Sujet: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Dim 28 Mar - 13:20

La neige avait cessée de tomber. Un épais manteau recouvrait le sol dans cette région reculée du sud de Faerghus frappée par un hiver particulièrement rude. Des traces de pas s'y dessinait, franches et distinctes abandonnées par un homme solitaire ayant perdu toute notion du temps - ou même d'humanité pour ceux ayant eu le malheur de croiser son chemin. De stature grande et imposante, ses larges épaules étaient drapées d'une cape cobalt ornée d'un blason représentatif d'un haut lignage royal. Ses longues mèches blondes dissimulaient une partie de son visage meurtri par la fatigue et les années de supplices qu'il endurait pour un si jeune âge. Dimitri marchait, errait tel un mort-vivant sans but apparent, si ce n'était d'agir instinctivement en environnement hostile. Son armure présentait des entailles où l'on pouvait aisément suspecter d'éventuelles blessures là-dessous dont il ne se souciait guère. Son état n'avait plus rien du prince fringuant que l'on connaissait. Il n'était désormais plus que l'ombre de lui-même exposé à un danger de mort permanant. Celui qu'on appelait le Démon borgne savait ses heures comptées mais ne s'arrêterait pas avant d'avoir rendu justice.

Alors qu'il marchait à pas de loup, un homme apparut furtivement dans son angle mort armé d'un poignard et se jeta à corps perdu sur sa cible. Heureusement pour le faerghusien, ses réflexes étaient suffisamment aiguisés pour avoir eu le temps d'esquiver brièvement cette attaque sauvage. Au lieu que l'issue lui soit fatale en étant touché à la jugulaire, la lame lui avait à la place entaillée le bras. La douleur nourrissait sa rage émergente, cruelle et destructrice. Il n'eut ensuite aucune hésitation à se saisir à mains nues de son assaillant et à lui offrir une mort atroce dont nul n'aurait souhaité. Son faciès n'exprimait ni pitié, ni remord face à la dépouille jonchant à ses pieds.

Son répit ne fut toutefois que de courte durée. Après un assassin, se furent des soldats impériaux qui profitèrent d'un instant d'inadvertance pour tenter de l'abattre. Le Blaiddyd se retrouva rapidement en situation délicate. Tenant fermement une lance qu'il avait dérobée à l'un de ses ennemis, jurant les dents serrées, Dimitri luttait une fois encore pour sa survie. Homme de guerre avant d'être un royal, il considérait que sa vie n'avait de toute évidence aucune autre finalité. Une bataille de plus ou une de moins, rien de son point de vue ne changerait cela. Personne n'y était parvenu, pas même ses plus proches alliés.

Ce fut finalement avec une rage de vaincre des plus féroces qu'il vint à bout de ses adversaires. Reprenant son souffle au milieu des corps qu'il venait de massacrer, les voix dans sa tête résonnaient d'autant plus fort qu'elles n'étaient pas contentées. Elles ne l'étaient jamais, quoiqu'il fasse. Dimitri entendait leur complainte nuit et jour sans trouver le repos depuis cette terrible tragédie. Le prix à payer de sa survivance était de servir leur volonté plus que la sienne. Ses promesses, ses désirs, ses rêves...Tout cela appartenait au passé désormais, ou en tout cas, tentait-il de se convaincre au fond pour apaiser ses peines. On lui avait enlevé sa famille, volé son trône et trainé sa dignité dans la boue. Il avait perdu jusqu'à son meilleur ami et la femme qui fut sa seule lumière, son phare dans l'obscurité dans lequel il avait fini par s'engouffrer.

Alors que le Blaiddyd semblait être en prise avec lui-même, un bruit l'extirpa de cette espèce de trance dans laquelle il était. Et avant même de réaliser s'il s'agissait d'une attaque ou d'un animal sauvage, il se retrouva projeté à terre sans autre forme de procès.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Mar 13 Avr - 19:28

Quelque peu sonné suite à une chute aussi pitoyable qu'inexplicable, Dimitri lâcha un grognement de mécontentement. Il sentait un poids sur son corps dont il n'aurait probablement pas de mal à se débarrasser. L'œil fermé et l'autre dissimulé, le prince déchu n'avait pas encore eu loisir de voir l'origine de cette situation inconfortable. Ne comptant pas rester plus longtemps ainsi, il s'apprêtait à se dégager alégrement de ce qui l'empêchait de se mouvoir correctement.

Et c'est là, qu'il revit ce doux visage pour la première fois depuis quatre ans.
Ces traits qu'il avait d'abord longuement observé à travers ses yeux naïfs d'enfant, puis d'adolescent.
D'abord curieux, contemplatif, admiratif. Subjugué. Le professeur Byleth était pour le prince une source d'espoir et de motivation dans cette existence qui ne lui avait pas fait de cadeau. Il avait tant appris à ses côtés et par dessus tout, à retrouver ne serait-ce que brièvement ce que cela faisait d'être heureux, mot dont il en avait tristement oublié le sens depuis la Tragédie de Duscur. Mais tout ceci n'était qu'une illusion. Un être comme lui, un monstre qui plus est, n'avait pas le droit au bonheur après tout.

Byleth était morte. Morte ! Elle était devenue un mirage, ancré dans le douloureux souvenir de sa perte. Comment pouvait-elle dans ce cas lui apparaitre ainsi après une si longue absence ?

« Vous...! »

Paralysé, l'expression figée, c'est alors qu'il réalisa.
Elle aussi les avait rejoint, ces fantômes qui le hantent. Déversant leur colère, leurs regrets, leur haine la nuit comme le jour. Aucune issue ne s'offrait à lui, si ce n'était obéir et être le chevalier servant d'une justice mortifère.
Dans un geste ferme quasi-irréfléchi, le Blaiddyd vint subitement se saisir de celle qu'il prenait pour une imposteure par les épaules. Une partie de lui voulait croire qu'elle avait survécu et l'autre, que ce n'était rien de plus qu'une piètre mascarade. L'ancien Dimitri aurait sûrement été gêné de se retrouver dans une position aussi déconvenue. Mais pas celui-là. Le bleu de son regard était froid. La chaleur qui l'animait autrefois n'était plus.

« Je vous donne deux secondes pour partir, à moins que vous préférez finir comme ces rats infâmes professeur ? »

Le temps accordé s'était écoulé.
Le démon borgne l'avait menacé et pourtant, ses grandes mains tremblaient, tandis que ses doigts s'enfonçaient dans sa chair.
Pourquoi n'arrivait-il pas à s'exécuter ?

@Byleth Eisner

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Jeu 15 Avr - 1:49

Byleth fut percutée de plein fouet par deux certitudes qu’elle n’aurait pas pu ignorer, même avec toute la meilleure volonté du monde à vouloir jouer d’ignorance.

La première : Dimitri était vivant. De cela elle ne pouvait être que plus persuadée à présent qu’elle sentait sa poigne féroce sur son corps qui, pourtant loin d’être frêle, n’était pas fait pour résister à une pression telle.

La seconde : il semblait mal au point. Non pas physiquement – et cela rassura l’ancienne mercenaire – mais psychiquement. Bon, la Eisner fronça les sourcils et s’extirpa de l’étreinte de son ancien élève. « Dimitri. »

Elle n’aimait pas cela, elle n’aimait pas voir ce que la guerre avait fait comme ravage sur les corps et les cœurs. Et visiblement, le Blaiddyd en tête de liste avait essuyé plus d’amertume et de blessures psychique que beaucoup des gens qu’elle avait eu l’occasion de voir durant sa nouvelle traversée de Fodlan. « Dimitri, raisonnez-vous. »

Elle se sentait si impuissante devant cette silhouette – par Sothis, il avait tant grandi ?! – qui avait été pétrie de bonté à son encontre lors de ses premiers pas à l’Académie des Officiers. A voir Dimitri ainsi, elle aurait presque pu croire qu’il était question d’une autre vie, pas de souvenirs qui dataient d’un tout petit peu plus de trois ans maintenant.

Elle fit un pas en arrière et son talon percuta le cadavre d’un soldat impérial. Ils n’auraient pas dû attaquer le prince, c’était évident. Mais de là à tous les réduire à l’état de charpie… Bon, la guerre était laide en ce genre d’actions, justement. Et Byleth ne voulait pas laisser son ancien élève se perdre davantage sur une telle voie. Mais puisque visiblement il l’a prenait pour un fantôme, elle se dit qu’une méthode un peu plus appuyée pourrait fonctionner à le forcer à l’écouter. Après, elle se promettait de ne plus lever son arme contre lui. Mais s’il fallait cela pour le réveiller, eh bien soit.

Cette initiative lui troua le cœur, mais son père lui avait dit un jour qu’entre ce qui doit être fait et ce que l’on veut faire, il y avait toujours une grande différence. Il fallait seulement savoir bien doser pour le bien commun.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Jeu 15 Avr - 23:16

Son objectif était clair : les défunts devaient avoir coûte que coûte leur vengeance et se débarrasser de ces mécréants venus piller ces terres n'en était que la continuité. Il n'aurait toutefois jamais imaginé revoir ses plans à ce point chamboulés par un fantôme de son passé, jusqu'à être dans l'impossibilité de maintenir sa féroce emprise. La voix chaleureuse de Byleth semblait pourtant à la fois si proche et si lointaine lorsqu'elle prononça son prénom. Dimitri.

« Dimitri, raisonnez-vous. »

Elle s'était éloignée, encore et encore. Son bras allait pour se tendre, la rattraper désespérément comme un autre de ces espoirs vains vers lequel se raccrocher mais il se ravisa. Les voix faisaient rage dans sa tête, criant à l'imposture et à la perte de temps. Ses pensées s'en voyaient profondément troublées, perdant une quelconque lucidité qui aurait pu lui donner de la visibilité sur ce qu'il se passait. Quant à la mercenaire, elle était vraisemblablement déterminée à raisonner son ancien élève. Répondant à l'appel de ses semblables, le prince déchu serra les dents et vint s'armer de cette lance qu'il avait dérobée à l'un des soldats. Il se releva ensuite avec une facilité déconcertante, avant de bondir vers celle qu'il appelait autrefois volontiers son professeur tandis qu'il sentait une larme rouler le long de sa joue ensanglantée.

« SILENCE ! »

Comment en étaient-ils arrivés ainsi ? Le prince bienveillant qu'il était ne semblait plus qu'être un souvenir mort et enterré.
Il avait perdu tout ce qu'il chérissait, à quoi bon prétendre que quelqu'un viendrait alléger son fardeau qu'il porte déjà depuis beaucoup trop longtemps.

@Byleth Eisner

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Dim 18 Avr - 23:17

Le prince s'élançait sur celle qu'il avait aidé à offrir une digne vengeance pour un père qu'on avait lâchement assassiné. Sur celle qu'il avait pourtant juré de veiller même s'il devait se salir les mains pour y parvenir. Voilà qu'à présent, Byleth était devenue ce mirage qu'il n'osait plus regarder en face. La culpabilité de sa mort le rongeait déjà bien assez, en plus des vies qu'il avait vu enfant s'éteindre devant ses yeux. Son attaque n'était rien de plus qu'un geste de désespoir qui prenait des allures, vu de l'extérieur, d'une scène surréaliste. Il n'avait plus rien de l'élève attentionné, studieux et passionné d'autrefois mais d'un jeune homme en perdition, ayant eu l'audace de lever son arme contre son ancien professeur. La pointe de cette dernière, encore tachée par le sang des ennemis qu'il venait d'abattre, déchirait le vent glacial des terres de Galatea alors qu'il bondissait sur sa cible dans une maitrise remarquable de sa lance, ne faisant acte d'aucune retenue de cette force herculéenne qu'on l'avait naturellement doté avant même sa naissance.

Citation :

Dimitri se déplace en C3.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Lun 19 Avr - 0:15

Nombre aléatoire (1,10) :

5

>8 L'emblème de Dimitris'active
1-8 L'emblème de Dimitri est inactif pour cette attaque

(L'emblème de Blaiddyd double l'attaque de Dimitri A. Blaiddyd)

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Ven 23 Avr - 13:11

Le coup porté par Dimitri a le mérite de la déstabiliser de son appui. Le jeune homme qu’elle a connu au Monastère avait beaucoup apprit dans le maniement de la lance et cela se ressentait d’autant plus qu’elle n’avait pas l’épée de Sothis à portée de main.

Elle sent les dégâts portés par Dimitri. Byleth voudrait lui crier d’arrêter, que cet échange est insensé, mais non. Il est essentiel. Et si elle doit y perdre la vie, qu’il en soit ainsi. Elle ferait ce qu’il faut pour résister, mais elle ne se voyait pas revenir bredouille de sa quête actuelle. Fodlan avait besoin de Dimitri, Rodrigue aussi. S ielle ne pouvait pas faire cela, inutile d’espérer faire chemin inverse.

Pourtant alors que Dimitri lui laisse une ouverture, Byleth veut y croire. Elle stabilise sa position et frappe. « DIMITRI ! »

Réveillez-vous, je vous en prie.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Ven 23 Avr - 19:22

Nombre aléatoire (1,10) :

9

>8 L'emblème de Byleth s'active
1-8 L'emblème de Byleth est inactif pour cette attaque

(L'emblème des flammes rend 6 PV à Byleth Eisner.)

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Sam 24 Avr - 23:48

Son acharnement n’aura pas suffi à lui apporter la victoire. Quelque part, Byleth ne peut qu’être fière des progrès fait par son ancien élève. Il avait bien appris et c’était sans doute un peu grâce à elle – se disait-elle – qu’il avait réussi à survivre ces dernières années avec une telle rage de vaincre en plus de ses apprentissages auprès de l’ex-mercenaire.

Le nouveau coup porté à son corps lui renvoi une douleur intense dans chacun de ses muscles, de ses fibres. Byleth saigne et elle a l’impression qu’un tambour malmène son crâne. Sa précision chute drastiquement alors même qu’elle sent ses doigts désormais incapables de serrer convenablement la garde de son épée, laquelle s’écrase au sol en une cacophonie sourde contre la terre meuble.

« Ah ! » Ses jambes ne lui permettent plus de garder un bon équilibre, et déjà elle chute sur le flanc, retenant son visage de terminer dans une flaque de boue uniquement grâce au peu de de force qu’il lui reste dans les bras. « Ah… C’est donc comme cela que tout se termine ? »

Elle ne parvient pas à croire les mots qui sortent pourtant de ses propres lèvres. Quelque part, elle sait que Jeralt et Sothis ne lui permettraient pas une telle preuve de faiblesse. Alors, Byleth se relève dans un effort surhumain, quand bien même tout son corps lui donne l’impression de bouillir sous le coup de la douleur.

Une trace de sang barrant son visage, elle essaie de faire face à Dimitri, maintenant désarmée et peinant à tenir debout. Elle avait un peu honte d’avoir perdu si vite. Mais si c’était là son destin… « Dimitri… »

Elle aurait voulu lui dire tant de chose, mais une flèche, envolée depuis l’arête d’un truc d’arbre non loin, achèves de la priver de ses sens. « Je… »

A bout de souffle et piquée de toutes parts d’une cinglante affliction, Byleth chute encore une fois sur le sol. Mais cette fois, elle n’a plus aucun recours pour s’éviter les souillures de terre sur le visage. Elle sombre vers l’inconscience.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Dim 2 Mai - 22:26

Byleth n'avait pas su le raisonner malgré son intime conviction de pouvoir le ramener. Elle avait dû régler cela par la force, et se défendre face au au Blaiddyd qui n'en démordait pas. Régi par une volonté manifeste de vaincre, Dimitri, bien que quelque peu blessé par le contre-coup s'accordant à la longue liste de stigmates déjà présents sur son corps, se ressaisit et joua de sa lance qu'il fit de nouveau abattre sur son ancien professeur. L'onde de choc provoquée par sa force inhumaine eu raison de l'équilibre de la mercenaire qui s'écrasa au sol quelques mètres plus loin. Se tordant de douleur, elle trouva pourtant le courage de se relever. Le sang coulait sur son front, le souffle court, elle rétorqua ces dernières paroles qui sonnaient le glas d'une fin malheureuse entre deux êtres qui avaient noué autrefois une complicité sans pareille.

« Ah… C’est donc comme cela que tout se termine ? »

Cette sensation étrange dans sa poitrine...Était-ce de la culpabilité? De la tristesse ? Il était incapable d'en déterminer la nature mais la détresse de Byleth ne le laissait intérieurement pas indifférent.

« Là est la seule issue. Je crains que la mort ne suffise pas à vous faire disparaître. »

Et quand bien même s'efforçait-il à ne pas vivre avec son douloureux souvenir, que l'expression de son faciès ne reflétait nullement cette dualité interne qui le gagnait, ses propres mots lui brûlaient les lèvres. Elle prononça son nom d'une voix presque suppliante. Dimitri, ayant autrefois tout donné pour l'entendre encore et voir son sourire radieux fleurir sur son visage.

Mais en une fraction de secondes, le temps s'arrêta de nouveau.
Le prince pu à peine amorcer une approche qu'une flèche tirée par un ennemi débusqué vint se planter dans le dos de la jeune femme qui s'effondra lourdement au sol.
Son cœur manqua un battement. Elle ne bougeait plus, comme les corps inertes jonchant un peu plus loin. Dimitri regarda la scène avec effroi. Elle était vivante, et il venait de faire la chose la plus impardonnable qui soit en s'attaquant à elle. Plus qu'un sentiment de dégoût pour sa monstrueuse personne d'avoir commis un tel acte, ce fût l'inquiétude qui faisait trembler tout son être. Les voix se faisaient à cœur joie de le rabaisser, de dire que tout était de sa faute. Qu'il était faible.

Ah ce mot, qu'il le haïssait !

« PROFESSEUR... ! NON ! »

En l'espace d'un instant, le Démon Borgne n'était plus. Il était Dimitri Alexandre Blaiddyd, prince héritier de Faerghus dont l'affection ne s'était pas éteint pour la femme qu'il venait de prendre dans ses bras et qu'il avait juré de protéger sur la tombe de feu Jeralt. Il avait lamentablement échoué. Tous avaient péri. Son père, sa belle-mère. Dedue....Pourquoi aurait-il le droit de vivre après tout le mal qu'il avait fait ?

Malgré tout, il s'assura de repérer un quelconque signe de vie. Rien. Il tourna la tête en direction de l'assaillant : une fureur meurtrière vint instantanément maquiller ses traits. Dimitri posa délicatement la jeune femme, prit à nouveau possession de son arme ensanglantée. A cela, l'archer apeuré tanta de s'échapper. En vain. Le Blaiddyd comptait se servir de sa lance comme d'un javelot qu'il envoya à pleine puissance, venue empaler le soldat contre un arbre.

« AAARGH...! »

Ce cri d'agonie vint déchirer les cieux, comme celui que poussait le prince au fond de son coeur. Il n'allait pas la laisser mourir ici.
Pas cette fois.

Alors s'occupa de casser une partie de la flèche, ôta sa cape et l'enveloppa dedans avant de la porter à bout de bras. Il devait trouver de l'aide, et vite.

Ses pas le menèrent vers un village aux abords de ces lieux tandis qu'il commençait à neiger. Dans les ruelles, rares étaient ceux qui osaient affronter le froid, préférant le confort de leurs maisons. Il toqua désespérément à une porte. Puis une deuxième. Personne n'était prêt à l'accueillir, pour la même raison que les ressources ne leur permettaient pas de recevoir des gens en plus qu'ils n'étaient, ignorant que ces derniers venaient de refuser la requête de l'héritier de la couronne faerghusienne. Finalement, se fut grâce à l'hospitalité d'un vieil homme habitant avec son petit fils que le blond retrouva un semblant d'espoir. Il lui promit de faire tout ce qui était en son pouvoir pour la sauver.

C'etait tout ce que le Blaiddyd voulait entendre.

***

« Avec une telle blessure, c'est un miracle qu'elle soit encore de ce monde Votre Altesse.»

L'homme avait deviné l'identité de son hôte par sa forte ressemblance avec son père, et le blason de la maison Blaiddyd représenté sur sa cape. Il vivait auparavant à la capitale, lui avait-il raconté, et le visage du roi Lambert était encore gravé dans sa mémoire.

« Je suis heureux que vous soyez en vie. Au fond, j'y ai toujours cru. La Déesse a su entendre mes prières, je ne saurais jamais assez la remercier de vous avoir ramené parmi nous. »

Il avait renié la personne qu’il était réellement mais les paroles sages de son hôte résonnaient encore dans son esprit tandis qu'il était assis sur une chaise, la tête baissée devant le lit où se reposait Byleth. La pièce n'était faiblement éclairée que par le crépitement d’une bougie posée sur la table de nuit. Ses pensées troubles vagabondaient dans le silence en attendant son réveil. Dimitri avait l'intention de partir lorsqu'elle réouvrirait les yeux, porté par la honte et les remords vers son funeste destin.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Lun 3 Mai - 14:29

Quelque part, lorsque son corps avait percuté le sol, Byleth avait senti une profonde détresse l’envahir, le temps de quelques secondes. Elle s’en voulait. Elle avait manqué à sa parole, à ses promesses.

Elle avait promis à Edelgard de lui revenir.
Elle avait promis à ses élèves de ne jamais les abandonner.

Et que faisait-elle, là sur le gravier gelé ? Elle perdait, elle s’abandonnait à la mort. Ce défaut de puissance ne fit que creuser son nid, un repère parfait pour des insécurités à venir, si elle survivait – ce dont elle doutait. L’obscurité tomba devant ses yeux et elle reparti pour un engourdissement, un endormissement malvenu, dont elle se serait volontiers passé.

Combien d’heures avaient passées entre le moment où elle avait perdu connaissance et celui où, enfin, ses yeux s’étaient rouvert, mais elle avait déjà essayé de percevoir, d’appréhender l’environnement tout autour d’elle. Ses doigts glissèrent sur ce qui lui sembla être un drap et le poids sur son corps lui indiqua qu’elle était ouverte. Probablement d’une couverture épaisse, chose commune en cette saison – et surtout, en Faerghus.

La première chose qu’elle vit fut un plafond outrageusement commun, dont elle détourna bien vite son attention – elle avait fait de même au Village des Saints après tout. La seconde chose qu’elle vit sur la silhouette ô combien tassée de Dimitri, auprès d’elle. Ne lui avait-il pas donné une impression de grandeur titanesque, il y a à peine quelques heures ? Mais Byleth n’était pas dupe.

Elle avait lire la culpabilité sur les traits du jeune homme.

Immédiatement, elle assembla ses maigres forces pour venir attraper un morceau de la cape de Dimitri. « Ne partez pas. » Sa voix, fable, était pourtant bien présente, et se voulait aussi ferme que possible. « Dimitri… Je comprends. Vous n’y êtes pour rien. » Elle devait, pour lui aussi, plonger dans sa psyché pour mieux essayer de le ramener. Ou, à défaut, de le tirer vers le haut.

« Je suis venue pour vous. » Et elle ne repartirait pas sans lui, même si pour cela elle devait s’enchainer à sa personne.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Ven 14 Mai - 11:41

Le calme de la pièce tranchait avec la cacophonie de son esprit meurtri, où les murmures le qualifiaient d'incapable. De faible. Dimitri acceptait son jugement, puisse-t-il être le prix à payer de ses erreurs. Relever la tête vers son professeur allitée lui rappelait ô combien il avait échoué et avait été guidé par la crainte de devoir affronter la troublante vérité de son retour. Son manque de lucidité avait faillit être fatale, autant pour l'un que pour l'autre. Ainsi le prince déchu aurait vu sa seule lumière s'éteindre à jamais. Cette pensée suffisait à le tenir éveillé, en plus des voix accusatrices qui l'accompagnaient à présent depuis une décennie. Pourtant la fatigue était bien présente, attestée par ses larges cernes apparentes et ses micro-bâillements à répétitions. Plus qu'une usure mentale, c'était aussi une usure physique qu'il subissait au quotidien. Dans la force de l'âge du haut de sa petite vingtaine d'années, le Blaiddyd avait mis son corps à rude épreuve et en payait les fruits de son imprudence. Ses nombreuses cicatrices étaient le témoin d'une lutte acharnée, celle d'un homme de guerre qui avait oublié le simple fait de vivre. Il avait aussi ces blessures fraiches sous son armure, recouvertes par des bandages saignement noués autour par ce vieil homme qui n'avait pas hésité à leur offrir l'hospitalité.

Mais il ne pouvait pas se permettre de rester. Alors lorsqu'elle commençait à montrer signe d'éveil et à se mouvoir, le blond fit le choix de se dérober, se levant de sa chaise pour aller en direction de la porte. Seulement une force le retint par sa cape, aussi fébrile que la voix qui résonnait dans son dos.

« Ne partez pas. »

Dimitri s'arrêta, hésitant, bien qu'il ne se retourna pas dans l'immédiat. Une part dominante du faerghusien ne voulait pas quitter les lieux, ne pas l'abandonner. Tandis que l'autre le tirait vers sa quête de justice qui le ménerait vers sa fin.

« Dimitri… Je comprends. Vous n’y êtes pour rien. »

Il n'y était pas pour rien, n'avait rien d'innocent. Loin de là. L'ignorance de la mercenaire la poussait à le croire dur comme fer qu'il y avait quelque chose à sauver chez son élève. Ce n'était pas une chose qui le rendait fier, et mentir n'avait aucun intérêt car de toute évidence, la vérité ne saurait éclaté un jour.

« Non. Vous ne pouvez pas comprendre. Toutes les vies que j'ai pu prendre, de ces mécréants qui sèment la désolation sur nos terres...Les morts ne cessent d'en réclamer d'autres. Ils ne pourront jamais trouver la paix. »

Le prince avait levé la tête vers le plafond, à la fois pensif et résigné.

« ...Et moi non plus. »

Conclua-t-il, dans un dernier souffle. Son combat n'était pas sien, il en était conscient. C'était une bataille qu'il menait seul, ou en tout cas le pensait-il avec ardeur.

« Je suis venue pour vous. »

Ce fut à ce moment précis que le Blaiddyd se présenta face à la mercenaire, répliquant séchement malgré cette solicitude et attention admirable que la jeune femme lui portait, pourtant dans un état de faiblesse en étant allongée dans ce lit les yeux à peines ouverts.

« Vraiment ? Alors pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? J'ai erré pendant trois longues années à mes dépends. Où étiez vous pendant tout ce temps ? »

Là était la réponse à sa question qu'il désirait le plus connaitre, mais aussi ignorer parce qu'au fond, il l'appréhendait.

« Répondez-moi ! »

Sa gorge était nouée. Ses paroles façonnées par la colère et sa peine qu'il portait en lui, l'avait transformé en cet homme brisé qu'il était aujourd'hui.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Sam 15 Mai - 14:04

Ses doigts, par manque de force, lâchèrent le tissu de cette cape si lourde mais aux mouvement si fluides dès lors qu’elle était sur les épaule de l’héritier légitime de Faerghus. La colère de Dimitri était compréhensible, acceptable.

Byleth l’accepterait comme elle avait accepté le doute de Félix, l’amour d’Edelgard et les doutes de Lily-Anne. Car c’était son devoir, son obligation. Elle les avait abandonnés trop longtemps pour ne pas être transparente absolument. Et qu’importe ses excuses, ses tentatives, ses « ce n’était pas de ma faute », car elle rejetait tout cela.

Byleth devait aller de l’avant et cela voulait aussi dire résister et encaisser les souffrances de ceux qu’elle chérissait à tous les niveaux. Alors, même si c’était difficile et que rien n’était pas pour lui faciliter la tâche, elle prendrait sur elle et ferait en sorte de se faire roc et de résister à ces assauts de vagues furieuses, d’amertumes trop contenues.

C’était son devoir.

Elle se releva, désormais assise dans son lit de fortune. Puis, prenant une respiration sifflante – la plaie de la flèche ne s’était pas encore totalement refermée, probablement -, elle confronta le regard de Dimitri. L’œil bleu unique qui demeurait là où auparavant un sourire radieux illuminait tout sur son passage. Byleth sentit une douleur poindre dans sa poitrine à cette constatation mais elle fit de son mieux pour l’ignorer. Ce n’était pas le moment.

« J’ai dormi, Dimitri. » Un souffle, un regard fuyant mais qui revient pour appuyer son propos. « Cela pourra vous paraitre fou mais je vous assure que je ne vous mens pas. Ce mystère l’est tout autant pour moi. Après que les remous de la rivière m’aient entrainé au loin, je ne me souviens plus de rien. Je me suis réveillée au Village des Saints il y a une lune de cela à peine. »

Et depuis elle n’avait fait que le chercher.
Ou presque.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Lun 24 Mai - 23:00

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas réellement adressé la parole à quelqu'un. Son seul confident s'était sacrifié pour lui laisser la vie sauve. Dedue... Jamais le prince ne pourrait fermer les yeux sans se sentir coupable d'avoir perdu un ami aussi cher. Maintenant qu'il se retrouvait en présence du professeur qu'il savait désormais belle et bien vivante, ses insécurités avaient pris le pas sur une quelconque joie qu'il aurait pu éprouver. D'autant plus qu'il se condamnait d'avoir levé sa lame sur elle. Un acte odieux que Dimitri n'aurait jamais commis de lui-même, tant elle demeurait importante dans son existence misérable.

Byleth avait toujours porté une attention toutes particulières à ses élèves. Il avait appris à la connaitre patiente et à l'écoute. Une femme forte, sensible derrière son expression impassible qui l'avait troublé dans leurs débuts. Mais surtout, elle n'abandonnait jamais. Après la mort du Capitaine Jeralt, frappée par un deuil qu'elle n'arrivait pas à surmonter, le soutien indéfectible de ses élèves l'avait aidée à trouver la force de se relever et d'avancer. Dimitri faisait parti de ces âmes bienveillantes, profondément préoccupé par l'état de la jeune femme. Voilà que les rôles s'inversaient  trois ans plus tard, désormais à la place de celui à qui l'on tendait la main, ou plutôt dans la situation actuelle, d'être retenu par sa cape pour l'empêcher de partir et donner les explications qu'il attendait si désespérément.

« J’ai dormi, Dimitri. »

On pouvait lire l'étonnement chez le Blaiddyd, dont l'expression s'était instantanément figée.

« Vous avez dormi...? »

Ce n'était pas du tout la réponse qu'il espérait recevoir, au point d'avoir reposé la question pour être certain de ne pas s'être mépris sur ce qu'il venait d'entendre. Suite à la réaction confuse du blond, la Eisner chercha à expliciter son propos.

« Cela pourra vous paraitre fou mais je vous assure que je ne vous mens pas. Ce mystère l’est tout autant pour moi. Après que les remous de la rivière m’aient entrainé au loin, je ne me souviens plus de rien. Je me suis réveillée au Village des Saints il y a une lune de cela à peine. »

Son histoire, à l'entendre, paraissait effectivement irréaliste. Pourtant par le passé, Dimitri avait été témoin d'un évènement qui avait convaincu le prince que Byleth était encore plus spéciale qu'il ne l'aurait cru et sa survivance prouvait encore aujourd'hui ce fait indéniable. Une chute pareille, seul un miracle aurait pu la sauver. Par instinct, il serait prompt à prendre son récit pour vérité et à lui faire confiance. Son regard accrocha le sien, privé d'une vue pleine et entière de celle que son double du passé avait admiré en secret. Le silence régna en maitre l'espace de quelques instants, comme s'il cherchait à sonder son esprit, ou peut-être ses propres mots.

« Qu'espérez vous en venant me chercher ? Trouver la tête couronnée de Faerghus pour le remettre sur le trône ? Non professeur. Cet homme n'est plus. Ses rêves, ses espoirs. Je n'ai plus rien à présent. Dedue est mort, et la seule chose que je sois capable d'accomplir se trouve en dehors de ces murs. Loin d'ici. »

La disparition de son ami l'avait terriblement affecté. Les deux jeunes hommes étaient inséparables, partageant une solide amitié qui dérangeait à bien des égards. Ils se vouaient une confiance aveugle. Dimitri avait perdu en Dedue un ami, un camarade. Un frère. Sa main tremblait, alors qu'il la dirigeait vers la poignée avec l'intention de quitter la pièce. La simple pensée de sa perte réouvrait cette blessure plus profonde encore que celle gravée dans son dos et de sa gorge nouée, ordonna un « dormez » maladroit, considérant que sa place n'était plus ici désormais.

Sujet: Re: Le hasard ne fait que la moitié du chemin (Byleth)   Mar 25 Mai - 22:08

Byleth ne savait plus quoi faire, ni quoi dire. Oh bien entendu, elle n’avait jamais cru à l’hypothèse que Dimitri ait été tué. Non, pas lui. Pas si facilement. Elle avait eu foi en sa survie dès les premières secondes où le nom et le visage de son ancien étudiant avaient glissés dans son esprit embrouillé par les années de sommeil. Et le voilà, si proche et pourtant tellement distant.

Tellement loin d’elle.

Elle respire et dégage la couverture qui bloquait les mouvements de ses jambes jusque-là. Elle commence à s’agacer, Byleth. Car si elle comprend les mots du prince, elle peut en entrevoir les maux qui en découle. Fort bien. Mais elle n’a présentement pas le temps pour faire dans le sentimental. Pas maintenant, pas en temps de crise et quand tout est à deux doigts d’imploser à la moindre respiration de travers des uns ou des autres.

« Dimitri. Alexandre. Blaiddyd. » Le changement dans sa voix est appuyé. Elle ne le laissera pas fuir. Si elle n’est pas froide, elle est pleine d’une pression toute professorale. Peut-être que Byleth espère encore qu’en endossant une fois encore la casquette de professeure, elle saura faire entendre raison à Dimitri. Peut-être. Elle doit essayer, de toute manière.

« Je ne vous ai pas demandé votre avis. » D’un geste ô combien lent, Byleth parvient à se remettre debout, non sans pénibilité. « Si je vous ai cherché, c’est parce que Foldan a besoin de vous. Parce que j’ai besoin de vous. » Elle plante son regard tout contre le sien, contre cette pupille solitaire où résonne l’essence même de la douleur. Elle le sait, le voit, le sent. C’est précisément pour cela qu’elle doit le raisonner.

« Nous ne parviendrons à rien sans votre présence et au fond de vous, je sais que vous le savez tout autant que moi. Dedue est mort, dites-vous ? Avez-vous vu son cadavre, au moins, avant de proférer pareilles idioties ? Si j’avais dû croire une vague idée ou des rumeurs, je n’aurais pas pris la peine de traverser la moitié de Foldan à cheval durant cette lune pour vous trouver, Dimitri. » Elle prend une inspiration, crispe ses doigts dans sa paume. Elle se découvre des ressentit bien étranges depuis son réveil, Byleth. Quelque part elle se demande si elle n’aurait pas préféré ne pas les expérimenté. « Vous m’avez dit un jour que votre force m’était toute acquise pour venger mon père. Prouvez-le. » Nouveau regard. « Car les responsables de sa mort semblent être encore dans la nature. J’ai échoué à les arrêter une première fois. »

Le lien avait été plutôt aisé à faire. Et Byleth, si elle ne mettait pas ses sentiments sur la table en totalité n’oubliait pas que les situations évoquées étaient corrélées. Et cela rendait sa volonté de vaincre encore plus forte.