous sommes arrivés.

J’ouvris les yeux, et me redressa en m’étirant. Je remerciai le marchand, qui fût mon compagnon de voyage, avant de descendre de sa caravane.
Enbarr, la capitale de l’Empire d’Adrestia se dressait autour moi. Mes dernières pistes me ramenaient toutes à cette ville, mais l’immensité était telle, que je ne savais par où commencer. Il fallait que je trouve un endroit pour me renseigner. Mon ventre chanta une merveilleuse mélodie, me rappelant que je n’avais pas mangé depuis la veille.

Je me dirigeais donc vers une taverne, pour rassasier cet estomac. Le tavernier m’accueillit avec un grand sourire.

-Bienvenue Mademoiselle, chez  La Taverne de l’Aube ! En quoi puis-je vous aider ?

Je m’assis donc au comptoir, puis commanda le  petit déjeuner du jour. Le tavernier parti et revint avec une tasse de thé et un plateau de viennoiseries.
J’entamais donc mon repas et lui demanda :

-Je recherche une personne, malheureusement la ville a changé depuis ma dernière visite et je ne pourrais sans doute plus me repérer. Connaissez-vous un lieu où rumeurs et informations sont mots d’ordre ?

-Rumeurs et informations ? Vous devriez essayez de voir au Flaming Fang, une forge très connue d’Enbarr! Des rumeurs prétendent que la forgeronne, Merahi, serait une laguz dragon… Mais vous savez comment sont les rumeurs, on ne peut pas toujours s’y fier. Outre les rumeurs, je peux vous garantir que ce lieu est votre meilleure chance si vous cherchez un renseignement.

« Une laguz dragon… »
-Merci pour le renseignement, où puis-je trouver cette forge ?

-La forge n’est pas très loin d’ici, à deux rues d’ici environ. Il suffit de tourner à droite dès que vous sortez, puis d’aller tout droit, lorsque vous apercevrez l’Aigle magique, un magasin de magie, il faudra tourner à gauche. Puis ensuite tout droit, jusqu’à la forge. Des personnes seront sans doute devant à attendre leur livraison. D’ailleurs Merahi ne devrait pas tarder à commencer sa journée. Passez-lui mes salutations. Et si vous perdez votre chemin n’hésitez pas à demander aux passants.

Je le remercie, puis fini mon repas. En partant, cinq écus, une tasse et un plateau vide furent les seules traces de mon passage.
En sortant de la taverne, je pris la direction de la forge. J’en profitais pour observer un peu Enbarr, la ville avait bien changée depuis mon dernier passage. De nouveaux bâtiments avaient été construits et d’autres détruits. Les rues avaient une atmosphère différente, plus détendue qu’auparavant.

Une foule abondante se dessinait sous mes yeux, je continuais mon chemin jusqu’à arriver au magasin de magie. Le bâtiment semblait ancien, pourtant je n’avais pas le souvenir de l’avoir vu lors de ma dernière visite. Je tournais à droite, la dernière rue avant la forge.
Seulement, perdue dans mes souvenirs, je finis par percuter quelqu’un.
Des cornes noires coiffant des cheveux d’un rouge éclatant furent la première chose que je vis. Était-ce la fameuse forgeronne ?

-Êtes-vous Merahi la forgeronne du Flaming Fang ?

Je pris alors le temps d’inspecter la personne. C’était une jeune femme d’environ une vingtaine d’années, possédant une crinière de feu et des yeux, d’une couleur violette, qui ne semblaient pas voir. Elle tenait, entre ses mains, un bâton en fer, contre lequel son corps s’appuyait.
Malgré son apparence, je ne doutais pas un instant qu’elle pourrait m’aider dans ma quête.

L'Odeur du Charbon

Un râle. Une excuse. Un reproche. Une insulte. De la pitié. De la curiosité. De la peur... Un arbre des possibles auquel je m'étais habituée ; mais rien de tout cela : il faut croire que les humains m'étonneront finalement toujours. En une toute simplicité pour le moins étonnante, mon interlocuteur m'avait alors humblement demandé mon identité. Ni plus ni moins.

Son grain de voix était plus profond que l'abysse des océans, plus calme que le ciel nocturne, et pourtant plus délicat que la soie. En quelques mots, une impression de sagesse s'était instaurée dans ses paroles sans friotures qui n'avaient porté aucune attention à la situation et aux sentiments, contrairement à ce qu'aurait fait la grande majorité d'humains. Il m'avait semblé qu'il s'agissait d'une femme, bien que j'eus à hésiter quelques secondes. Cette femme avait simplement une aura mystique, et un parfum délicat de cotton et de vanille, avec peut-être une pointe de fleur d'oranger.

Il était étrange que cette apparition me connaisse, alors que pourtant elle avait un accent étranger et une attitude bien différente des habitants d'Enbarr. Les rumeurs allaient peut-être bien plus vite que je ne le pensais, ici-bas. En même temps, cela ne m'étonnait pas beaucoup, car les ragots accouraient aussi dans le coin, et avec les allées-venues de chacun à la forge, et au vu du statut de certains clients, les lieux étaient devenus aussi un noeu à potins. Presque plus encore qu'à la Taverne de l'Aube. Je marquais un silence avant de répondre à sa question, méfiante :

"En effet, c'est moi."

Une réponse simple pour une question simple. Je ne savais pas à qui j'avais affaire, bien qu'elle me faisait bonne impression aux premiers abords, et qu'elle me paraissait douce et honnête. Mais on ne sait jamais, avec les humains. Et à défaut de pouvoir l'observer droit dans les yeux, et de jauger sa personne, je tendis l'oreille et ouvrai mes sens. Si elle mentait ou tentait de me mener en bateau, il sera fort probable que je le devine à sa voix, ou à l'accélération de sa respiration par exemple. Je soupirai alors, et commençai à repartir vers ma destination avant de lui glisser froidement :

"Suivez-moi à la forge si vous avez besoin de quelque chose, je suis déjà en retard."

Renfrognée, j'avançais prudemment, accompagnée par le bruit des pas de mon interlocutrice. Que pouvait bien vouloir cette étrangère, si c'était bel et bien une étrangère ? Quelle pouvait être son histoire ? Bien que je n'en montrais rien, au fond de moi, j'attisais une certaine curiosité.

L'odeur du charbon me prévint lorsque nous fîmes enfin arrivées au Flaming Fang.

L'Odeur du Charbon

"En effet, c'est moi."

Je souris intérieurement. C’était bien elle, pour une fois que je ne me perdais pas en chemin.
Elle avait l’air d’être sur ses gardes. Maintenant que j’y pense, je n’aurais jamais dû la heurter en pleine rue. Elle était déjà censée être dans sa forge et entamait sa journée. Elle soupira, commença à partir et me dit d’une voix froide.

"Suivez-moi à la forge si vous avez besoin de quelque chose, je suis déjà en retard."

J’avais raison, elle était en retard. Je décidai de la suivre sans parler. Quelques secondes plus tard, nous étions arrivées au Flaming Fang.
Une file attendait déjà devant la forge mais Merahi me fit signe de la suivre à l’intérieur. Je la laissai s’occuper de ses clients en priorité puisque mes questions pouvaient attendre.
Je m’installais sur une chaise en attendant qu’elle finisse.

Pendant ce temps, j’en profitai pour observer la forge. Des coups de marteau s’abattant sur une tige à chaud, des coups transformant un bout de métal en une lame acérée. Une épée, une hache, une lance ou encore des armures, toute une panoplie servait de décoration à l’intérieur de la forge. Une chaleur intense se dégageait de la pièce ainsi qu’une  odeur constante de charbon.

Quelques heures plus tard, je vis que les clients étaient partis. Merahi se tourna vers moi et avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, je pris la parole.

« Le tavernier de l’auberge vous passe ses salutations. C’est lui qui m’a informé que dans votre forge, une flopée de rumeurs se rencontre.
Je suis à la recherche de personnes précieuses à mon cœur, seulement j’ignore où elles se trouvent. J’ai la certitude qu’elles sont encore en vie, au moins l’une d’entre elles.
Si les rumeurs font part d’individus ayant l’air sur leurs gardes ou bien possédant des cheveux verts,, je vous prie de m’aider.
Sinon je repartirai en m’excusant de vous avoir dérangé. »  

Merahi avait l’air de réfléchir, comme si une vieille rumeur lui revenait à l’esprit, peut être réfléchissait-elle simplement  à une réponse à me fournir. Je ne pouvais pas laisser mon cœur se gonfler d’espoir, la déception survenait toujours dans ces moments là.

L'Odeur du Charbon

Les clients, aujourd'hui encore, avaient été nombreux. La journée avait défilé avec la vitesse d'un violent vent du nord, faisant succéder les voix, les demandes et les commandes. Mon accompagnatrice avait pourtant été discrète et patiente, sa demande devait vraiment lui tenir à coeur pour attendre des heures en regardant une vieille dragonne râler aux moindres dires et frapper le fer chaud sans relâche de son énorme marteau.

Lorsqu'enfin une interruption d'affluence se fit, je m'enquis de retourner auprès de mon invitée. Je n'us le temps de prendre l'initiative de parole : elle m'indiqua promptement toutes les informations.

« Le tavernier de l’auberge vous passe ses salutations. C’est lui qui m’a informé que dans votre forge, une flopée de rumeurs se rencontre.
Je suis à la recherche de personnes précieuses à mon cœur, seulement j’ignore où elles se trouvent. J’ai la certitude qu’elles sont encore en vie, au moins l’une d’entre elles.
Si les rumeurs font part d’individus ayant l’air sur leurs gardes ou bien possédant des cheveux verts, je vous prie de m’aider.
Sinon je repartirai en m’excusant de vous avoir dérangé. »

À ces mots, je fus d'abord surprise, puis je marquai finalement un silence le temps de réfléchir. Des cheveux verts, n'est-ce pas...? Je fronçai les sourcils. Des individus sur leurs gardes, il y en a une floppée dans le coin, surtout du côté du marché noir d'Enbarr, mais cela ne devait pas être une piste viable pour cette étrangère, et de surcroît, cela la mènerait droit vers un lieu dangereux sans aucune justification. Je cherchais plus loin encore dans ma mémoire, descellant les portes verrouillées des souvenirs de ces 180 dernières années.

"Pour vous dire vrai, des rumeurs j'en entends de nombreuses, et ce, depuis bien longtemps..."

Surtout ici, à Enbarr, àla croisée des adrestiens et leurs innombrables ragots, et des dires venant des quatre coins du continent des marchands itinérants venus pour faire fortune. Mais lesquelles pourraient vraiment lui être utile? Pensai-je pour moi-même. Pouvais-je seulement lui faire confiance ? Ou est-ce que j'attenterai, sans le vouloir, à la vie de ces personnes qu'elle cherchait... Non, sa voix posée et ferme implorait presque, et me semblait d'une honnêteté plus transparente qu'un cristal.
Des cheveux verts... Il n'en fallait pas plus pour me convaincre que cette personne était à la recherche de feu l'archevêque Rhea et sans doute de certains de ses proches. Elle était la seule personne à correspondre à cette description et à manquer à l'appel dans Fodlan tout entier. Pourquoi recherchait-elle une morte ? Mon interlocutrice était convaincue qu'elle était vivante? Pourquoi? Était-ce simplement une pieuse en plein déni du décès de feu la dirigeante de la Sainte Eglise ?
Je grommelai, désolée :

"Je suis navrée de vous décevoir, mais de source sûre j'eus bien croisé des personnes aux cheveux verts, à Garreg Mach, mais c'était il y a de ça au moins 25 ans. À l'époque je voyais encore, et je pourrai vous témoigner de ma parole qu'elles existaient bien... Mais c'était il y a fort longtemps, je crains que leur disparition ne date que de la récente guerre, d'où votre recherche n'est-ce pas?"

Je marquai une pause, avant de reprendre, avec un ton prudent :

"J'ai cependant de source moins sûre quelques pistes à vous supposer...

D'une part, de moi-même, mais mes yeux n'étant plus fiables je ne pourrai vous confirmer l'apparence de cette personne. J'ai en effet rencontré quelqu'un, ici même. Une femme, avec une voix aussi calme et ferme que la votre, et surtout, avec la même odeur que vous. Elle m'avait dit fuir Garreg Mach car les 'Terres Saintes n'étaient plus sûres', selon ses dires. Elle avait l'air prudente et affectée par ses propres paroles. Pourquoi cherchait-elle refuge? Je l'ignore. J'ignore également si elle avait ou non les cheveux verts, ainsi que sa destination...

D'autre part, ma seconde piste est d'autant moins fiable que la première car elle ne vient même pas de moi. Un partenaire marchand qui vient régulièrement est passé récemment, et il s'était plaint d'un homme ivre qui l'avait agacé toute la nuit à l'auberge dans laquelle il avait fait halte à Leicester. Les faits qu'il m'a raconté remontent à il y a de ça... trois semaines peut-être.
Les dires de l'ivrogne avaient été presque incohérents, et entre deux hoquets, il avait vociféré à qui voulait l'entendre qui avait vu un enfant de la Déesse, aux cheveux verts et aux oreilles pointues, quelque part à la frontière de Faerghus et Leicester. Il avait fondu en larme en hurlant de plus belle que la Très-Haute avait enfin envoyé quelqu'un ici-bas pour prodiguer la paix. Enfin, c'était des paroles de vieux fou ébréché par l'alcool ; mais cela avait profondément vexé et énervé le marchand qui m'a raconté cette histoire car ce genre de 'paroles saintes' ne sont pas des plus appréciées pour les adrestiens comme lui. "

Je me tus enfin. Il était rare que je parle autant, surtout pour rendre service à quelqu'un qui n'avait pas dûment gagné ma confiance avant... Mais quelque chose m'interpellait chez elle.

J'étais pourtant déjà presque persuadée, avant qu'elle ne me réponde, que ces informations on ne peut plus floues ne pourraient jamais la satisfaire pleinement. Peut-être me réservait-elle encore quelques questions, pour lesquelles je pourrais me montrer plus utile.

L'Odeur du Charbon

Une jeune femme cherchant un refuge, après la chute du Monastère et  une rumeur d’enfant de la Déesse, sorti de la bouche d’un vieil ivrogne. Mes deux seules pistes, aussi floues l’une que l’autre. Je m’y attendais quelque part, de n’avoir que peu d’informations, malgré tout, j’étais surprise que cette femme, à l’air méfiant, me les donne. Attendait-elle une récompense ou un futur service à rendre?  

Puis son information sur des personnes aux cheveux verts,  à Garregh Mach, dont la disparition date de la récente guerre… Elle faisait sans doute référence à  Dame Rhéa, Seteth et Flayn. Où donc se trouvent-ils ? Ont-ils laissé des lettres où des indications pour les retrouver ?
Un ancien souvenir fraya un chemin dans mon esprit « Si un jour, une catastrophe se produit nous partirons vers… » Après toutes ces années, il fallait que j'oublie un détail aussi primordiale dans cette situation chaotique !
Merahi regarda dans ma direction, comme si elle savait que je voulais lui poser d’autres questions. Comme si elle savait que les informations données ne me satisferaient pas.

"Je vois. Je m’attendais à devoir vous soutirer des informations, par tous les moyens mais je constate que ce ne sera pas nécessaire. Je vous remercie d’avoir répondu honnêtement. Cependant je pense que vous vous doutez que ces informations sont loin de m’avoir satisfait. Je ne  peux vous blâmer pour cela, votre vue vous fait défaut et je comprends tout à fait à quel point ça peut être gênant. Je vais quand même suivre votre piste de l’homme ivre, quitte à revenir sur mes pas."

Je marquai un arrêt pour reprendre mon souffle et observer la forgeronne. Elle s’était légèrement tendue, pendant ma réponse, avant de reprendre sa posture initiale. J’entamais donc.

"J’aimerais savoir si vous connaissez le lieu où Feu l’Archevêque Rhéa a été vu pour la dernière fois. Même si elle a été prononcé morte, je veux en avoir la certitude.
Je ne sais pas si vous attendez quelque chose en retour mais nous autres voyageurs, avons l’habitude de nous échanger des bribes d’informations lors de nos rencontres. Si vous avez besoin d’aide un jour, n’hésitez pas à m’écrire pour que je vienne vous aider."

Je n’avais rien d’autre à lui offrir que mon aide. J’allais partir mais je me souvins d’une information intéressante du tavernier.

"Avant de partir, pourriez-vous me conter votre histoire Merahi ? Comment une laguz dragon s’est retrouvée sur les terres de Fodlan ? Et pourquoi a-t-elle choisi de devenir forgeronne ? "

Je la regardai avec attention tout en ne sachant pas si elle me conterait son histoire. Même si elle ne le faisait pas, je reprendrai la route en direction d’une petite auberge située entre le Comté de Charon et le Comté de Daphnel.