Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Lun 29 Mar - 13:48

Elle était en vie.

Elle.

Elle était en vie.

Comment aurait-elle pu se concentrer durant la discussion après avoir appris une telle nouvelle ? Comment ? Elle se le demande bien. Pendant cette longue conversation – qui lui parut une éternité – elle n’arrivait pas à se remettre de ses émotions. Une boule informe et incroyable dans son coeur s’était formée, peut-être douloureuse et rendant son organe vital bien plus lourd qu’elle n’aurait pensé. Déglutissant, elle avait tout de même tout fait pour ignorer cette chaleur et ces larmes manquant d’éclater à tout moment, pour diriger la conversation et ainsi permettre à la trêve d’être conclue.

Et immédiatement, elle est repartie.

Immédiatement, elle s’est à nouveau éloignée de l’Impératrice. Et son coeur a encore souffert de ce geste. Qu’avait-elle en tête ? Oh, la Professeure a toujours été quelqu’un de particulier. Oh, elle n’a que rarement compris ce qui se passait dans la boîte crânienne de celle qui a émerveillé sa vie. Mais pourtant, pourtant. Aujourd’hui, elle ne veut pas la laisser partir. Pas encore.

Alors après avoir conclu la trêve, après qu’elle soit partie. Elle s’est élancée derrière elle, sans réellement réfléchir. Courant dans cette lourde armure, elle s’essouffle bien rapidement. Mais dans les jardins du palais de Derdriu, elle était encore là.

S’arrêtant en trombe, retenant cette boule dans son coeur, sentant son corps se tendre de plus en plus et ses poings se serrant, elle prend une grande inspiration.

« Professeure ! »

Un appel, une détresse.

« Vous êtes encore en vie. »

Et voilà une nouvelle qui allait chambouler sa vie entière. Qui allait la perturber à jamais. Et là, plus que jamais… Elle retient ses larmes de couler. Pour la première fois depuis si longtemps.

« Vous êtes en vie… » Un tel soulagement. Bien plus qu’elle n’aurait pu le penser, la voir en vie, est si rassurant.

Parce qu’elle n’allait plus être seule. Ou alors… Allait-elle la laisser, encore ?

Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Mar 30 Mar - 0:44

Elle se tient devant elle, debout, à côté d’un cheval. Les bras et le corps entier de l’Impératrice, un mur auparavant si fort, tremblent et menacent de s’écrouler, pour la première fois depuis des années. Ou plutôt, pour la première fois, elle a envie de céder à la pression qui s’amoncelle sur ses frêles épaules depuis trois longues années, désormais. Elle a commencé la guerre, oui. Elle a attaqué en premier, oui. Mais elle en souffre, tout autant que les autres. Attaquer ses anciens amis, éliminer ceux qu’elle a aimés, elle n’aime pas ça, non. Elle n’aime pas ça. Mais elle n’a plus le choix, maintenant. Elle continue, encore. Elle avance. Elle regarde devant. Pas derrière.

Mais là, tout de suite. Revoir Byleth. Revoir sa Professeure qu’elle a tant aimé. Ça fait battre son coeur plus fort qu’elle n’aurait pensé. Combien de fois a-t-elle rêvé qu’elle ne vienne, et qu’elle la prenne dans ses bras ? Qu’elle ne la rassure ? Qu’elle ne lui dise qu’elle a grandi ? Qu’elle est devenue une grande femme ? Elle a besoin de reconnaissance. Qu’on lui dise qu’on est fiers d’elle.

Et c’est le premier coup de couteau dans la poitrine. Elle a grandi. Oui. Elle n’est plus l’adolescente qu’elle a rencontrée il y a des années. Maintenant, elle est une meurtrière. Encore plus qu’avant. Maintenant, elle est devenue le monstre que tout le monde méprise. Tous les regards envers elle sont mauvais, elle le reconnaît.

Et la flèche finale.

Qui vient achever notre pauvre Impératrice.

Une question que jamais personne, si ce n’est Hubert, ou Nina, ne lui ont posé. Une question à laquelle elle n’a jamais répondu la vérité. Semblant tomber, elle craque. Ses jambes agissent toutes seules et elle se jette littéralement sur Byleth, vient se blottir dans ses bras, en secouant vivement la tête.

« Non ! Non, ça ne va pas ! Ça ne va plus ! Rien ne va plus ! »

Elle est devenue une monstre. Elle a besoin d’aide, elle a besoin qu’on l’aide.

« Je… Je méprise ce que je suis devenue… »

Ses larmes coulent, elle agrippe la Professeure.

« J’ai besoin de vous… Professeur… »

Elle ne pourra pas continuer sans elle.

Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Jeu 15 Avr - 1:45

Ravie de voir que son idée a été bien appréhendée par la désormais jeune mais vigoureuse Impératrice d’Adrestia, Byleth se permet de lui prendre la main pour marcher avec elle vers le port, là où un silence règne du fait de la pesanteur due à l’arrivée des représentants des plus grandes puissances actuelles. Personne n’ose les regarder, que ce soit dans les yeux ou tout court, d’ailleurs. Mais Byleth s’en contre-fiche. Elle a décidé de se centrer uniquement sur Edelgard pour les heures à venir et elle s’y tiendra.

Le soleil sur sa peau est comme du miel après une toux coriace. Appréciable et doux. Prenant une grande inspiration tandis qu’elle observe la mer, l’ex mercenaire délie ses lèvres. « Fort bien, je vous appellerais donc El, si telle est votre volonté. » Et puis, quelque part, Byleth se sentait privilégiée d’avoir reçue une telle demande de la part de son ancienne élève. Le moins qu’elle était en mesure de faire était d’accéder à sa requête. « Je comprends que mon prénom vous soit compliqué à prononcer… » C’était aussi pour cela qu’elle aurait voulu ne pas se faire appeler Professeure par tout le monde, mais puisque les choses avaient été ainsi, il lui fallait maintenant trouver une alternative viable.

« Voyons voir… » La Eisner réfléchie à la quantité de surnoms qu’elle avait eu au cours de sa vie. Celui qui était le plus ressorti, du temps où elle baroudait aux côtés de son père à travers tout Fodlan, était « Le Démon Cendré », chose qu’elle n’avait jamais vraiment compris totalement et qui, elle devait bien l’admettre la mettait mal à l’aise. Toutefois, si elle pouvait tordre ce sobriquet pour mettre Edelgard à l’aise, elle le ferait. « Et pourquoi pas… Cendre ? » Une tentative comme une autre… Elle décida finalement que la priorité n’était pas là. Elles auraient largement l’occasion d’en reparler. « Bon, laissez tomber, El. Revenons pour le moment à ce que vous avez à me dire. »

Elle fait se rencontrer leurs yeux, nuances de claires et poursuit avec un sourire sur ses lèvres. « J’aimerais entendre votre version des faits. » Car elle ne porte pas de jugement, jamais. Elle aimait trop Edelgard pour en arriver là.

Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Ven 23 Avr - 11:59

Oh cette femme ne lui avait que trop manqué. S’échappant d’elle il n’y avait aucun jugement, aucune envie meurtrière ou aucune haine. Et c’était quelque chose qui manquait à Edelgard, plus que tout. Ces trois ans passés comme le monstre de Fodlan, comme celle qui allait apporter la fin du monde, comme la méchante de l’histoire avaient terminé de briser le peu d’estime qu’il restait encore pour elle. Mais jamais l’Impératrice ne s’était permise de pleurer. Pas une seule fois, en trois longues années. Elle était restée la cheffe forte et inatteignable, gardant une volonté d’acier, pour toujours galvaniser les troupes. Mais ce qui se passait sur le champ de bataille était bien différent de ce qui se passait dans les quartiers de la blonde. Edelgard souffrait. Et encore aujourd’hui. Elle souffre de toute cette situation.

Soupirant doucement, elle sent un large frisson parcourir sa colonne vertébrale – ainsi qu’une bouffée de chaleur – quand les doigts de Byleth entrent en contact avec les siens. Pendant quelques secondes, elle se surprend à véritablement sourire, heureuse de cette situation. Par réflexe, ses doigts s’agrippent un peu plus à ceux de son ancienne Professeure, dont l’absence a été si douloureuse, dans un besoin de la sentir, de savoir qu’elle va bien. Et Edelgard finit par hocher lentement la tête, se laissant même aller à un faible rire – premier depuis… depuis combien d’années ? – lorsqu’elle entend sa proposition de surnom.

« Je ferai des efforts pour vous appeler par votre prénom, Byleth. » Rien que de prononcer ce nom fait rater un battement à son coeur si fragile et amoché. Et elle marche, à ses côtés, comme il y a si longtemps. Des réminiscences de l’Académie lui reviennent encore et encore, petit à petit. Tout aurait pu être si différent, mais… Il fallait bien que quelqu’un dresse une lame contre l’Église, non ? Ils ne pouvaient pas continuer comme ça. Alors elle l’a fait. Elle, qui hait tant ces Emblèmes. Et qui pourtant, ironie du sort, en possède deux des plus importants. Mais à quel prix, au juste ? Chassant ces pensées négatives quand ses pupilles violettes se posent dans celles de la Professeure, et que son organe vitale accélère – encore.

Sa version des faits. Voilà ce qu’elle lui demande. Et c’est la première fois que quelqu’un – autre que sa famille, ou même ses plus proches – cherche à s’intéresser à elle. À savoir pourquoi fait-elle tout ça. Et elle passe une main dans ses cheveux, remettant en place une de ses mèches blondes, avant de sourire légèrement en la regardant droit dans les yeux. Et un mot rebondit dans son crâne. Elle est heureuse. Pour une fois, l’Impératrice est vraiment heureuse. Mais malheureusement, ça ne durera pas, n’est-ce pas ? Byleth était sur le point de partir. Où allait-elle ? Edelgard a envie de le savoir. Bien qu’elle souffre de se dire qu’elle ne restera pas encore à ses côtés.

« Je vous ai déjà parlé des expériences que j’ai subies. » Elle soupire. « Que ma famille a subies. » Elle marque une légère pause. « Les Emblèmes. C’est la source de tous les problèmes de ce monde. Vous l’avez vu vous-même. Des hommes sont réduits et tournés en ridicule sous prétexte qu’ils n’ont pas l’exclusivité d’en avoir un. Alors que toutes les personnes compétentes n’en ont pas forcément. La qualité d’un homme ne se résume pas à son sang. » Bien qu’elle contraste avec cette affirmation, elle qui a deux Emblèmes. Mais se trouve-t-elle véritablement bonne personne ? Bien sûr que non.

« Je n’ai pas déclenché cette guerre par envie. Je l’ai déclenchée parce qu’elle était nécessaire. Je suis sûre que vous me comprenez. » Peut-elle réellement ? Ses poings se serrent légèrement quand cette pensée lui traverse l’esprit. « Je ne suis pas le monstre que tout le monde pense. Je… Je veux simplement un monde plus juste. »

Et que l’on arrête de considérer que les roturiers valent moins que les nobles. Quelques secondes de pause, pour lui laisser assimiler tout ça. Et Edelgard finit par reprendre son monologue.

« Mais ceux à qui je me suis alliée. Je le regrette. Ils m’ont déclaré la guerre. Ils voulaient le sang de l’Archevêque. Je ne pouvais pas leur donner. Je… » Ses poings se serrent encore. Elle détourne le regard. Elle l’a fait. Oui. Elle a tué Rhea. « Je me suis arrangée pour qu’ils ne l’aient jamais… »

Aurait-elle dû ? Byleth la détestera-t-elle pour ça ? Elle n’en a aucune idée. « Mais ceux derrière. Ceux qui nous menacent. Ils sont forts. Très forts. Et nous ne pouvons pas les vaincre seuls. » Elle a pu voir leur force.

Et même si elle cherche à le cacher.

Ils la terrifient.

Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Mar 27 Avr - 19:38

Si n’importe qui d’extérieur à la situation pouvait dépeindre Edelagrd comme un monstre sanguinaire, Byleth, elle ne voyait en rien comment ce tableau pouvait être crédible un seul instant.

Oui, bien sûr, tout la culpabilité du monde et toutes les meilleures intentions ne suffiraient à payer le tribut des vies perdues dans cet Enfer, évidemment. Mais tout changement s’accompagnait nécessaire de choix et de conséquences douloureux à faire comme à assumer par la suite.

La Eisner croyait chaque mot, chaque parole prononcée par l’impératrice. Et de voir ce visage de poupée se faire balloter par les larmes, une fois encore, cela réveilla chez l’ex-Professeure quelque chose d’étrange, d’inconnu jusqu’alors de ses sens. Un picotement qui la tailladait depuis le dessous de son derme et jusqu’à sa nuque, qu’elle aurait pu jurer sentir s’échauffer. Si elle n’avait pas de cœur fonctionnel, elle avait toujours ses sentiments pour elle, même si ces derniers avaient tendance à être engloutis par le masque fade de son ancienne inexpressivité.

Jeralt le lui disait souvent, que ses yeux parlaient pour elle. Byleth avait longtemps, très longtemps douté de ces propos, puisqu’elle n’en comprenait même pas le sens elle-même. Mais maintenant qu’elle était le témoin privilégié des sanglots de la jeune aiglonne, tout lui parut enfin faire sens. « El… »

Son ton est doux et prévenant. Elle n’aime pas voir une personne à qui elle tient tant dans de tels états. Elle devait donc faire tout son possible pour mettre fin à la guerre, en commençant par annihiler ces maudits serpents. Un avenir radieux ne pourrait être envisager que sans eux.

Probablement que les prochaines années seraient difficiles et pleines d’embûches, mais Byleth n’en avait cure. Elle préférait cent fois rencontrer un obstacle démoralisant que de rester prostrée, à dormir comme elle l’avait fait ces dernières années.

Doucement, elle releva le visage d’Edelgard vers le sien et, d’une douceur dont elle ne se serait jamais cru capable, laissa ses lèvres épouser celle de l’Adrestienne. Aucune explication, aucune demande… Byleth avait simplement laissé son instinct fleurir de plus belle, pour ne rien retenir.

L’échange ne dura que quelques secondes et pourtant, elle le voulait sincère, appuyé dans le temps. « Je dois partir à la recherche de Dimitri. Je pense qu’il est vivant et qu’il peut nous aider, malgré les choses qui vous opposent. » Ses mains glissent des mâchoires de l’Impératrice jusqu’aux épaules armurées d’or. « Mais je vous promets que je vous écrirais. Et que je vous rejoindrais dès que possible. » Elle devait agir pour le bien commun et cela signifiait non pas mettre ses sentiments de côté – désormais, elle s’y refuserait – mais faire œuvre de priorités. Les retrouvailles n’en seraient que meilleures, n’est-ce pas ?

Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Mer 28 Avr - 11:34

C’était un moment suspendu dans le temps qui venait de prendre place, prendre racines entre elles deux. Byleth ne pouvait qu’admirer – quelque part fière d’elle sous ses traits marqués d’impassibilité – l’effet qu’elle avait produit sur la jeune Impératrice, si bel oiseau qui n’avait encore qu’à peine déployé ses ailes. L’ex-professeure se promettait de l’aider à y parvenir plus grandement encore, tout en limitant les pertes humaines le plus possible.

La chaleur qui irradie ses entrailles est agréables. Il est vrai que depuis son réveil, elle avait eu du mal à se débarrasser ou même ignorer cette détestable sensation de froideur au creux de son propre corps. Jusque-là, Byleth avait mis cela sur le dos de l’eau, dans laquelle on l’avait, apparemment, retrouvé presque totalement immergée. Mais elle comprenait maintenant qu’il y avait sans doute plus que cela.

Combien de fois son père lui avait dit qu’il se sentait prit d’un feu étrange dès lors que la pensée de revoir sa mère s’implantait dans le courant de ses pensées ? Peut-être-être était-ce cela, l’amour ? Byleth n’en savait que trop rien, mais elle voulait essayer, se donner une chance, à elle. A elles. Nul ne savait ce qui allait advenir par la suite, mais la Eisner savait pertinemment qu’elle s’en serait voulu si elle avait mis au ban ce qu’elle ressentait l’instant présent. Elle avait promis à son père de vivre pleinement. Et c’était justement ce qu’elle faisait. A sa manière, comme toujours.

Un baiser sur le front d’Edelgard pour un sceau de protection. « Je vous promets de revenir. Et je tâcherai de vous donner des nouvelles aussi souvent que possible. » C’était important. « Devrais-je écrire à Enbarr ? Ou ailleurs ? » Il fallait prendre soin que les nouvelles arrivent sans encombre et le plus rapidement qu’il était possible que ce soit le cas.

Une pensée sombre, pourtant, vint ternir la joie solaire de Byleth. Elle planta son regard dans celui de l’Adrestienne. « El… Je dois vous demander, mais… Cela ne vous pose pas problème, ce que je suis ? » Un concentré emblématique, un vivier de tout ce qu’Edelgard aurait pu être en droit de haïr. Ou presque.

Après tout, n’avait-elle pas essayé de sauver Rhea, plus que tout autre chose, lors de l’attaque ?
Edelgard aurait très bien pu garder grief contre elle que Byleth n’en aurait pas été étonnée. Ni offensée. Elle assumait ses choix.

Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Mer 28 Avr - 19:14

Elle aurait menti si elle avait dit que les paroles d’Edelgard ne l’avaient pas rassurée.

Quelque part, le fait qu’elle ait été porteuse de l’emblème du feu, - de la Déesse, donc – lui avait fait craindre un rejet de la part de l’adrestienne, puisque cela pouvait être perçu comme une ode même à tout ce que l’impératrice semblait vouloir éradiquer. Cependant, il n’en était rien et cela rassura la Eisner une fois de plus.

Elle fut également confortée dans son idée première qu’Edelgard n’était pas foncièrement contre les Emblèmes mais plutôt contre l’utilisation à outrance de ces derniers. Il n’y avait pas lieu de s’alarmer, Sothis ne s’était pas fait une ennemie.

De soulagement, la Démon Cendré se rapprocha d’Edelgard pour l’embrasser, encore, s’embraser aux contacts de ces lèvres tendres, pâles.

C’avait été ses premiers baisers, à bien y penser.

Et pourtant, Byleth n’avait aucun regret car Edelgard était bien la première à lui faire ressentir ce genre de choses sous sa peau, jusque dans son sang. Mais elle mit de côté ces tremblements festifs, presque imperceptibles. Il fallait qu’elle parte honorer sa mission de retrouver Dimitri. Elle hocha la tête avec gravité aux propos de l’Impératrice. « Je… Comprends. » Mais tout, plutôt que d’imaginer un instant que la Blaiddyd ait pu se laisser faucher si aisément.

Byleth aspirait à une paix ancrée. Elle ne voulait pas revivre l’épisode de la Tombe Sacrée. Il fallait apaiser les tensions et elle était persuadée que, même si Claude avait fait un superbe travail jusque-là avec Rodrigue à ses côtés, Dimitri était essentiel. « Je vous tiendrais au courant dans tous les cas de figure. » Leurs regards se croisent, s’épousent. « Quoi qu’il en soit, je vous reviendrais, c’est promis… El. »

Elle ne savait pas trop ce qui la guidait, présentement, mais peut-être était-ce précisément ce sentiment qu’elle ne connaissait que trop peu. Elle décida de relâcher sa méfiance à l’égard de ses propos ressentis, pour une fois. « Parce que vous aime. »

Sujet: Re: Sleeping sun • E D E L G A R D   Ven 30 Avr - 22:39

Elle sent le trouble qu’elle provoque chez l’Impératrice et s’en désole quelque peu. Pourtant, c’est bien un sourire fin et encourageant qui revient hanter ses lèvres trop inexpérimentées jusqu’à présent. « El, ne vous excusez pas, vraiment. » Une main sur sa joue, qu’elle prend soin de déganter avant tout contact. « Je sais qu’il est… complexe, de mettre en mots ce que vous ressentez... Ce que nous ressentons. J’agis impulsivement et mon dernier souhait est de vous causer du tort. Vous me direz ce que vous songez à me dire lorsque moment sera venu. »

Elle s’éloigne ensuite d’un pas, opinant de la tête pour mieux affermir ses propos. « Lorsque vous serez prête à le faire. » Rien ne justifie de pousser Edelgard dans ses retranchements et Byleth sait parfaitement que des mots arrachés par la force, qu’ils soient avérés ou non, ne sont jamais aussi satisfaisants que lorsqu’une tierce personne vous ouvre son cœur pour en dévoiler ces mots. Byleth l’avait appris et continuait de l’apprendre maintenant.

Elle commençait à bien appréhender ce que son père lui avait dit il y a quelques années maintenant. « Tu as changé depuis que nous sommes revenus à Garreg Mach. ». Maintenant, oui, Byleth comprenait. Etait-ce parce que ce bâtiment l’avait vu naître ? Ou était-ce tout simplement parce que ce melting-pot de jeunes gens ambitieux avaient résonné en elle comme jamais personne n’avait réussi à le faire auparavant ? Elle l’ignorait.

Mais alors que le soleil commençait à s’incliner vers l’horizon, Byleth su qu’elle avait déjà beaucoup dévoré du temps qu’elle s’était promis de s’accorder ici, une jour les explications obtenues. Elle devait partir. Une pression contre son sein, de la peine ? Elle tâcha de mettre tout ceci de côté, cependant. Venant prendre les mains d’Edelgard dans les siennes, elle n’ajoute rien de plus.
Entre elles les mots sont bien inutiles, finalement.

Rompant enfin le contact, Byleth porte ses doigts à ses lèvres pour siffler dans la brise du soir. Il ne faut que quelques instants pour que des sabots tonnent sur les pavés et que le cheval n’arrive à ses côtés. Le paysan n’avait pas menti en vantant le côté dressé et docile de ses chevaux. Si elle venait à recroiser sa route, elle le remercierait.

Mais présentement, elle se hissa sur le dos de l’animal et, avant de partir sans hésiter une fois de plus offrit un dernier regard à celle qu’elle aimait alors, convaincue de ses sentiments de l’instant. « Je vous reviendrais. Je vous le promets. »
Rien sur cette terre ne l’en empêcherait.

Déjà, les bruits de galop sortent Derdiu de sa somnolence, le temps de son passage. La voilà partie.
Dimitri, elle vient pour vous.